Deux ans après son lancement, le moteur de recherche Qwant tente de se renouveler et chamboule son interface afin de proposer un style plus simple et épuré. Disponible pour tout le monde, mais encore en version bêta, nous avons décidé de voir ce qu'il en était dans la pratique.
Dans le petit monde des moteurs de recherche, il y a bien souvent Google d'un côté, et tous les autres à part (Baidu, Bing, Yahoo, Yandex, etc.). En février 2013, une nouvelle initiative française voyait le jour : Qwant. Ce moteur de recherche met en avant le respect de la vie privée, en fait même son cheval de bataille, et promet l'anonymat à chacun de ses utilisateurs, rejoignant ainsi DuckDuckGo sur ce segment. En février de l'année dernière, il n'avait d'ailleurs pas hésité à tacler directement Google qui venait alors d'être condamné par la CNIL.
Qwant en chiffres : 1,6 milliard de requêtes sur 2014... mais toujours très loin de Google
Mais tout cela n'a pas suffi à faire décoller Qwant face à ses concurrents. En effet, lors d'une conférence de presse organisée ce matin, Qwant indiquait à certains de nos confrères qu'il avait traité 1,6 milliard de requêtes sur toute l'année 2014, contre 507 millions en 2013, soit trois fois plus en l'espace d'un an seulement. Le moteur de recherche est par contre toujours très loin de Google qui, en mai 2013, revendiquait déjà plus de 3 milliards de requêtes... par jour.
Quoi qu'il en soit, Qwant se présente désormais comme un moteur de recherche européen (le groupe allemand Axel Springer en détient 20 % depuis juin 2014) et vient de lancer une nouvelle mouture de son site. Elle est en bêta pour le moment, mais imposée à tous les utilisateurs qui n'ont donc d'autres choix que de l'utiliser.
Trois principales nouveautés sont mises en avant par l'équipe en charge de ce projet : « un design moderne et épuré », « une ergonomie pensée pour l’expérience utilisateur » et « de nouvelles fonctionnalités de recherche approfondie ». Nous avons décidé de voir ce qu'il en était dans la pratique.
Un design plus simple, un bandeau latéral et la catégorie shopping se fait plus discrète
Dès la page d'accueil, le premier changement est la présence d'un bandeau latéral gauche qui, par la suite, ne nous quittera pas durant toute la navigation sur le moteur de recherche. On y retrouve des liens vers les différentes catégories : Web, Actualités, Social, Images, Vidéos, Shopping et Boards (cette dernière nécessite de créer un compte ou de s'identifier afin d'en profiter). Rien de nouveau ici puisque ces catégories sont en fait déjà disponibles depuis le lancement de Qwant.
Le reste de la page est épuré et dans la lignée de ce que l'on peut trouver sur Google par exemple. On note tout de même la présence de tendances sous le champ de recherche, permettant ainsi de regarder rapidement quelques faits marquants du moment, toutes catégories confondues. Un clic vers l'une d'entre elles nous renvoie simplement vers la recherche associée.
Concernant la recherche, qui est justement la fonctionnalité principale de Qwant, la page des résultats a été entièrement revue et corrigée, même si l'esprit de base reste le même. On retrouve en effet toujours une présentation en plusieurs colonnes, mais avec une séparation moins marquée et plus agréable à l'utilisation :
Ancienne version / Nouvelle version (bêta)
Lors de nos essais, les colonnes n'étaient généralement qu'au nombre de quatre, contre cinq auparavant. Shopping n'est en effet plus systématiquement intégré sur la droite et elle se retrouve bien souvent reléguée en troisième position du bandeau supérieur. Si ce dernier propose une sélection d'images par défaut, on peut passer d'un clic aux vidéos ou aux articles en vente chez les revendeurs, toujours dans la veine de la recherche demandée. Pour sa catégorie shopping, Qwant exploite la base de données du comparateur Dealtime, propriété d'eBay, ce qui lui permet d'assurer un revenu. Selon nos confrères du Monde, c'est même sa seule source de revenus et son chiffre d'affaires sur l'année 2014 est de 1,5 million d'euros.
Comme c'était déjà le cas auparavant, on peut évidemment se focaliser sur une catégorie en particulier, comme le web par exemple. Pour cela il suffit de venir cliquer sur l'icône correspondant dans la colonne de gauche. Le changement est relativement rapide (une partie de la page seulement se recharge durant cette opération), ce qui est plutôt appréciable. Lorsque l'on descend dans la liste des résultats, les suivants se chargent automatiquement, dans la limite de 50. Au-delà, un message indique que « les résultats suivants sont probablement peu pertinents, veuillez reformuler votre requête ».
Comme sur Google, on retrouve parfois des informations supplémentaires sur la droite de la page : le Qnowledge Graph (inspiré du Knowledge Graph de Google et exploitant des informations de Wikipedia), des actualités, des vidéos et des informations circulant sur les réseaux sociaux, le tout classé par catégorie avec des codes couleur. D'un coup d'œil cela permet d'obtenir des détails supplémentaires, dont la pertinence et la fraicheur varient beaucoup d'une requête à un autre :
Qwant Actualités permet de trier les sources et d'organiser les résultats
Autre catégorie importante : Actualités. Comme Google News, elle permet de se tenir au courant des dernières nouvelles concernant un sujet précis. Si la société de Mountain View propose par défaut une sélection de sujets « À la une », ce n'est pas le cas de Qwant dont la section reste muette si on ne précise pas une requête.
Par défaut, les résultats sont triés par pertinence, mais il est possible de les organiser par ordre chronologique d'un simple clic, une option plutôt pratique. La liste des sources est disponible sur la droite et il suffit de cliquer sur l'une d'entre elles pour n'afficher que les résultats venant du site en question. Là encore c'est une fonction intéressante, mais on regrettera qu'il n'existe aucune granularité permettant, par exemple, de supprimer certaines sources ou bien de n'en afficher les résultats provenant que d'une sélection prédéfinie. C'est en effet toutes les sources ou une seule à la fois, pas de palier intermédiaire. Dommage. Un peu plus de souplesse aurait été la bienvenue et aurait pu se coupler avec une option dans les paramètres du compte afin de sauvegarder sa sélection par exemple.
Du côté des réseaux sociaux, seul Twitter est pour le moment disponible. Il faudra voir si Facebook et Google+ viendront par exemple grossir les rangs. Dans la catégorie des images, on accède à toutes les images disponibles sur internet (avec un superbe « source : web » par défaut), mais il est possible de ne sélectionner que celles provenant de services comme Picasa, Flickr, 500px et Ipernity. Dommage par contre qu'aucune gestion des licences ne soit proposée, contrairement à Google Images.
De leur côté, les vidéos peuvent être classées par pertinence, par nombre de vues et par ordre chronologique. Là encore on peut restreindre la recherche à certains services : Dailymotion, YouTube et Vimeo. Comme c'était déjà le cas auparavant, Boards permet de gérer ses carnets et ses notes, privés comme publics, pas de changement sur ce point puisque cela existait déjà avant.
Un site responsive web design, mais des paramètres à l'image de l'interface : épurés
Comme lors de son lancement, le site de Qwant est toujours en responsive web design, ce qui signifie qu'il s'adapte automatiquement à la taille de la fenêtre à l'écran. Plus elle est petite, plus des données sont supprimées : le Qnowledge Graph est le premier à disparaitre, avant que le moteur ne repasse que sur une seule colonne, avec un regroupement des liens par catégorie en reprenant des codes couleur, comme pour la recherche web. Si l'on réduit encore la taille de la fenêtre, le menu latéral vient se placer en haut. C'est par exemple le résultat obtenu sur un écran de smartphone.
Terminons enfin avec les réglages de Qwant, qui sont relativement (trop ?) peu nombreux et ne permettent de réaliser que quatre changements : afficher les tendances sur la page d'accueil ainsi que les favicons dans les résultats de recherche, activer les suggestions automatiques et enfin ouvrir les liens dans un nouvel onglet.