Vivendi vient d'annoncer que des négociations exclusives avaient désormais lieu avec Orange afin de racheter 80 % de Dailymotion « pour un montant de 217 millions d’euros » précise l'opérateur. Stéphane Richard ajoute que ce choix a été voté à « une très large majorité ».
Dailymotion restera sûrement français. Le groupe Vivendi a confirmé ce matin qu’il a fait une offre à Orange pour racheter la plateforme vidéo. Une annonce qui suit une déclaration du ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, qui aurait refroidi le groupe chinois PCCW. Dans le même temps, le groupe Axel Springer entre dans la danse.
Vivendi est entré dans la course pour racheter Dailymotion. Ce mardi, le groupe annonce à nos confrères de l'AFP avoir déposé une offre pour acquérir le service de vidéo en ligne, comme le révélait lundi Le Monde. Selon le quotidien, Vivendi compte reprendre la majorité des parts à Orange (qui détient Dailymotion à 100 %) pour une somme qui avoisinerait les 250 millions d'euros.
Via ce rachat, le conglomérat qui comprend Canal+ et Universal Music compterait intégrer Dailymotion à sa stratégie de contenus et en faire « un acteur de taille mondiale », selon une source du Monde. La Tribune rapporte que Canal+ a suggéré de transformer le service en plateforme vidéo payante avec des contenus haut de gamme, ce que Dailymotion aurait refusé, ayant bâti son succès sur les vidéos gratuites. L'offre devrait être discutée aujourd'hui lors d'un conseil d'administration exceptionnel d'Orange.
Un acteur européen pour un développement en Asie
Vivendi n'est pas le seul acteur européen à vouloir racheter Dailymotion. Le principal est Fimalac, qui détient Webedia, le premier groupe média sur Internet avec Allociné, Jeuxvideo.com et une partie des sites Pure (médias, people, etc.). Il serait intéressé par une prise de participation, voire un rachat de la plateforme vidéo, selon l'AFP. Pour La Tribune, Fimalac serait d'ailleurs une des options privilégiées par le gouvernement.
Le groupe de médias allemand Axel Springer (Au Feminin, Marmiton et Se Loger par exemple) est également candidat au rachat de la plateforme, nous apprend ce midi Les Echos. Selon le quotidien, l'offre de Vivendi resterait tout de même bien plus intéressante, « tant du point de vue financer qu'au niveau industriel ». Les offres devraient être analysées par la direction d’Orange aujourd'hui même.
Le rôle d’un nouvel actionnaire sera d’accélérer le développement de Dailymotion à l’étranger. Le service mise sur son succès en Asie pour croître, notamment grâce à ses versions mobiles. Dans ce cadre, l'offre du groupe télécom hongkongais PCCW semblait idéale. Comme l'avait révélé le Wall Street Journal, l'entreprise était en discussion avec Orange pour reprendre au moins une partie de Dailymotion. Avec son empreinte en Chine, PCCW devait être une nouvelle porte d'entrée pour la plateforme vidéo. Selon le journal économique, le groupe comptait acquérir 49 % des parts de la plateforme, laissant Orange majoritaire. Las, les discussions ont tourné court.
Le groupe chinois PCCW découragé par Bercy
Le tort de PCCW serait simplement de ne pas être européen, contredisant la volonté de souveraineté numérique du gouvernement. Les discussions avec PCCW étaient « avancées », mais pas exclusives. Selon Le Monde, c'est Bercy qui aurait demandé à Orange de laisser la porte ouverte à d'autres acteurs. « Nous avons demandé à Orange de prendre en compte les éléments de la souveraineté numérique européenne » a déclaré le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron. L'analyse des offres françaises n'est donc pas un hasard, quand l'État détient 24,9 % du capital d'Orange.
Le rachat par le groupe chinois est donc désormais tout simplement exclu. PCCW a annoncé avoir été découragé par la déclaration d'Emmanuel Macron, dans un communiqué cité par Le Figaro. « La volonté exprimée du gouvernement français de favoriser la recherche d'une solution européenne décourage la participation d'entreprises internationales » affirme le communiqué, qui clôt les négociations avec Orange. Ce rachat avorté en rappelle un autre. En 2013, le ministre de l'Économie de l'époque, Arnaud Montebourg, avait bloqué le rachat de Dailymotion par Yahoo, pour le même motif de la souveraineté numérique.