L'été dernier, Crytek a traversé une crise financière assez grave, qui s'est notamment traduite par la vente de Crytek UK à Koch Media, pendant que certains employés ne touchaient qu'une fraction de leur salaire. La société a finalement été sauvée par la signature d'un juteux contrat, dont l'autre partie pourrait bien être Amazon.
Souviens-toi, l'été dernier
Crytek, à l'origine de Crysis et du CRYENGINE, entamait en juin dernier une difficile traversée du désert. Les fonds manquaient et la direction avait dû se résoudre à ne verser qu'une partie du salaire de ses employés en attendant de pouvoir trouver une solution. Cette situation peu enviable était le fruit de plusieurs facteurs, dont le relatif échec enregistré par Warface, son FPS free-to-play, ainsi qu'un désaccord avec Microsoft autour de l'avenir de la franchise Ryse.
En conséquence de ces restrictions budgétaires, une centaine d'employés de Crytek UK, basé à Birmingham, se sont mis en grève dès le mois de juillet afin d'obtenir le versement de leurs salaires. Cela faisait alors deux mois qu'ils ne percevaient plus leurs revenus complets, mais seulement une somme comprise entre 600 et 700 livres. Certains cadres n'ont pas attendu l'issue de la grève pour voir si l'herbe était plus verte ailleurs. L'entreprise a alors perdu des éléments essentiels, comme Hasit Zala, le game director de Homefront : The Revolution, mais également directeur de la franchise Warface.
Le salut de Crytek proviendra de deux sources différentes, avec d'un côté, le rachat de Crytek UK par Koch Media (qui profite de l'occasion pour faire main basse sur la franchise Homefront), et de l'autre la signature d'un juteux contrat, alors resté confidentiel. « Ce n'est pas un investissement, et Crytek n'a pas été acheté. C'est du revenu. Strictement du revenu. Et c'est un gros contrat », expliquait alors Cevat Yerli, le PDG de l'entreprise.
La discrète entrée d'Amazon dans l'industrie vidéoludique
En s'appuyant sur quatre sources proches du dossier, Kotaku a pu apprendre ce que ce fameux contrat cachait. Il s'agirait tout simplement d'un accord de licence pour l'utilisation du CRYENGINE, signé avec Amazon, pour un montant compris entre 50 et 70 millions de dollars. Largement de quoi sortir l'éditeur du tumulte pendant un bon moment.
Le tarif évoqué laisse entendre que le contrat ne porte pas seulement sur l'utilisation du moteur, proposé habituellement à 9,90 euros par mois. Crytek pourrait en effet permettre à Amazon de réaliser son propre fork du CRYENGINE pour l'utiliser dans ses productions, voire le proposer à d'autres studios.
Si cela devait se vérifier, Amazon viendrait de franchir une nouvelle étape dans sa stratégie visant a s'introduire sur le marché du jeu vidéo. Le cybermarchand dispose en effet déjà d'un studio de développement, grâce au rachat de Double Helix (Killer Instinct) en février 2014, d'une plateforme de diffusion vidéo pour assurer la promotion de ses jeux depuis le rachat de Twitch en août 2014, et d'un support pour ses jeux, avec les tablettes Kindle et sa Fire TV. Il ne lui manquait plus qu'un moteur de jeu pour compléter sa panoplie, cela semble désormais chose faite.