Selon une étude de l'ALPA, le piratage de films et séries a légèrement augmenté en 2014

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Selon une étude de l'ALPA, le piratage de films et séries a légèrement augmenté en 2014
Crédits : jmiks/iStock/Thinkstock

Selon une étude commandée et publiée mercredi par l’ALPA, qui regroupe en son sein de nombreux ayants droit du cinéma et de l’audiovisuel, le piratage de films et de séries sur Internet a encore augmenté l’année dernière. Une lecture attentive de ce document laisse toutefois apparaître de nombreuses nuances.

Une augmentation de 1,8 % des « consultations » de sites pirates

« En 2014, près d’un internaute sur trois consulte des sites dédiés à la contrefaçon audiovisuelle » déplore l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA), nouvelle étude sous le bras. D’après les chiffres de l’institut Médiamétrie, 13,463 millions de Français ont en effet « consulté au moins une fois par mois un site dédié à la contrefaçon audiovisuelle en utilisant les protocoles P2P, DDL et streaming ». Un chiffre à rapporter aux 46,9 millions d’internautes français recensés en décembre dernier.

Comme l’année dernière, l’ALPA joue un peu sur les mots, puisqu’on est mathématiquement bien plus proche du « un internaute sur quatre » que du « un internaute sur trois ». Mais passons.

Y a-t-il eu une hausse de ces consultations entre 2013 et 2014 ? En valeur, oui. L’étude montre une augmentation de l’ordre de 240 000 internautes supplémentaires. Mais au regard de la montée du nombre total d’internautes français (+417 000), cette augmentation semble définitivement très relative.

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Crédits : Étude ALPA/TMG/Médiamétrie

Outre cet indicateur qui peut paraître bien contestable pour mesurer avec précision le nombre de « pirates » (qu’implique réellement la simple « consultation » d’un site jugé pirate au moins une fois par mois ?), l’étude de l’ALPA passe au peigne fin les trois principaux canaux de la contrefaçon en ligne, à savoir le peer-to-peer, le téléchargement direct et le streaming. L’organisation affirme à l’appui de ses chiffres que l’audience de ces protocoles s’équilibre, globalement autour d’un tiers chacun (voir graphique ci-dessus).

Des téléchargements en peer-to-peer divisés par six

S’agissant du peer-to-peer, l’ALPA se réfère notamment aux données de TMG, la société qui flashe chaque jour et pour son compte des milliers d’adresses IP, destinées pour la plupart à abreuver le dispositif de riposte graduée. Selon les informations fournies par ce prestataire, 957 000 téléchargements illicites ont été détectés en décembre 2014, « sur la base du top 10 des films ». En janvier 2011 (soit plus d’an après l’envoi de premiers avertissements par la Hadopi), la même entreprise en comptabilisait 5 713 000. Autrement dit, ce chiffre a été divisé par six en l'espace de quatre ans !

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Crédits : Étude ALPA/TMG/Médiamétrie

Quant aux téléchargements directs (depuis des plateformes telles que Rapidshare, MEGA ou Uploaded), les chiffres de Médiamétrie montrent que ceux-ci restent globalement stables dans le temps. De 3,6 millions d’individus ayant récupéré au moins un film ou une série illégalement (dans le mois) début 2011, on est passé à 3,2 millions fin 2014. Une légère diminution qui ne doit pas faire oublier que dans le même temps, le nombre d’internautes français a augmenté de près de 5 millions de personnes...

Un streaming en hausse, contrairement au téléchargement direct

En revanche, on note une augmentation plutôt importante du côté du visionnage de vidéos en streaming. Alors que Médiamétrie dénombrait 1,2 million de « visiteurs uniques mensuels ayant consommé au moins une vidéo » sur une plateforme jugée illicite (hors YouTube et Dailymotion notamment) en juillet 2011, le même institut en comptait 2,27 millions en décembre dernier – soit un peu moins du double. Un chiffre qui doit à nouveau être rapporté à l’augmentation du nombre d’internautes dans cet intervalle, mais aussi au développement du haut et du très haut débit en France.

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Crédits : Étude ALPA/TMG/Médiamétrie

Bref, que retenir ? Que la mesure du « piratage » est extrêmement délicate et dépend bien souvent de la méthode utilisée (on constate d'ailleurs que certains chiffres, pour de mêmes dates antérieures, sont différents de ceux diffusés l'année dernière, par exemple sur le streaming)... Ici, les chiffres de Médiamétrie portaient sur un panel de 20 000 internautes dont les ordinateurs étaient équipés d’une sorte de mouchard. Ils ne s’intéressaient de surcroît qu’aux contenus audiovisuels, et non à la musique, aux jeux vidéo, ebooks, etc. Le spectre de l’institut était surtout relativement vague, puisqu’il était grosso modo question de savoir si les sondés avaient piraté au moins un contenu au cours de tout un mois... Rien ne précise enfin l’impact économique de ces comportements pour la filière.

Cette étude confirme quoi qu'il en soit une sorte de déclin du peer-to-peer, au profit du streaming et du téléchargement direct. Il ne faut cependant pas oublier que de précédents travaux, notamment français, ont montré que les internautes étaient également adeptes de pratiques de piratage dites « de proximité » (prêts de la main à la main, transferts depuis des clés USB, etc.).

Pendant ce temps, au ministère de la Culture...

La publication de cette nouvelle étude, dont les chiffres soulignent selon l’ALPA « l'importance du piratage en France », n’arrive pas à un moment complètement anodin. Le ministère de la Culture s’apprête en effet à présenter dans les semaines (ou mois) à venir son projet de loi sur la Création. Le texte jadis promis par Aurélie Filippetti en vue notamment du transfert des compétences de la Hadopi vers le CSA. Si une telle mesure a désormais été écartée par la nouvelle locataire de la Rue de Valois, Fleur Pellerin, l’intéressée planche encore sur les recommandations de Mireille-Imbert Quaretta en matière de lutte contre la contrefaçon en ligne (voir notre article). 

Une façon pour l’ALPA de rappeler à l'exécutif, en ce moment un peu particulier, que la situation actuelle met à ses yeux « en péril la création audiovisuelle et entrave l'essor de l'offre légale ».

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