Au quatrième trimestre, la consommation d’Internet en France a bien augmenté, en fixe et en mobile. Le pays compte désormais 26 millions de lignes fixes en haut et très haut débit, ainsi que plus de 40 millions de lignes mobiles connectées en 3G et 4G. Les prix baissent légèrement, tout comme les investissements des opérateurs.
Le régulateur des télécoms, l’ARCEP, vient de publier les chiffres des marchés fixes et mobiles pour le quatrième trimestre 2014. Et si les nouvelles sont plutôt encourageantes pour les consommateurs, elles le sont un peu moins pour les opérateurs. Ainsi, le nombre de lignes fixes augmente de 4,1 % sur un an, pour atteindre 26 millions à la fin 2014, en haut et très haut débit. 3,1 millions sont en très haut débit, dont un tiers connectées en 2014. Pour rappel, le très haut débit comprend la fibre optique, le câble et les lignes VDSL2 (sur réseau téléphonique) qui atteignent 30 Mb/s en téléchargement.
L’effet collatéral est la chute du nombre de connexions haut débit sur l’année 2014, qui atteignent tout de même 22,9 millions de lignes. 330 000 abonnés se sont ainsi séparés d’une connexion haut débit sur le dernier trimestre. Le nombre total de lignes haut débit reste pourtant stable par rapport à 2013. « La part des accès haut débit baisse de 4 points en un an au profit des accès à très haut débit, qui représentent 12% des accès au quatrième trimestre 2014 » résume l’ARCEP. Si la baisse n’est pas encore significative, le mouvement des abonnés semble bien amorcé. Comme nous l’évoquions dans une précédente analyse de ces chiffres, cela cache tout de même de fortes disparités : la fibre optique reste encore réservée aux villes quand la majorité des lignes « très haut débit » n’atteignent pas 100 Mb/s.
80 millions de cartes SIM, dont 10 % non-destinées à des humains
Les nouvelles sont aussi globalement bonnes sur mobile. Au 31 décembre 2014, la France compte 79,9 millions de cartes SIM, soit une progression de 4,1 %, similaire à celle de l’Internet fixe. La moitié de ces lignes utilisent le réseau 3G (42,8 millions de cartes SIM), soit une progression de 17 % en un an. Mais seulement 11 millions sont utilisées en 4G, soit moins d’une ligne sur sept (14 %). Comme le note La Tribune, ce sont 1,7 million de lignes en moins que le nombre cumulé de clients 4G annoncés par les opérateurs. L'ARCEP précise qu'elle compte les lignes utilisées en 4G sur le trimestre, quand les opérateurs parlent des offres commercialisées.
Cette progression est entre autres portée par celle des cartes SIM « M2M », pour la communication entre machines. Elles représentent plus de 10 % du marché au quatrième trimestre, en progression de 1,4 million depuis fin 2013. C’est un des secteurs sur lesquels les opérateurs capitalisent pour l’avenir. Orange compte par exemple multiplier par six les revenus qu’il en tire d’ici 2018, quand Bouygues Telecom lance un réseau à très bas débit et très bas coût.

Une consommation mobile en hausse
La consommation de données est elle aussi en forte hausse, doublée par rapport à 2013. Les mobinautes français ont ainsi consommé 96 pétaoctets sur ce trimestre, contre 48 pétaoctets sur le dernier trimestre 2013. Une ligne mobile consomme en moyenne 460 Mo sur l’année, comprenant la moitié des lignes qui n’ont pas accès à la 3G et les clés pour PC.
La hausse de la consommation de données ne signe pourtant pas le déclin des outils plus classiques. Le volume de SMS et MMS envoyés grimpe de 2,4 % sur en un an, pour 51,5 milliards de messages envoyés au quatrième trimestre 2014. Côté téléphonie, le volume monte encore de 5,1 % d’une année sur l’autre. Comme le résume l’ARCEP, « la consommation moyenne est de 3h06 par mois (+4 minutes en un an) et 249 SMS par mois (-2 SMS en un an) ». La téléphonie fixe dégringole tout de même de 10 % sur l’année, même si elle le fait moins rapidement qu’en 2012 et 2013.
Des revenus en légère baisse pour les opérateurs
Au tour de la mauvaise nouvelle : le quatrième trimestre n’a pas été aussi bon financièrement pour les opérateurs. Par rapport à la même période en 2013, ils ont vu leurs revenus baisser de 1,2 %, atteignant 9,4 milliards d’euros. L’ARCEP estime le marché stable sur l’année 2014, malgré la baisse par rapport à 2013. Le prix des forfaits mobiles se stabilise également depuis le début 2014, à 16,2 € en moyenne, « alors qu'elle ne cessait de diminuer depuis la fin de l'année 2010 (où elle atteignait près de 27€ HT » rappelle le régulateur.

Depuis le troisième trimestre 2013, les services fixes rapportent plus que les services mobiles. Les services fixes ont ainsi rapporté 3,69 milliards d’euros (-0,7% sur un an) au quatrième trimestre, quand les services mobiles ont généré 3,49 milliards d’euros pour les opérateurs (-1,7% sur l’année).
Les investissements dans les réseaux, eux, ont baissé de 4 %. Sur l’année, 6,9 milliards d’euros ont été dépensés, contre plus de 7 milliards d’euros les trois années précédentes, « un niveau élevé » pour l’ARCEP. Cette dernière estime que c’est sûrement la conséquence de la concentration dans le secteur, à savoir le rachat de SFR par Numericable, sur lequel l’Autorité de la concurrence enquête en ce moment.
Les chiffres de l'emploi attendus
Ce constat de l’ARCEP rejoint donc celui émis par Stéphane Richard, le PDG d’Orange, lors d’un entretien à RTL en février. Les opérateurs ne cachent pas leur crainte que les investissements se réduisent suite au rachat de SFR, qui est l’un des principaux moteurs du déploiement de la fibre optique avec Orange. Cette crainte est également formulée sous forme de menace, les investissements risquant encore de baisser si la régulation ne devient pas plus favorable aux opérateurs, estiment-ils.
Mais l’indicateur le plus sensible n’est pas encore sorti : celui du nombre d’emplois. Fin 2013, les opérateurs employaient directement 125 000 personnes, soit 4 000 de moins qu’en 2012. Le rachat de SFR par Numericable, ainsi que les licenciements chez Bouygues Telecom, ne devrait pas aider ces chiffres à remonter la pente cette année. Ils devront être publiés fin mai, selon l’ARCEP.