En 2014, le parlement américain a entériné une loi qui devait limiter les pouvoirs des agences de renseignement. Baptisée « Freedom Act », il s’agissait finalement d’une version très édulcorée de ce qu’avait promis Barack Obama. Plusieurs grandes sociétés informatiques avaient réagi et s’étaient liguées en une coalition, que Google rejoint désormais.
Google rejoint Microsoft, Apple, Facebook et les autres
Alors que la France plonge progressivement dans la spirale sécuritaire, les internautes et entreprises américaines tentent de limiter la force de frappe de plusieurs lois votées après les évènements du 11 septembre. Après le vote d’une version très « light » de ce qui avait été promis par Barack Obama sur la surveillance de masse (et qui manquait déjà d’ampleur), plusieurs entreprises s’étaient liguées pour faire entendre leurs voix. Pour elles, la capacité de la NSA et des autres agences à collecter massivement les données, obliger les entreprises à donner les informations lorsque nécessaires et les mettre à disposition des partis concernés au cours des enquêtes se traduit en une crise de confiance. Il y a donc un impact financier qui, même s’il n’est pas chiffré, a récemment été abordé par Barack Obama.
Cette alliance, baptisée Reform Government Surveillance, était initialement constituée d’AOL, Apple, Facebook, LinkedIn, Microsoft, Twitter et Yahoo. Elle s’était formée peu après le vote du parlement sur le Freedom Act, pour réclamer des mesures plus musclées. Ces entreprises réclament en particulier des coudées plus franches sur la communication, puisque certaines lois les empêchent de donner par exemple des chiffres trop précis sur ce qui leur a été réclamé par les agences fédérales. Google, absent jusque-là de ce groupe, a décidé de sauter le pas.
Une lettre ouverte et un appel aux signatures
Pourquoi maintenant ? L’éditeur indique dans un billet de blog que la Section 215 du Patriot Act expirera en mai. Cette section est celle qui donne à la NSA le droit de réaliser des interceptions de masse, mais également d’en partager les données sur simple demande au cours d’une enquête, conduite par exemple par le FBI. La firme ne réclame donc ni plus ni moins que la fin de cette collecte massive et la possibilité de communiquer de manière beaucoup plus transparente.
Google en profite pour ouvrir une page munie d’une lettre ouverte à l’ensemble du parlement américain. Les griefs y sont exposés et l’entreprise demande au minimum que de sérieux garde-fous soient mis en place pour réduire la taille des filets géants. Pour appuyer ces demandes, Google n’hésite pas à mettre en place un formulaire afin de récolter des signatures de soutien… et augmenter ainsi la visibilité de son action.
Car chacune de ces entreprises a à cœur de bien montrer qu’elle se désolidarise de la politique de renseignement et de surveillance menée par les gouvernements américains. Et dans le cas de Google, l’action n’est pas anodine, quand on sait qu’Eric Schmidt, président du conseil d’administration, faisait partie du bureau de réélection de Barack Obama en 2012. Des géants de l'internet qui veulent donc bien suivre la loi, mais qui pestent quand celle-ci nuit à leurs bénéfices.