La suite Office est l’une des plus importantes vaches à lait de Microsoft, avec Windows. Mais les modèles depuis longtemps établis sont en train de changer, et l’éditeur cherche à s’adapter. Globalement, il se dirige vers un modèle « freemium » clairement destiné à faire de l’œil au grand public, en fonction de plusieurs critères.
L'âge d'or des logiciels monolithiques est terminé
Le monolithique, que l’on parle de systèmes d’exploitation ou d’applications, arrive à son terme. Office, en tant qu’entité géante dédiée à la bureautique, se transforme pour s’adapter à un contexte nouveau, et les utilisateurs ne consommeront plus Word, Excel et les autres de la même manière. Le cloud et les plateformes mobiles ont largement bousculé les habitudes et beaucoup se demandent pourquoi payer quand une vaste majorité de fonctionnalités ne seront jamais utilisées.
Face à la concurrence d’outils moins chers, voire gratuits, Microsoft a commencé à réviser sa stratégie. Les versions en ligne existent désormais depuis plusieurs années et le socle fonctionnel augmente petit à petit. Mais c’est surtout sous ses formes applicatives que la suite évolue. On gardera certes une version « complète » sur Windows et OS X (les éditions 2016), mais de nombreux utilisateurs risquent de ne plus dépasser le stade des applications gratuites.
Windows 10, Android, iOS : même combat
Le travail fait sur iOS, surtout sur les interfaces, a été repris sur Android et sur Windows 10. Les interfaces sont pratiquement identiques, ainsi que la stratégie. Word, Excel et PowerPoint sont donc gratuits dans les leurs versions de base et invitent seulement à s’abonner à Office 365 quand des fonctionnalités plus avancées sont nécessaires.
Selon le responsable Kirk Koenigsbauer, Microsoft oppose désormais les catégories « mobile » et « professionnel ». Globalement, tout support mobile ne dépassant pas les 10,1 pouces peut disposer d’un Office gratuit. L’éditeur part du principe que ces appareils ne sont sans doute pas utilisés en entreprise à cause de leurs petites dalles, ni avec un duo clavier/souris. C’est la raison pour laquelle Microsoft a établi des partenariats avec Samsung, Dell et d’autres constructeurs pour préinstaller Office sur des appareils Android (smartphones et petites tablettes donc), en plus de OneDrive et de Skype.
Dès que l’on augmente la taille de la dalle ou qu’on se dirige vers des machines plus professionnelles, un abonnement Office 365 ou une suite complète est nécessaire. Techniquement, rien n’empêche le constructeur de proposer un abonnement gratuit d’un an, ou l’utilisateur d’aller installer les versions gratuites et prévues pour le tactile.
Définir le juste milieu entre fonctionnalités et désir de s'abonner
En d’autres termes, tous les smartphones et petites tablettes pourraient embarquer ces moutures tactiles, une stratégie qui permettra à Microsoft de faire connaître ces applications. Par ailleurs, les utilisateurs seront évidemment invités à rester dans l’environnement Microsoft : les documents créés sont sauvegardés dans OneDrive, une intégration poussée qui court-circuitera chez une partie des utilisateurs l’envie d’aller voir ailleurs.
Microsoft ne présente évidemment pas les choses sous cet angle, même si l’un n’empêche pas l’autre : pour l’éditeur, il ne s’agit que d’offrir la flexibilité demandée. Cela étant, il devra continuer à déplacer très soigneusement le curseur sur le réglage allant de la gratuité à l’abonnement : trop de fonctionnalités annuleront le besoin de recourir à un abonnement, tandis qu’une carence génèrera de la frustration et risque d’entrainer l’utilisateur sur le chemin de la concurrence. On imagine cependant que beaucoup seront simplement satisfaits de retrouver des applications familières qui leur épargneront les éventuels problèmes de compatibilité des documents.
Globalement, on peut estimer qu'avec ces décisions, Microsoft se fait à l'idée qu'un grand nombre de personnes n'a que des besoins basiques en bureautique. Quitte à ce qu'ils ne payent pas, autant après tout qu'ils ne changent pas de crèmerie.