Relais des informations les plus diverses, Facebook a publié dimanche un long communiqué dans lequel sont expliquées les règles encadrant la publication des statuts. Le réseau social y aborde frontalement ce qu’il tolère et ce qui fera l’objet d’une censure. Deux mois après les évènements de Charlie Hebdo, la société tente de faire comprendre ce qui peut séparer des propos condamnables d’autres relevant de l’humour ou de la dénonciation.
Jongler entre l'humour, la dénonciation et l'incitation à la haine
« Tout contenu qui attaque directement des personnes en raison de leur race, leur ethnicité, leur origine nationale, leur religion, leur orientation sexuelle, leur sexe ou leur identité sexuelle, leur infirmité ou leur état de santé » : voilà comment Facebook définit l’incitation à la haine. Il s’agit de l’une des raisons principales qui peuvent pousser le réseau social à censurer un statut ou le partage d’un lien qui renverrait vers un tel contenu. Il indique même « compter sur la communauté » pour signaler les dérives.
L’explication claire de ce qui peut être censuré est bienvenue, dans un contexte où se heurtent parfois violement les tenants de la liberté d’expression absolue et ceux pour qui il existe des limite. Facebook expose ici les siennes, en précisant tout de même qu’il existe des nuances. Par exemple, un utilisateur peut partager un contenu « à des fins de sensibilisation ou d’éducation ». Mais il doit dans ce cas le décrire comme tel, afin que l’équipe de modération ne s’emmêle pas les pinceaux si elle devait être alertée.
Deux mois après les attentats contre Charlie Hebdo, Facebook indique accepter « les commentaires humoristiques, satiriques et sociaux en rapport avec ces sujets », tout en rappelant que le service a été conçu à la base pour être utilisé avec sa véritable identité. L’entreprise incite donc ses utilisateurs à utiliser leurs véritables noms et prénoms, à se responsabiliser lorsqu’ils partagent des contenus et à ne jamais oublier qui peut les voir.
Facebook jongle avec les différents types de nudité
Concernant la nudité, les explications de Facebook deviennent presque cocasses tant elles se font précises. Sont ainsi supprimées « les photographies présentant des organes génitaux ou des fesses entièrement exposées », ainsi que celles des seins féminins « si elles montrent le mamelon ». Il y a toutefois une exception : « les photos de femmes qui défendent activement l’allaitement ou qui montrent les cicatrices post-mastectomie de leur poitrine ».
Au sujet de l’art, on constate un petit relâchement après la polémique sur le tableau « L’Origine du Monde » : « Nous autorisons également les photos de peintures, sculptures et autres œuvres d’art illustrant des personnages nus ». Toutefois, tout ce qui se rapporte frontalement au sexe, en particulier l’activité sexuelle (autrement dit la pornographie et l’érotisme trop débridé) sera censuré.
Violence, menaces, humiliation, revenge porn...
La violence est moins sujette aux nuances. Facebook considère surtout deux cas : ce qui est partagé pour dénoncer, ou « par sadisme, ou pour célébrer ou glorifier la violence ». Le réseau social cite en exemple « le non-respect des droits de l’Homme ou les actes de terrorisme » comme sujets des contenus qui peuvent être partagés. La violence inhérente à une partie de l’actualité quotidienne ne peut évidemment pas empêcher les utilisateurs de partager par exemple des articles de presse, certains étant accompagnés de photos ne cachant rien de l’horreur de certaines situations.
Plus globalement, Facebook indique ne pas tolérer tout ce qui se rapporte aux menaces directes (dont les signalements sont étudiés avec un grand soin assure l’entreprise), à la promotion de l’automutilation ou du suicide, aux organismes dangereux (activités criminelles et terroristes) ainsi qu’au harcèlement et à l’intimidation. Ce dernier point est particulièrement important puisque Facebook indique clairement que tout ce qui sera publié en vue de faire honte et/ou d’humilier une personne sera supprimé. Facebook aborde ici, sans le nommer directement, le cas du « revenge porn », qui consiste à publier des photos dénudées de la victime. Une activité qui fait l’objet de manière croissante de législations spécifiques. Notez que le réseau social aborde à la foi le cas des utilisateurs privés et celui des personnalités publiques.
Un rappel détaillé plutôt qu'un changement
Facebook explique ici une politique globale, un socle sur lequel la modération se base pour offrir un visage uniforme. C’est précisément ici que se concentre la principale « faiblesse » puisque l’entreprise cherche à adopter un lot de standards valables dans tous les pays, avec l’absence de nuance que cela peut supposer selon les cultures. D’autres argueront au contraire qu’il s’agit d’une force puisque Facebook ne fait aucune exception et applique à tous la même philosophie.
Au final, faut-il y voir un changement dans la manière de procéder de Facebook ? Pas vraiment. Il s’agit plutôt d’une clarification générale qui doit permettre aux utilisateurs de mieux cerner ce qu’il est possible de partager et ce qui contrevient aux règles d’utilisation. Car il y a des règles : Facebook est une entreprise privée, non un service public, et elle rappelle simplement que la maxime « Ma maison, mes règles » reste d’autant plus d’actualité que son fonctionnement en est expliqué.