Comme de nombreux éditeurs de jeux vidéo, Valve s'intéresse depuis plusieurs années au modèle free-to-play. La firme de Gabe Newell a par contre adopté une variante très particulière de ce modèle qu'elle vient d'étoffer cette semaine avec l'ouverture du Taunt Workshop sur Team Fortress 2.
Avec Dota 2 et Team Fortress 2, Valve est plutôt bien implanté dans le registre des jeux free-to-play. Le premier est tout simplement le titre le plus joué sur Steam, dépassant régulièrement la barre du million de joueurs connectés simultanément, tandis que second s'est fait connaître grâce à ses chapeaux et reste encore à ce jour l'un des titres les plus populaires sur la plateforme.
Tous les deux reposent toutefois sur un modèle économique assez particulier. Habituellement, les éditeurs financent ce type de jeu à l'aide de micro-transactions permettant d'acheter du contenu cosmétique qu'ils ont eux-mêmes crées. Valve a trouvé une recette qui fonctionne encore mieux : laisser la communauté concevoir ses propres bonus cosmétiques, et leur offrir une place de marché où les promouvoir avant de les intégrer aux jeux.
Steam Workshop, la machine à cash de Valve
Cette place de marché, Valve l'appelle Steam Workshop. Si vous êtes un habitué de Steam, vous savez sans doute déjà que ce service permet aux joueurs de proposer gratuitement les mods qu'ils ont développés pour les jeux participant à ce programme. Dans le cas des titres de Valve et de quelques jeux tiers, un système de vote permet aux joueurs de signaler les contenus qu'ils aimeraient voir apparaître sous la forme d'achats in-app. Sont notamment concernés par ce mode de fonctionnement les skins d'armes pour Counter Strike : Global Offensive, les chapeaux de Team Fortress 2 et les costumes pour Dota 2.
Lorsqu'un mod, ou un objet rencontre un certain succès, Valve contacte son créateur afin de lui proposer un contrat, permettant à l'éditeur d'intégrer l'objet dans la boutique officielle du jeu et de partager les revenus générés, et ils sont plus que coquets. En janvier dernier Valve annonçait ainsi dans un billet de blog que depuis le lancement de l'initiative fin 2011 plus de 57 millions de dollars ont été redistribués « à plus de 1500 membres de sa communauté », et ce uniquement avec les objets vendus dans Counter-Strike : Global Offensive, Dota 2 et Team Fortress 2.
Par contre, Valve ne précise pas dans son annonce quelle part des revenus générés est allée dans ses caisses. L'éditeur fournissant la plateforme de vente, mettant en avant les produits dans les jeux et ayant développé les titres servant de support, il est logique qu'il s'octroie une « petite » commission. Si l'on en croit une entrevue donnée en 2013 par Robin Walker, l'un des développeurs de Team Fortress à nos confrères de PC Gamer, cette commission est de 75 %. Ainsi, pour les 57 millions de dollars encaissés par les 1500 moddeurs, la firme de Gabe Newell en a empoché 171 millions, sans compter les revenus issus des objets directement créés par la société. Mettre en avant sa communauté, ça rapporte.
On ne change pas une recette qui marche, on se contente de l'appliquer partout
Forcément, quand quelque chose marche aussi bien et qu'un éditeur parvient à glisser des micro-transactions dans ses jeux sans que les joueurs ne rechignent, il ne peut être que tenté de pousser le bouchon encore un peu plus loin. Valve, malgré son image très positive auprès des joueurs, ne fait pas exception.
Ainsi, la société a récemment lancé deux initiatives. La première remonte à fin janvier et concerne l'ouverture des fonctions du Workshop à des titres développés par des studios tiers. Les deux premiers jeux à avoir pu en profiter ne sont autres que Dungeon Defenders : Eternity et Chivalry : Medieval Warfare, deux titres que l'on retrouve régulièrement dans le top 100 des jeux les plus joués sur Steam. Là encore l'éditeur devrait logiquement s'accorder une coquette commission sur les ventes, probablement un peu inférieure à celle pratiquée sur ses propres jeux.
La seconde sort tout juste du four et vient d'être présentée hier sur le blog officiel de la saga Team Fortress : le Taunt Workshop. Sous cette appellation on retrouvera tout simplement une boutique en jeu sur Team Fortress 2 dans laquelle seront vendus des animations pour les personnages, devant servir à provoquer les adversaires. Valve a montré quelques exemples des possibilités offertes dans la vidéo ci-dessous.
Là encore, les créateurs de contenu auront la possibilité de proposer leurs propres créations à la communauté. Comme pour les chapeaux les créations les plus populaires intégreront la boutique en ligne du jeu, et Valve captera 75 % du montant des ventes. Si jamais vous avez des connaissances en animation 3D, sachez qu'une FAQ a été mise en ligne par l'éditeur afin de détailler les différentes limitations s'appliquant aux « taunts ».