Bernard Cazeneuve l’a dit et redit : 90 % de ceux qui ont basculé dans le terrorisme l’auraient fait via Internet, les réseaux sociaux, etc. Le chiffre inspire un sénateur pour dénoncer les actions des groupes d’ « écoterroristes » qui « radicalisent » à plein régime, notamment grâce aux réseaux sociaux.
Seul détail, ce chiffre a été piqué dans un rapport d’études du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI). Et il est pour le moins fragile (voir notre article). L'institution a tiré en effet cette conclusion en se basant sur les témoignages de 160 familles qui l’ont contactée au fil de son activité. Or, compte tenu de la volumétrie de l’échantillon, ces données « ne sont pas forcément représentatives de l’ensemble des familles dont les enfants sont impactés par le discours de l’islam radical », tempère le centre en question. Et pour cause, ces 160 familles « ne représentent que celles qui ont été attentives au changement de comportement de leur enfant et ont décidé d’appeler le CPDSI pour se faire conseiller et accompagner ».
Les réseaux sociaux et la radicalisation des « écoterroristes »
Seulement, la fragilité de ce « sondage » n’empêche pas d’autres personnages politiques de s’en armer quand il s’agit de s’attaquer à d’autres univers, spécialement celui de « l’écoterrorisme ».
Le sénateur du Loiret Jean-Noël Cardoux s’est ainsi ému de « l'emploi de la force et de la violence par certaines associations écoterroristes pour se faire entendre, menaçant et agressant des personnes exerçant des activités légales liées aux animaux, portant atteinte aux biens et créant des troubles à l'ordre public ». Il vise en particulier les actions du mouvement international antichasse « Hunt Sab » ou encore du Front de libération des animaux (ALF) lequel « a revendiqué le saccage du siège de la fédération de chasseurs de l'Oise et a proféré des menaces taguées sur les murs telles que "assassins", "mort aux chasseurs" ou encore "ALF, on sera toujours là". »
Citant la petite phrase de Bernard Cazeneuve (« Quand 90 % de ceux qui basculent dans le terrorisme basculent par Internet, et qu'à tout moment ils peuvent aller consulter des blogs, des sites, des réseaux sociaux, des forums, qui appellent au terrorisme, qui incitent ces jeunes à s'engager, oui, c'est un terrorisme en libre accès »), ce sénateur UMP dénonce ces organisations « présentes sur les réseaux sociaux et [qui] appellent les internautes à rejoindre leurs actions violentes ».
D’ailleurs, insiste-t-il, « l'ALF signale que les activistes travaillent de façon anonyme parce que ses actions peuvent être hors-la-loi ». Reprenant le champ lexical entendu dans la loi contre le terrorisme, il pointe alors une « dangerosité croissante » de ces groupes ainsi que « la radicalisation de leurs actions ». Du coup, dans une question parlementaire, il vient de demander au ministère de l’Intérieur ce qu’il entendait faire pour stopper ces agissements. Nous reviendrons sur sa réponse, lorsque celle-ci aura été publiée au Journal officiel.