Microsoft a ouvert hier soir la bêta publique d’Office 2016 pour OS X. Limitée à la seule version Yosemite du système, elle reprend le flambeau de la suite bureautique après cinq ans d’absence sur la plateforme d’Apple. Nous vous proposons un rapide tour des principaux apports pour mesurer le chemin parcouru, et ce qui reste à faire.
Des versions largement rénovées
D’un point de vue technique tout d’abord, on sent que Microsoft a retravaillé les bases de ses applications. Elles sont d’une part nettement plus véloces et la différence est visible sur les temps de chargement ou encore dans certaines manipulations, particulièrement dans Outlook. Ce dernier avait par exemple la fâcheuse habitude de réclamer un temps assez « délirant » pour vider la corbeille si elle contenait plus d’une centaine d’emails. Cette opération, de même que d’autres, est pratiquement instantanée maintenant. Microsoft avait bien rafraichi légèrement son client email l’année dernière pour les abonnés Office 365, mais la nouvelle version, bien que présentant la même interface ou presque, va plus loin.
La nouvelle interface, justement, est maintenant cohérente pour toutes les applications et se rapproche largement de ce qui fait sous Windows avec la version 2013. On comprend le but de Microsoft : puisque Office est amené à être disponible partout, il faut que les fonctionnalités soient les mêmes, dans leur fonctionnement et dans leur disposition. Toutes les versions mobiles ont donc strictement la même interface (Microsoft a repris le même moule sous Android et Windows 10 que sur iOS), et Office 2016 ressemble beaucoup à Office 2013 pour Windows.
Rattraper le retard sur la version pour Windows
On retrouve donc des rubans, marque de fabrique d’Office, mais dans une forme rénovée et que l'on peut toujours replier si besoin ou envie. Ceux qui ont utilisé les versions récentes de OneNote ne seront pas étonnés : le style est le même. Ceux qui disposent d’un écran Retina seront par ailleurs contents de voir que Microsoft prend en charge la technologie et que les différents logiciels n’apparaitront donc plus « flous ». Toute la suite intègre également OneDrive, tant la version personnelle que celle pour les professionnels, et prend en compte le mode plein écran de Yosemite.
Word, Excel et PowerPoint partagent tous le même écran de sélection de modèle à l’ouverture. Plus sobre, la galerie laisse la place aux projets, ramenant les autres contrôles dans une barre à gauche et arborant la couleur fétiche de son logiciel (orange pour PowerPoint, etc.). Les modèles ont été revisités et sont nettement plus en phase avec l’air du temps, en particulier sous Excel. Word et PowerPoint sont par ailleurs compatibles avec le système de travail collaboratif que Microsoft met graduellement en place, notamment dans Office Online : le travail réalisé par les autres s’affiche en temps réel, et deux personnes ne peuvent pas modifier le même paragraphe en même temps par exemple, ce dernier se verrouillant sur le premier utilisateur ayant commencé à travailler dessus.
Du côté d’Excel, s’il n’est toujours pas questions de VBA, on se rapproche largement de la version PC, notamment via un ajout simple mais qui fera la différence en environnement hétérogène : les raccourcis clavier sont pratiquement les mêmes, et font la même chose. Par exemple, Command+C copie le texte dans une cellule et rien d’autre. La plupart des autres ajouts sont des mises à niveau sur les outils d’analyse, l’utilisation des pivots, le remplissage automatique des cellules et ainsi de suite.
Il reste encore du travail, notamment sur Outlook
Pourtant, on ne peut s’empêcher de pointer différents soucis et comportements qui sont soit pénibles, soit des différences encore trop marquées avec Office pour Windows. Ces constats touchent particulièrement Outlook : pas d’actions rapides, pas de réponse aux emails au sein de la fenêtre principale (mode « in-line »), forme de réponse et de citation du texte original différente et ainsi de suite. Des comportements gênants, observables depuis la version initiale d’Outlook 2011 sont toujours présents. Par exemple, si l’on replie toutes les séparations affichant les emails de la veille, de l’avant-veille et ainsi de suite, le simple fait de quitter l’application et de la relancer les rouvrira toutes. Outlook sur Windows ne s’est jamais comporté de cette manière et garde en mémoire ce type d’opération pourtant simple.
Outlook 2016 a encore du chemin à parcourir, notamment sur le support des comptes emails. Ajouter un compte Exchange est très simple et le fonctionnement n’offre pas de surprise. Les comptes Pop et IMAP non plus, et Gmail n’a pas rencontré de soucis particuliers dans notre cas… Une fois que la configuration a bien voulu se faire. Nos premières tentatives se sont soldées par des échecs, puis Outlook a finalement accepté de se connecter, sans aucun changement de notre part. En outre, impossible de faire fonctionner un compte iCloud, ce qui est un comble dans un client email pour OS X.
Office 2016 ne comporte pas non plus de thèmes, contrairement à la mouture 2013. Même si l’interface est nettement plus moderne et se rapproche d’ailleurs de ce que l’on trouve sous Yosemite, il ne faut pas espérer travailler avec un environnement plus sombre. Par ailleurs, même si les nouveaux logiciels sont compatibles Retina, intègrent OneDrive et ont très manifestement été modernisés, certains regretteront qu’ils ne prennent pas en charge les sauvegardes automatiques et transparentes. Cependant, puisque Office s’appuie surtout sur OneDrive, on peut imaginer un conflit potentiel avec iCloud pour ce type de fonctionnalité.
Une mise à jour gratuite pour les abonnés Office 365
Office 2016 reste pour l’instant une bêta et est donc potentiellement incomplète. Microsoft n’indique en effet si sa suite est en l’état « feature complete » ou si elle intègre le plus important. La firme collecte en tout cas les retours pour chaque logiciel via une icône en forme de « smiley » souriant. Le menu donne accès à deux fonctions, l’une pour indiquer ce qui plait, l’autre pour ce pourrait être amélioré. D’ici la sortie de la version finale, pour laquelle il n’y a que des supputations (automne 2015), la situation devrait donc encore changer, mais les abonnés Office 365 sont sûrs de recevoir la mise à jour gratuitement.
Pour rappel, la bêta publique peut être téléchargée depuis le site officiel de Microsoft. Le téléchargement pèse 2,5 Go et réclame environ 5,5 Go d’espace libre sur le disque. Yosemite est obligatoire pour installer cette bêta, mais les anciennes versions d’Office déjà présentes ne seront pas écrasées. Signalons enfin que même si Office 2016 est fait pour travailler de concert avec un compte Microsoft pour OneDrive, la connexion n’est pas nécessaire, sauf pour OneNote.