Tout le monde ou presque connaît désormais le financement participatif, qui permet d'aider un projet par des dons. Mais saviez-vous que, depuis le 1er octobre, les particuliers peuvent prêter de l'argent aux entreprises via des plateformes, et être rémunérés pour cela ?
Depuis octobre dernier, il est possible pour un particulier de financer une entreprise en lui prêtant de l'argent, tout en étant rémunéré pour cela. Un changement réglementaire qui permet aux plateformes de financement participatif inscrites à l'ORIAS de s'ouvrir à de nouvelles possibilités, et de se poser en concurrentes potentielles des banques via une exception faite à leur monopole en la matière.
Lorsque le financement participatif remplace les banques... qui s'y associent
Mais voilà. Celles-ci ne vont-elles pas voir d'un mauvais œil une telle initiative, alors qu'elles sont de plus en plus contestées dans leur rôle de financement de « l'économie réelle » ? Ou ne vont-elles tout simplement pas plutôt tenter de se placer de manière habile afin de profiter, d'une manière ou d'une autre, de ce changement. Car s'il est bien un partenaire de plus en plus courant des plateformes de financement participatif, c'est bien le monde bancaire, comme on a encore eu l'occasion de le voir récemment avec le partenariat entre Hello Bank (groupe BNP Parisbas) et Ulule pour Hello Play.
Quoi qu'il en soit, cette nouvelle possibilité va surtout permettre aux porteurs de projets de trouver de nouvelles sources de financement auprès des particuliers, qui pouvaient déjà se prêter de l'argent entre eux avec des plateformes comme Prêt d'Union. Une tendance qui semble d'ailleurs se renforcer notamment pour ce qui concerne des cadres précis comme celui de la presse.
Le financement de la presse encouragé pour les particuliers
En effet, dans le cadre du projet de loi de modernisation du secteur, qui vient de passer en commission mixte paritaire, il pourrait être possible pour les particuliers d'investir dans une limite de 1 000 euros par an par contribuable (2 000 euros pour un couple) dans le capital d'une entreprise de presse IPG (au sens de l'article 39 bis A du code général des impôts) tout en bénéficiant d'un avantage fiscal :
« Les contribuables domiciliés fiscalement en France au sens de l'article 4 B bénéficient d'une réduction d'impôt sur le revenu égale à 30 % des versements effectués jusqu'au 31 décembre 2018 au titre de souscriptions en numéraire réalisées au capital de sociétés soumises à l'impôt sur les sociétés dans les conditions de droit commun et définies au I de l'article 39 bis A. »
S'il ne s'agit pas ici d'un prêt mais bien d'une prise de participation, cela vise clairement à inciter chacun à financer l'information de manière directe, tout en réduisant la dépendance de ces sociétés à de gros actionnaires, notamment lorsqu'il s'agit de constituer un nouveau projet. Notez d'ailleurs qu'un statut d'entreprise solidaire de presse pourrait être créé. Celui-ci est réservé à des entreprises s'engageant sur le réinvestissement de leurs bénéfices dans leur activité, et pourra permettre à leurs investisseurs de voir leur avantage fiscal grimper à hauteur de 50 %.
De nouvelles possibilités qui vont sans doute aiguiser les appétits divers et dans lequel chacun devra réussir à s'y retrouver. Nous avons donc décidé de chercher à comprendre ce qui va changer exactement, et surtout comment les choses se passent dans la pratique, qu'il s'agisse de l'organisation des plateformes, la sélection des projets ou encore les relations avec la finance plus classique.
Pour ce nouveau numéro de la seconde saison de 14h42, notre émission conjointe avec Arrêt sur images, animée par Jean-Marc Manach, nous avons donc décidé de nous entretenir avec Vincent Ricordeau, fondateur de Kisskissbankbank (dons), Hello Merci (prêts solidaires) et, plus récemment, de Lendopolis (prêts), ainsi qu'Hubert de Vauplane, ancien banquier, aujourd'hui avocat et blogueur sur Alternatives économiques.
L'émission intégrale est réservée à nos abonnés pouvant accéder à tous nos contenus pendant une semaine. Elle sera ensuite accessible à tous via notre compte YouTube sur lequel vous pouvez nous rejoindre :
Bonne émission !