Vivendi a rendu public ses résultats pour l'ensemble de l'exercice 2014, une année qui aura été marquée par la vente de SFR à Numericable. Une opération qui a permis à la société de réaliser une coquette plus-value de 2,4 milliards d'euros, dont les actionnaires vont pouvoir profiter.
2014 aura été une année mouvementée pour Vivendi. La multinationale française a ainsi cédé l'an passé la moitié de sa participation restante dans Activision Blizzard pour 623 millions d'euros et sa participation de 53 % dans Maroc Telecom pour 4,1 milliards d'euros. Mais surtout, le groupe aura cédé la majeure partie de sa participation dans SFR contre 13,366 milliards d'euros.
D'importantes plus-values réalisées tout au long de l'année
Les nombreuses cessions de Vivendi, dont celle de SFR, ont eu un impact important sur les résultats financiers de Vivendi. La société déclare en effet avoir réalisé une plus-value de 2,4 milliards d'euros en cédant l'opérateur au carré rouge à Numericable, un chiffre qui ne tient compte que de la transaction de 13,3 milliards validée l'an passé. Il faut ajouter à cela une plus-value de 786 millions d'euros déclarée lors de la vente de Maroc Telecom a Etisalat, ainsi que encore 84 millions avec la vente de 41,5 millions d'actions Activision-Blizzard.
Ces ventes ont permis à Vivendi de dégager en 2014 un bénéfice net de 4,744 milliards d'euros, pour un chiffre d'affaires de 10,09 milliards d'euros, stable par rapport à l'exercice précédent. Si l'on exclut les bénéfices issus des plus-values de cessions, le résultat net ajusté de la société n'est plus que de 626 millions d'euros, ce qui correspond tout de même à une hausse de 37,9 % sur un an.
Et ce n'est pas fini...
Vivendi devrait signer le même genre de performances cette année, puisque la société compte se séparer de sa participation dans GVT, un opérateur téléphonique brésilien, pour un montant estimé à 7,45 milliards d'euros. De plus Vivendi a décidé d'accepter l'offre de Numericable-SFR pour le rachat du restant de ses parts dans le groupe.
L'opération s'effectuera en deux temps. D'abord, Numericable-SFR rachètera 10 % de ses propres actions, et règlera 1,948 milliard d'euros à Vivendi, et ce avant le 4 mai prochain. Ensuite, Altice rachètera les 10 % restants, pour le même prix, mais devra régler la somme avant le 7 avril 2016, avec des intérêts. La transaction devrait donc s'élever à un peu plus de 3,9 milliards d'euros.
Cette vente annule par contre la clause selon laquelle Numericable-SFR devait verser 750 millions d'euros à Vivendi si l'opérateur réalisait certains objectifs financiers, ainsi qu'à la clause de non-concurrence avec le Groupe Canal +.
Une clause a cependant été ajoutée concernant les déboires que rencontre Vivendi avec les autorités fiscales françaises au sujet de la fusion entre SFR et VTI. Bercy accuse en effet Vivendi d'avoir procédé à cette fusion dans un but d'optimisation fiscale, et remet en cause l'inclusion de SFR au sein du groupe d'intégration fiscale de Vivendi. Selon la société, « les autorités fiscales [...] réclament à SFR le paiement d’un impôt en principal de 711 millions d’euros, assorti d’intérêts de retard et de majorations pour 663 millions d’euros, soit un montant total de 1 374 millions d’euros ».
La multinationale française conteste évidemment ces conclusions et « considère disposer de sérieux moyens de droit lui permettant de (se) défendre ». Quoi qu'il en soit, l'accord de vente accepté par Vivendi prévoit le paiement d'un maximum de 711 millions d'euros à Numericable-SFR en cas de redressement fiscal.
Des dettes remises à plat, des actionnaires regonflés à bloc
Grace aux liquidités générées par toutes ces cessions, Vivendi a cherché à remettre à plat l'ensemble de ses dettes. Fin novembre 2014, la société a annulé toutes ses lignes de crédit existantes, pour un montant de 7,1 milliards d'euros, avant d'en ouvrir une nouvelle de 2 milliards d'euros, dont elle n'a pas encore fait usage. Deux semaines plus tard, il était question du remboursement d'un emprunt de 4,25 milliards d'euros, puis d'un autre, peu après, pour 595 millions de dollars cette fois-ci. Ainsi, en l'espace d'un an, l'endettement net de Vivendi est passé d'un trou de 11 milliards d'euros, à un excédent de 4,6 milliards d'euros.
Ce pactole, Vivendi compte surtout le redistribuer à ses actionnaires. Au titre de l'exercice 2014, la société leur proposera le versement d'un dividende de 1 euro par action, divisé en 20 centimes au titre de l'activité normale de la société et de 80 centimes au titre des plus-values réalisées lors des différentes cessions. Un taux qui devrait être maintenu en 2015 et 2016, redistribuant ainsi 2 milliards d'euros supplémentaires aux porteurs.
En plus de cela, la société veut mener pendant un an et demi un programme de rachat d'actions pour 2,7 milliards d'euros. Ainsi, Vivendi compte redistribuer 5,7 milliards d'euros à ses actionnaires d'ici mi-2017, soit plus de la moitié de son chiffre d'affaires annuel. De quoi redonner le sourire aux marchés et vous donner envie d'en savoir plus sur le sujet. Cela tombe bien, ce soir France 2 diffuse un nouveau numéro de Cash Investigation, dont le thème est « Quand les actionnaires s'en prennent à nos emplois ».