À l’occasion du Mobile World Congress, Cyanogen Inc a dévoilé un partenariat avec Qualcomm et une nouvelle identité visuelle, censée cadrer avec ses ambitions. La jeune entreprise a également annoncé l’intégration de son système à un troisième appareil, une phablette Alcatel OneTouch de 6 pouces.
« Un OS ouvert conçu par les utilisateurs, pour les utilisateurs », le slogan reste mais les ambitions ont bien évolué. Lundi, lors du Mobile World Congress, Cyanogen Inc a annoncé une refonte de son « identité visuelle » et un partenariat avec Qualcomm, censé l’aider à proposer de nouvelles fonctions pour le premier fabricant mondial de puces mobiles.
Avec sa nouvelle image, le système dérivé d’Android compte s’émanciper de son image de système pour bidouilleurs avec laquelle le projet s’est fait connaître jusqu’ici. Le but : marquer le passage au monde commercial où les utilisateurs ne sont plus les seuls « clients ». Il faut donc sembler plus pro. « Nous sommes toujours les champions de la personnalisation, de la sécurité et de la communauté Open Source, mais nous défendons également plus d'ouverture et d'accessibilité en tant que plateforme » résume Cyanogen Inc dans un billet de blog.
L’entreprise a pour ambition de développer « un système d'exploitation mobile qui offre aux développeurs, constructeurs et utilisateurs un plus grand choix et plus d'interopérabilité dans leurs expériences ». Son dernier redesign date de 2012, avec l’introduction de la mascotte « Cid » qui devrait rester l’image de la version communautaire du système : CyanogenMod.
Un partenariat avec Qualcomm sur de nouvelles fonctions
Le plus important pour Cyanogen, pourtant, est son partenariat avec le géant des puces pour les mobiles : Qualcomm. Avec son programme Qualcomm Reference Design (QRD) censé débuter en avril, le fabricant veut faciliter la production de terminaux aux coûts réduits. Cyanogen OS avec ses particularités comme son lanceur d’applications et ses améliorations de sécurité seront donc proposées aux constructeurs via QRD. Une aubaine.
Ce programme est « une collaboration qui fournira un support des meilleures fonctions et améliorations d'interface du système Cyanogen sur certains processeurs Qualcomm » dans les séries 200, 400 et 600, incluant ses prochains modèles 64 bits. L’intérêt pour Cyanogen Inc est de pouvoir toucher très facilement l’ensemble des constructeurs qui dépendent de Qualcomm. Il reste tout de même à déterminer comment ce partenariat contribuera au développement de Cyanogen OS, notamment sur d’éventuelles fonctions réservées aux clients du fabricant.
Le MWC de Barcelone a aussi été l’occasion pour la jeune pousse d’annoncer un nouveau terminal utilisant son OS : la phablette Alcatel One Touch Hero 2+ de 6 pouces, disponible aux États-Unis au deuxième trimestre. Facturée 299 dollars, elle sera équipée d’une puce octo-cœur 4G MediaTek... un concurrent de Qualcomm. « Le Hero 2+ est une conception rafraîchie de la tablette Hero2, comprenant Cyanogen OS, avec des améliorations de personnalisation, de sécurité et de capture photo et vidéo » affirme Alcatel OneTouch dans un communiqué commun.
Concurrencer Google sur son propre terrain
Ce redesign « pro » et le partenariat avec Qualcomm autour de nouvelles gammes de puces sont censés introduire Cyanogen Inc dans le monde des grands... Soit face à Android de Google, dont il est pourtant issu. Depuis sa création il y a plus d’un an, Cyanogen Inc a fourni son système à plusieurs constructeurs de terminaux (Oppo, Micromax ou désormais Alcatel OneTouch), dans le but de « libérer » Android de l’emprise de Google, de plus en plus forte.
Comme nous l’expliquions il y a deux semaines, la société a été formée pour concurrencer Google avec son propre système d’exploitation, en remplaçant la couche de logiciels propriétaires de Mountain View par des alternatives libres ou des versions développées par les constructeurs. Depuis plusieurs années, Google remplace petit à petit certaines fonctions du système par des versions propriétaires, fournies uniquement à ses partenaires, qui perdent au passage le droit de fournir une version concurrente d’Android.
Cyanogen cherche donc à fournir une qualité équivalente aux constructeurs, tout en les laissant plus libres de leurs mouvements. Pour le meilleur et pour le pire. L’entreprise est en train de chercher des investissements, y compris chez de grands groupes comme Microsoft et Amazon, qui peinent à concurrencer Android aujourd’hui. Selon des informations du Wall Street Journal et du site Re/code, Microsoft serait ainsi prêt à investir. Le nouvel accord avec Qualcomm devrait d’ailleurs aider l’entreprise dans ses recherches même si les mésaventures vécues par OnePlus, attaqué en justice en Inde par le constructeur Micromax suite à une mésentente avec Cyanogen, doivent encore rester dans les mémoires.