Le député PS René Rouquet vient de solliciter de Fleur Pellerin un train de mesures pour sauver la situation des vidéoclubs. Un secteur mis à mal par la déferlante Internet et la fuite des clients consécutive, mais qui emploie encore des milliers de personnes.
Armé des chiffres du CNC, le député PS René Rouquet estime que les vidéoclubs enregistreraient désormais une baisse moyenne de leur chiffre d'affaires « de 20 % par an ». La situation est telle qu’« environ 5 % des commerces spécialisés dans ce secteur fermeraient chaque année ». Le nez toujours plongé dans ces données, il indique que « seuls 16 % des cinéphiles déclarent avoir loué au moins un DVD dans l'année en 2013, alors qu'ils étaient encore 31 % en 2008 ». La cause ? « La mise à disposition de produits audiovisuels disponibles en flux continu sur Internet » qui frappe durement les rois de la galette.
Même s’il admet que la disparition de ces boutiques paraît « inéluctable (…) au regard des nouveaux modes de diffusion et de consommation des produits audiovisuels », il demande à la ministre les mesures qu’elle pourrait prendre pour préserver ce secteur « qui emploie encore des milliers de personnes. »
Les vidéoclubs durant les débats Hadopi
La situation des vidéoclubs avait déjà ému les parlementaires dans le passé. En juillet 2009, par exemple, le député UMP Franck Riester, rapporteur du projet de loi Hadopi, avait lu à la tribune de l’Assemblée nationale la lettre que lui avait adressée le gérant d’un vidéoclub de Gironde.
Un témoignage qui devait idéalement lui permettre d’accélérer le vote de ce texte, déjà très contesté. « Le piratage est un vrai fléau pour notre profession, écrivait ce gérant. Pas un jour sans qu’un client nous dise qu’il a déjà vu tel film alors qu’il vient juste de sortir au cinéma. La situation est grave. Les vidéoclubs ferment les uns après les autres et je crains de devoir faire pareil en cette fin d’année. Nous comptons fortement sur votre soutien, monsieur le rapporteur, ainsi que sur le groupe UMP pour défendre notre profession qui reste le moyen le moins cher, le plus créateur d’emplois et le plus convivial d’accès à la culture et souvent le seul pour les petits villages comme le mien. »
En 2008, la justice avait déjà prédit leur lente disparition
Le sujet s’est aussi invité devant la Justice. Ainsi, en août 2008, un vidéoclub, qui avait cessé de payer son bail commercial depuis des mois, avait expliqué devant la cour d’appel de Nîmes que la perte du chiffre d’affaires « est la conséquence des téléchargements illégaux de fichiers sur internet ». Cependant, tel le printemps, les jours meilleurs allaient arriver : « la mise en œuvre de la "loi HADOPI" devrait mettre fin à cette pratique, et permettre le retour de la clientèle vers les magasins de location de vidéos ».
Au regard de la question portée par le député PS, l’histoire a finalement donné raison aux magistrats, lesquels doutaient de la capacité de la boutique à améliorer sa situation pour régler l’ardoise. Selon la Cour d’appel, en effet, « s’il est vraisemblable que la mise en place de la Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet entraînera une diminution importante des téléchargements illégaux, les offres de téléchargements légaux de vidéos se sont développées d'une manière considérable et concurrencent directement les commerces de location. »