onoff : on a testé l'application de Taïg Khris qui multiplie les numéros de mobile

Vas-y, donne tes 06 !
Mobilité 11 min
onoff : on a testé l'application de Taïg Khris qui multiplie les numéros de mobile

Annoncée il y a quelques mois, l'application onoff est désormais disponible. Celle-ci se propose de multiplier les numéros de téléphone mobile qui permettent de vous joindre sur un même smartphone, en quelques secondes. Une pratique pas totalement nouvelle puisque des solutions comme B.duo ou Numbber existent, mais qui a ses avantages.

Actuellement, lorsque vous achetez un téléphone portable avec un forfait, celui-ci est équipé d'une carte SIM permettant de vous identifier sur le réseau de votre opérateur, à laquelle est relié un numéro permettant de vous joindre. Vous pouvez bien entendu changer soit l'un, soit l'autre, mais au final, vous vous retrouvez toujours avec l'association d'une carte avec un numéro.

Un numéro de mobile = une carte SIM, une affirmation de moins en moins vraie

Or, depuis quelques temps, des solutions émergent afin de casser ce lien, et de vous permettre de multiplier les numéros sur un même smartphone, afin de séparer par exemple les appels professionnels et personnels, ou de façon à n'être joignable que de manière temporaire à l'occasion d'une vente sur un site de petites annonces par exemple. Car s'il est possible d'utiliser un portable avec deux emplacements pour des cartes SIM (ou plus), cela n'est pas très flexible et nécessite des modèles spécifiques.

L'un des premiers à avoir creusé dans cette voie est Bouygues Telecom qui a lancé il y a quelques années son initiative B.duo (voir notre test) pour 2 euros par mois. Depuis d'autres solutions indépendantes d'un opérateur sont arrivées sur le marché, à la manière Movirtu rachetée il y a quelques mois par BlackBerry. Plus proche de nous, on pense à Numbber, qui prend la forme d'une application disponible sur Android et iOS et se présente comme « la 1ère carte SIM virtuelle », ce qui n'est pas forcément aussi simple comme nous le verrons un peu plus loin.

Taïg Khris lève un million d'euros pour son application onoff

Mais un nouvel acteur vient d'arriver : onoff Telecom. Une société disposant de bureaux à Paris et en Estonie, dont le PDG n'est autre que Taïg Khris, ancien champion du monde de roller et notamment vainqueur des X Games en phase de reconversion. Elle dispose d'un accord avec Transatel (pour la fourniture de ses numéros) et édite une application qui avait été présentée lors du salon LeWeb 2014 qui se déroulait à Paris en décembre dernier, mais qui n'était pas encore disponible : onoff. 

Lors d'une interview accordée à nos confrères de La Tribune, l'ancien champion indiquait d'ailleurs avoir levé un million d'euros auprès d'investisseurs pour se financer, « surtout des amis, qui ont mis de petits ou de gros tickets, et qui ont cru dans le potentiel du projet et dans mon acharnement » et aboutir au lancement puis développer le projet à l'international. Depuis hier, l'application est proposée pour Android et iOS et accessible à tous. Une version pour Windows Phone est prévue pour arriver « prochainement », sans plus de détails pour le moment.

Un ou plusieurs numéros, que l'on peut faire passer simplement d'un appareil à l'autre

Son fonctionnement est relativement simple : une fois l'application installée et votre compte créé (via un simple email ou votre compte Facebook), on choisit un numéro de téléphone, avec un indicatif 06, parmi une liste prédéfinie. Attention ici, pas de portabilité possible pour le moment.

Une fois activé, votre numéro vous permet immédiatement de recevoir des appels, d'en émettre, de disposer d'un répondeur, mais également de discuter via SMS avec l'ensemble de vos contacts, et ce, quel que soit leur opérateur ou le vôtre. Tout passera alors par l'application et non plus par les services natifs du système :

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Chaque numéro peut évidemment se voir relié à une liste de contacts spécifique au sein de l'application, et peut être désactivé ou réactivé sur simple demande (le répondeur prendra le relais), via un bouton prévu à cet effet. Il est aussi possible de le supprimer définitivement via les paramètres, il ne sera alors réattribué à un tiers qu'au bout de six mois.  Si vous le souhaitez, il est également possible de le protéger par un code PIN afin de le cacher sur la page d'accueil via les options en « glissant » le numéro vers la droite ou la gauche. Il faudra ensuite secouer le téléphone pour accéder à l'option de déverrouillage pour le réafficher.

Notez qu'il est également question d'un « mur » permettant de partager du contenu multimédia avec certains de vos contacts, numéro par numéro, une sorte de mini-réseau social privé afin d'introduire un aspect communautaire et de ne pas totalement se couper des partages de photos par exemple, les MMS n'étant pas gérés.

Chaque compte pourra disposer de plusieurs numéros, qui seront accessibles depuis l'appareil mobile sur lequel vous serez connecté. Ainsi, si vous perdez ou changez votre smartphone, ou qu'il n'a simplement plus de batterie, il vous suffit de vous connecter sur un autre afin de pouvoir récupérer toutes vos informations et vos numéros et être à nouveau joignable. Bien entendu, il ne sera possible d'être connecté qu'à un appareil à la fois.

D'ailleurs, la connexion à un appareil tiers semble pour le moment mal gérée sous iOS et fait planter l'application sur l'appareil où vous étiez connecté au départ. D'autres ont noté des soucis avec l'import de contacts (qui n'est d'ailleurs pas obligatoire), ce que l'équipe a promis de corriger au plus vite.

De 2,99 à 9,99 euros par mois par numéro, les appels entrants décomptés du forfait

Le premier numéro est gratuit à l'occasion du lancement, une offre qui ne sera que temporaire. D'ailleurs, si vous supprimez ce premier numéro, il faudra directement payer pour le suivant. Côté tarif, il est question de 2,99 euros par mois pour un numéro classique. Mais certains, plus faciles à retenir et plus « sexys », sont proposés à 4,99 euros (Premium) ou 9,99 euros par mois (Elite), selon les cas. Le tout passe bien entendu par la facturation des Store, Apple et Google prenant leur commission au passage. Une facturation mensuelle qui limitera l'utilisation pour des besoins de courte durée puisque le montant est prélevé même si le numéro est supprimé au bout de quelques jours. Certains auraient aussi sans doute aimé que des packs soient proposés pour réduire la facture pour les gros consommateurs.

Quoi qu'il en soit, ce montant pourra vite apparaître comme fort de café pour une offre qui repose sur votre forfait sans vous apporter de temps d'appel supplémentaire. Pour rappel, un MVNO comme Joe Mobile propose pour 9 euros par mois une ligne avec appels, SMS et MMS illimités ainsi que 100 Mo de data, alors que Free Mobile fait de même mais avec 50 Mo de data et avec deux heures d'appel pour 2 euros. La dématérialisation et la personnalisation du numéro peuvent donc coûter cher.

Car s'il n'y a pas besoin d'acheter des minutes de communication ou des crédits ici, tout passe par le réseau de votre opérateur et se retrouve décompté de votre propre forfait mobile. Et attention, car cela concerne aussi bien les appels et messages que vous envoyez, que ceux que vous recevez. L'utilisateur se voit ainsi précisé que « tous les appels entrants seront décomptés de votre forfait mobile mensuel. Ces minutes seront décomptées comme des minutes d'appels sortantes nationales vers une ligne fixe ou mobile ». Autant dire que cela s'adresse surtout à ceux qui ont un forfait avec des appels illimités ou qui communiquent peu. 

De quoi effrayer les opérateurs qui pourraient ainsi voir leur réseau utilisé de manière plus intensive sans toucher de revenus supplémentaires ? Pas selon Taïg Khris qui se veut rassurant. Chez nos confrères de BFM Business, il a ainsi précisé avoir « rencontré tous les plus grands opérateurs. Ils ont trouvé l'application et le business model incroyables. Ils ont compris que cela va changer des choses, mais ils ont compris également que cela va donner plein de nouveaux usages. » Reste à voir si cela sera toujours le cas dans les semaines et les mois qui viennent, et s'ils ne chercheront pas à proposer directement une solution concurrente plutôt que de s'associer à l'initiative.

Numbber est-il un réel concurrent pour onoff ?

Afin de mieux comprendre le fonctionnement de cette application, nous avons décidé de l'installer sur l'un de nos smartphones. L'occasion de la comparer avec ce qui pourrait apparaître comme l'un de ses concurrents : Numbber. Un service édité par la société Simply Lab, située à Perpignan qui se présente comme une carte SIM virtuelle. Mais nous allons voir que dans la pratique, les deux solutions sont assez différentes.

En effet, Numbber ne gère que les appels, et pas les SMS. Vous ne pouvez disposer que d'un seul numéro à la manière de B.duo, et il faudra forcément passer par un abonnement mensuel à 0,99 euro afin d'en profiter. De plus, il commence par 09 cette fois-ci. Il s'agira donc d'un numéro de fixe, et non de mobile, avec les avantages que cela apporte en termes de facturation pour celui qui cherche à vous joindre. On se retrouve ainsi plutôt avec un équivalent du numéro Skype, facturé 6 euros par mois ou 60 euros par an par Microsoft, mais qui ne passe pas par la VoIP comme nous le verrons un peu plus loin.

Et pour les communications entrantes et sortantes, s'il ne sera pas question d'un décompte de votre forfait, il vous faudra acheter des recharges : 2,99 euros pour 30 minutes ou bien 3,99 euros pour 60 minutes. Cela concerne les appels en France, vers des fixes ou des mobiles. Une offre d'essai gratuite de 7 jours avec 10 minutes d'appel est proposée aux nouveaux clients. Ici, c'est donc clairement la solution de Taïg Khris qui marque des points.

Numbber

onoff et Numbber : par où passent les appels ? Un accès à internet est-il nécessaire ?

Mais que ce soit onoff ou Numbber, pour passer un coup de téléphone il faudra disposer d'une connexion à Internet. Idem pour les SMS avec l'application onoff. C'est d'ailleurs là une des principales limitations de ce genre de service comparé à un numéro classique attaché à une carte SIM. Ensuite, dans les deux cas, l'application composera automatiquement un numéro spécial non surtaxé (commençant par 06 pour onoff et 09 pour Numbber) afin de vous mettre en liaison avec votre correspondant. Une fois l'appel lancé, il est possible de désactiver complètement le Wi-Fi et la data, la communication continuera de fonctionner normalement. La VoIP n'est donc pas utilisée, ce qui sera utile dans le cas où la couverture est faible.

Lors de la réception d'un appel, les différences sont par contre flagrantes entre les deux applications : sans connexion à Internet, il est possible de recevoir une communication vocale avec Numbber, et cela passera par l'application native de votre smartphone, un peu à la manière d'une redirection d'appel. C'est d'ailleurs l'appareil disposant de votre carte SIM qui sonnera, peu importe où l'application est lancée. Cela n'est pas le cas avec onoff qui fonctionne de manière assez particulière : lorsque l'on répond à un appel, l'application va automatiquement composer un numéro en 06 afin d'établir le contact avec votre correspondant. Cette technique a l'avantage d'éviter à onoff de supporter le coût des communications jusqu'à votre terminal, mais elle a l'inconvénient de vous obliger à attendre quelques secondes de plus avant de pouvoir dialoguer avec votre correspondant.

Il faudra donc être particulièrement attentif à l'étranger, sauf si vous disposez d'un forfait vous permettant de passer des appels à moindres frais vers un numéro français depuis le pays où vous êtes. À l'inverse, on pourrait imaginer une solution permettant de passer par une SIM locale et un numéro local lorsque l'on est à l'étranger, tout en étant joignable via un numéro mobile français, ce qui pourrait être prévu à terme puisque l'extension à l'international est annoncée pour cette année.

La guerre des numéros virtuels prête à commencer

Quoi qu'il en soit, onoff a l'avantage de prendre en charge les SMS, de gérer plusieurs numéros et d'être en partie gratuit pour le moment. Mais, comme nous l'avons évoqué plus haut, cela ne durera pas et l'on ne connaît pas encore le calendrier précis pour la bascule vers une offre payante dès le premier numéro. 

Il faudra aussi voir ce qu'il en est du côté de la sécurité des communications et le chiffrement des données sur les différents systèmes qui interviennent dans l'acheminement des appels. Des points qui ne sont pas vraiment abordés de manière précise pour le moment par les différents services, qui se veulent néanmoins rassurants et annoncent que tout est fait pour assurer la sécurité et la confidentialité des informations des utilisateurs.

Numbber, qui était relativement tranquille sur son segment, fait donc désormais face à un concurrent de poids, poussé par une ancienne star des sports extrêmes et largement connu par toute une génération, ce qui devrait lui procurer une couverture médiatique sans commune mesure. La bataille promet donc d'être serrée entre les deux, et chacun devra évoluer dans les mois à venir pour gagner en utilisateurs et en parts de marché... à moins qu'un nouvel acteur ne vienne s'ajouter à la liste et ne rafle la mise, que cela vienne de BlackBerry ou d'un autre constructeur, ou du côté des opérateurs qui pourraient enfin se réveiller et proposer leurs propres solutions, un peu à la manière de B.duo.

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