Sébastien Soriano, nouveau président de l'ARCEP était interviewé par nos confrères du Figaro. L'occasion d'évoquer les chantiers en cours comme la bande de fréquences de 700 MHz et les moyens financiers, mais aussi le cas particulier de l'itinérance entre Free et Orange.
Depuis le 15 janvier, l'ARCEP dispose d'un nouveau président : Sébastien Soriano. Il connait bien le petit monde des télécommunications puisqu'il était déjà passé à l'ARCEP auparavant, ainsi qu'à l'Autorité de la Concurrence notamment (voir notre analyse). Il était récemment passé au Sénat afin d'évoquer la prochaine mise en vente des fréquences de 700 MHz, jugeant le calendrier de « très ambitieux ». Un peu plus d'un mois après sa prise de fonction, il était de passage chez nos confrères du Figaro afin de répondre à quelques questions.
Free/Orange : l'itinérance ne doit pas se transformer « en drogue de substitution »
Sujet d'actualité, il a d'abord été question de la loi Macron qui donne au gendarme des télécoms de nouveaux pouvoirs, notamment sur le partage des réseaux mobiles entre opérateurs, et donc l'itinérance. Bien évidemment, c'est de l'accord signé entre Free et Orange sur la 2G et la 3G dont il était question ici. Sébastien Soriano annonce clairement la couleur : « si l'itinérance se transforme en drogue de substitution, ce n'est pas bon. Il faut organiser le sevrage. Pour aller vers un modèle où, en zone dense, chacun a son réseau et, en zone moins dense, les réseaux sont mutualisés. »
Et pour le président de l'ARCEP, l'issue de ce contrat ne fait aucun doute. Une fois le texte de loi sera passé entre les mains du Sénat : « nous commencerons le dialogue avec les acteurs (Orange et Free, NDLR) pour organiser la fin de l'itinérance. » Aucun calendrier n'est par contre précisé, mais, pour rappel, le contrat doit normalement se terminer en 2017 et Stéphane Richard avait déjà annoncé qu'il ne souhaitait de toute façon pas le prolonger.
Concernant l'accord de mutualisation entre Bouygues Telecom et SFR-Numericable, Sébastien Soriano indique que « le texte de loi ne demande pas à l'ARCEP de réglementer a priori, mais elle peut poser des limites aux différents accords ». Une sorte d'avertissement au cas où les choses viendraient à déraper.
Secteur des télécoms : l'ARCEP ouverte aux « bonnes consolidations »
Il est ensuite question de la consolidation du marché des télécoms avec un éventuel retour à trois opérateurs. Si l'ARCEP semble favorable « aux bonnes consolidations », Sébastien Soriano se montre relativement direct : « Dans le cadre d'une éventuelle consolidation du secteur, je déconseille aux opérateurs de faire des plans sur la comète ».
Dans le fixe, le régulateur veut simplifier le changement d'opérateur via la mise en place d'un « relevé d'identité d'opérateur fixe », espèce de frère jumeau du RIO dans le mobile. Pour rappel, il est déjà possible de demander la portabilité de ses numéros fixes lors du passage d'un opérateur à l'autre, mais sous certaines conditions uniquement (voir notre dossier). Il faudra donc voir ce que l'ARCEP souhaite exactement mettre en place, mais l'idée semble intéressante.
Quid des moyens financiers ?
Pour finir, nos confrères ont demandé à Sébastien Soriano si l'ARCEP disposait des moyens nécessaires pour assumer toutes ses fonctions. La réponse de l'intéressé est, là encore, sans ambiguïté : « Je crains que cette programmation [NDLR : les moyens budgétaires] n'ait été pensée pour asphyxier l'ARCEP ». Il ajoute : « faute de moyens, nous risquons de fragiliser des dossiers ou de prendre six mois de retard. Certes, tout le monde doit faire des efforts, mais de manière juste. » Reste maintenant à voir si sa demande sera entendue...