Microsoft a dévoilé hier ses résultats pour le deuxième trimestre de son exercice fiscal 2015. Comme d'habitude, le géant de Redmond affiche de très larges bénéfices, malgré un net coup de frein du côté des ventes d'Office et de Windows aux OEM. Mais surtout, la société a enregistré le plus fort chiffre d'affaires trimestriel de son histoire.
Les résultats financiers de Microsoft sont rarement décevants, et cela se vérifie encore au dernier trimestre. Le géant de Redmond est implanté dans de nombreux domaines, du logiciel au matériel, ce qui lui permet de ne pas fléchir quand une de ses principales branches faiblit. Nous en avons la parfaite illustration avec les chiffres d'aujourd'hui.
2015, l'année de tous les records ?
Si l'on regarde Microsoft dans sa globalité, il est difficile de s'inquiéter de quoi que ce soit. Au dernier trimestre, le géant du logiciel a réalisé un chiffre d'affaires de 26,470 milliards de dollars, en hausse de 8 % sur un an, et signe ici son meilleur trimestre de toute son histoire. Concernant son bénéfice opérationnel, il est de 7,776 milliards de dollars, en baisse de 2 % sur la même période. Le bénéfice net s'établit quant à lui à 5,863 milliards de dollars, contre 6,558 milliards un an plus tôt. Si la baisse du bénéfice est notable, il n'y a pas encore de quoi s'inquiéter pour la société, qui garde encore des bases très solides.
Il est à noter que malgré ces importants bénéfices, Microsoft a récemment amputé ses effectifs en se séparant de près de 18 000 salariés, dont 12 500 employés de Nokia. Sur le plan financier, cela n'a toutefois pas encore d'influence sur les résultats de la société, puisqu'elle a du faire face à d'importantes charges de restructuration, de 243 millions de dollars sur ce trimestre et de plus d'un milliard trois mois plus tôt.
Sur six mois, le chiffre d'affaires culmine à 49,671 milliards de dollars. À ce rythme, le géant américain semble assuré de franchir pour la première fois de son histoire la barre des 90 milliards de chiffre d'affaires annuel, contre 86,8 milliards l'an passé. Il pourrait même être sur le point d'entrer dans le cercle très fermé des entreprises capables de générer un CA annuel de plus de 100 milliards de dollars.
Microsoft est en effet assis sur un trésor de guerre conséquent, avec un peu plus de 90 milliards de dollars de liquidités, de quoi lui permettre de racheter 36 fois Mojang avant de devoir piocher dans le reste de ses actifs. Malgré cela, Microsoft est toujours endetté, avec 18,2 milliards de dollars de dettes à long-terme, une somme importante, mais en baisse de 2,4 milliards par rapport à l'an dernier. Au rythme actuel de 200 millions de dollars par mois, il faudra encore 7 ans et demi à la société pour se débarrasser de ce poids.
Les ventes de licences patinent, au profit d'autres modèles économiques
Si vu dans son ensemble, le tableau semble idyllique, la réalité est quant à elle un peu plus nuancée. Habituellement, les ventes de logiciels aux fabricants d'ordinateurs et aux particuliers agissent comme un moteur pour l'entreprise, mais cette fois-ci c'est l'inverse qui est en train de se produire.
Les revenus liés aux ventes de Windows aux manufacturiers sont ainsi en baisse de 13 % aussi bien pour les machines destinées aux particuliers que pour celles vouées au marché professionnel. Une baisse logique, qui survient suite aux fortes hausses enregistrées l'an dernier après l'arrêt du support de Windows XP. La firme de Redmond assure ainsi être « revenue à des niveaux équivalents à ceux précédant l'annonce de fin de support de Windows XP ».
Du côté d'Office, la chute est de 25% concernant les ventes de licences aux particuliers. Une piètre performance que Microsoft justifie par « un déclin du marché du PC au Japon, où le taux d'attachement d'Office est élevé ». Par contre, les abonnements à Office 365 sont en nette hausse, l'entreprise annonçant disposer d'un parc de 9,2 millions d'abonnés, un chiffre en hausse de 30 % sur trois mois. Concernant Windows Phone, faute de partenaires, les revenus des licences sont en baisse de 61 %, ce qui ne surprendra personne.
Globalement les ventes de licences se portent toutefois plutôt bien, aidées par une hausse de 7 % des revenus issus des produits liés aux serveurs, tels que SQL Server, Windows Server et System Center. Autre facteur de croissance le Cloud et Azure, dont les revenus ont augmenté de 114 % et génèrent désormais 5,5 milliards de dollars par an. Au total, cette branche aura généré sur ce trimestre un chiffre d'affaires de 13,27 milliards de dollars, en hausse de 5% sur un an, avec une marge brute de 81,6 %.
Les « devices » se portent bien
Les ventes de téléphones et de smartphones semblent aussi plutôt bien se porter pour Microsoft. La société ne détaille les comptes de cette branche que depuis neuf mois, il est donc encore un peu tôt pour tirer des tendances, mais quelques signaux encourageants sont visibles. En volume, Microsoft a vendu 10,5 millions de Lumia au dernier trimestre un chiffre « en hausse aussi bien sur trois mois que sur un an », selon le constructeur, mais cette hausse est principalement due aux terminaux d'entrée de gamme, « tels que les Lumia séries 500 et 600 » admet Satya Nadella, le PDG de Microsoft. Les récentes importantes promotions (avec parfois un smartphone offert pour un acheté) ne doivent pas non plus être étrangères à ces résultats.
En plus des smartphones, Microsoft a écoulé 39,7 millions de téléphones « non-Lumia », un chiffre en baisse par rapport à l'an passé. Au total, la branche « Phone Hardware » du constructeur aura généré sur ce trimestre un chiffre d'affaires de 2.28 milliards de dollars, avec une marge brute de 330 millions, soit environ 14 %.
Pour ce qui touche à Surface, Microsoft est par contre plus discret, assurant seulement que ses tablettes lui ont permis de collecter 1,1 milliard de dollars de revenus au dernier trimestre « en hausse de 24 % », sans préciser quelle est la période de référence. Seule information notable, cette croissance serait portée par les ventes de Surface Pro 3 et de ses accessoires.
La Xbox nage entre deux eaux
Concernant la branche Xbox, les résultats sont assez contrastés. D'un côté, Microsoft annonce avoir vendu 6,6 millions de consoles au dernier trimestre Xbox 360 et Xbox One cumulées, contre 7,4 millions il y a un an (dont 3,5 millions de Xbox 360 et 3,9 millions de Xbox One), ce qui n'est pas très glorieux et correspond à une baisse de 20 % en termes de revenus.
De l'autre côté, on notera que les revenus liés au Xbox Live sont en hausse de 42 % sur le trimestre, bien aidés par les fêtes de fin d'année et un « volume de transactions plus élevé » en cette saison. Cette croissance a bien profité aux titres maison, dont le chiffre d'affaires est en hausse de 79 % sur la même période. Une performance que Microsoft met à l'actif de « Minecraft suite à l'acquisition de Mojang, Halo : The Master Chief Collection et Forza Horizon 2 ».
En cumulant les ventes de Surface à celles de consoles Xbox et de leurs accessoires, Microsoft a réalisé un chiffre d'affaires de 4 milliards de dollars avec une marge brute de l'ordre de 460 millions de dollars.