AMD et Intel ont dévoilé il y a quelques jours leurs résultats financiers pour le dernier trimestre de 2014. Sans surprise, les deux fondeurs sont dans des situations très différentes, l'un affichant une santé presque indécente, pendant que son concurrent est toujours à l'arrêt.
Cela fait plusieurs décennies qu'AMD et Intel se livrent une lutte sans merci sur le marché des microprocesseurs. Cette bataille tourne pour le moment très largement en faveur du géant de Santa Clara, qui enchaine les trimestres positifs et accumule des milliards de bénéfices chaque année, alors même que l'on disait le marché du PC totalement perdu. Dans le même temps, son concurrent cherche surtout à assurer sa survie, en attendant des jours meilleurs.
AMD annonce des baisses et des pertes
Lors du quatrième trimestre 2014, AMD apparaissait presque en forme, grâce aux revenus dégagés par la fourniture « de SoC semi-personnalisés », autrement dit, la vente de puces pour les consoles de Microsoft et Sony. Cette année, ce sont plutôt les ventes de processeurs et de GPU pour PC de bureau qui ont eu une influence sur les résultats, et celle-ci n'est pas fameuse.
Avec des ventes de CPU et de GPU en baisse de 15 % sur trois mois, et une branche Enterprise, Embedded and Semi-Custom dont les revenus ont chuté de 11 % sur la même période, le chiffre d'affaires d'AMD s'est établi à 1,24 milliard de dollars au quatrième trimestre 2014. Soit 13 % de moins qu'au trimestre précédent, et 22 % de moins que l'an passé. La marge brute de l'entreprise a également beaucoup souffert, passant de 35 % fin septembre à 29 % fin décembre.
T'es GAAP ou pas-GAAP ?
Concernant le résultat net, d'AMD, il n'est pas simple de conclure. En respectant les principes comptables standard (ou GAAP) la firme de Sunnyvale affiche une perte nette de 364 millions de dollars, ce qui est plutôt douloureux. Mais cette perte est due à plusieurs facteurs qui ne sont pas nécessairement en lien direct avec les performances de l'entreprise. Il est ainsi question d'une dévaluation de la branche Computing and Graphics, chargée du développement de processeurs pour ordinateurs et de GPU, influant négativement sur la balance à hauteur de 233 millions de dollars. Une dévaluation que la société est obligée de mentionner dans ses comptes.
AMD a également dû réajuster la valeur de ses stocks, ce qui l'oblige à ajouter une ligne dans ses comptes, lui faisant perdre 58 millions de dollars. Enfin, 71 millions de pertes sont imputables aux coûts de restructuration de l'entreprise. Parmi ces coûts, 10 millions concernent des frais liés au départ de Rory Read, son ancien PDG.
Une fois ces éléments exceptionnels déduits, les résultats d'AMD laissent un peu plus de place à l'optimisme, en montrant un bénéfice net au dernier trimestre de 2 millions de dollars, faible, mais bien présent. Sur l'année, le chiffre d'affaires est en hausse de 4 %, à 5,51 milliards de dollars avec une perte nette de 403 millions de dollars (GAAP) ou un bénéfice net de 51 millions de dollars en excluant les charges exceptionnelles.
Reste maintenant à voir si les dernières décisions de restructurations et surtout, si les produits en cours de préparation seront, ou non, à même d'arranger les choses pour 2015.
L'insolente santé financière d'Intel
Du côté d'Intel que l'on tienne compte ou non des charges exceptionnelles ne change rien au bilan. Le géant de Santa Clara se porte à merveille et tous les voyants sont au vert. Sur l'année 2014, le fondeur affiche un chiffre d'affaires de 55,9 milliards de dollars en hausse de 6 % sur un an, avec un bénéfice net de 11,7 milliards, en hausse de 22 %. À titre de comparaison, le bénéfice net enregistré par Intel correspond donc à plus du double du chiffre d'affaires d'AMD sur la même période.
Sur le dernier trimestre, les indicateurs sont aussi au beau fixe, avec un CA en hausse de 6 % à 14,7 milliards de dollars, et un bénéfice net en hausse de 34 % sur un an à 3,7 milliards de dollars. Intel peut aussi se réjouir de sa marge brute sur cette période, qui a culminé à 65,4 %, contre 62 % un an plus tôt. Une hausse que l'entreprise attribue à la réduction de ses coûts de fabrication, ainsi qu'à la hausse du prix de vente moyen de ses produits.
Pour l'an prochain, Intel prévoit une hausse de son chiffre d'affaire de l'ordre de 5 % avec une marge brute d'environ 62 % sur l'année, contre 63,4 % sur 2014. Une variation due à une hausse des coûts de productions, liée à la généralisation de la gravure en 14 nm, qui nécessite de lourds investissements.