Il y a quelques jours, l'affaire faisait grand bruit : armé d'un brevet délivré par l'United States Patent le 13 janvier 2015, certains prêtaient à Apple l'intention de lancer un concurrent à GoPro. Conséquence, l'action de la société chutait en bourse... alors que la situation n'était finalement pas aussi simple que cela. Mais que s'est-il passé ?
Dans le petit monde de l'informatique, il suffit parfois d'une rumeur et/ou d'une fausse information (la première pouvant conduire à la seconde) pour faire ou défaire la santé financière d'une société. L'un des derniers exemples marquant en date est certainement le cas de GT Advanced Technologies (GTAT), une société spécialisée dans le saphir de synthèse qui s'est mise en faillite début octobre, peu de temps après le lancement des iPhone 6 et 6 Plus d'Apple. Les smartphones intègrent en effet toujours une couche de Gorilla Glass, et non pas un écran de saphir de synthèse comme certaines (fausses) rumeurs le laissaient entendre il y a quelques temps.
Quand une rumeur donne lieu à une importante incidence sur l'avenir d'une société
Plus récemment, une autre histoire de fausses informations et de rumeurs est remontée à la surface lors d'une OPA sur le groupe Club Med. Comme l'indiquent nos confrères d'Arrêt sur Images, « de faux profils d'analystes financiers ont été utilisés par des agences de communication afin d'influencer le déroulement » de cette opération. Des publications ont été mises en ligne sur différents sites, notamment via des blogs internes. Le but étant évidemment d'influencer les tractations en cours. Il ne s'agit là que de deux exemples, mais ce genre de situation se reproduit très régulièrement.
Il y a quelques jours, c'était au tour de GoPro d'en faire les frais, suite à des rumeurs apparues dans la presse. En effet, le site Patently Apple indique que la société de Cupertino vient d'obtenir un brevet (portant le numéro 8 934 045) sur « une caméra numérique avec une télécommande ». Si la GoPro HD Hero2 est citée sans détour dans ce brevet, elle sert uniquement de base de référence. Mais cela n'empêche pas certains de prendre cette annonce comme une volonté d'Apple de lancer un concurrent aux caméras GoPro.
Certes un brevet pour Apple, mais provenant du rachat d'un lot de plusieurs milliers
Néanmoins, comme le précisent nos confrères d'Apple Insider, les choses ne sont pas aussi simples que cela. En effet, le brevet dont il est question n'est pas nouveau, et il date même de 2012 (premier dépôt). La même année, Kodak le rachète à ses trois inventeurs : Karn Keith, Krolczynk Marc et Jorza Kazuhiro.
Début 2013, il change de mains lorsque Kodak vend pas moins de 1 100 brevets concernant l'image numérique à Apple et Google, pour un total de 527 millions de dollars. Suite logique des événements, le brevet dont il est aujourd'hui question est donc arrivé dans l'escarcelle d'Apple. Il ne s'agit donc pas d'une demande expresse de la part d'Apple, mais d'un brevet récupéré suite au rachat d'un lot en comprenant plus d'un millier, ce qui n'est pas franchement la même chose. Précisons à toutes fins utiles qu'aucune annonce officielle n'a été faite par la marque à la pomme.
Crédit image : Google Patents
Un concurrent de GoPro en préparation chez Apple ? LA question... qui n'a pas de réponse
Quoi qu'il en soit, en plus d'alimenter de nombreuses rumeurs sur les intentions d'Apple, toute cette agitation a eu un impact important pour GoPro : une chute de près de 15 % de sa cotation boursière. L'action est ainsi passée de près de 57 dollars le 12 en fin de journée à moins de 49 dollars le 13 janvier avant de repasser à plus de 52 dollars mercredi 14. La journée du 15 était relativement stable, avant une nouvelle baisse vendredi 16 à moins de 48 dollars.
Précisons enfin que rien n'est certain dans ce genre de cas : Apple pourrait très bien lancer demain des caméras du genre des GoPro, comme la société pourrait ne jamais s'intéresser à ce marché ; rien ne permet d'affirmer une des deux hypothèses. Une situation qui est finalement valable quel que soit le brevet obtenu (les sociétés ne s'en servent pas toujours pour lancer de nouveaux produits) et pas uniquement dans le cas particulier que nous venons d'évoquer.
Une rumeur en chasse déjà une autre : au tour de l'action BlackBerry de jouer au yoyo
Mais une rumeur en chasse rapidement une autre et une nouvelle histoire a fait les gros titres en fin de semaine dernière. On prêtait en effet à Samsung l'intention de racheter BlackBerry pour près de 7,5 milliards de dollars, des tractations étaient même en train de se dérouler selon « certaines sources ».
Une information qui aura finalement été rapidement démentie par BlackBerry. Mais, suite à cela, l'action du Canadien a fait un bond de près de 30 % à plus de 12 dollars, une valeur qui n'avait pas été atteinte depuis l'été 2013... avant de retomber quelques heures plus tard lors de la réouverture de la bourse. Là encore, une rumeur et un démenti, le tout en quelques heures seulement, ont suffi à faire bouger la bourse, et pas qu'un peu.
Si la machine médiatique s'emballe parfois pour un rien, elle peut également être « aidée » par des intervenants tiers qui se chargent de diffuser de fausses informations, comme avec le Club Med. La question est donc maintenant de savoir quelle sera la prochaine société à en faire les frais et/ou à en profiter ?