Alors qu’Apple a récemment mis un terme à une action de groupe qui réquisitionnait une partie de ses avocats depuis presque dix ans, une autre est déjà là pour remettre en question l’espace disque consommée par iOS 8 et ses mises à jour. La firme est accusée d’orienter les utilisateurs vers des abonnements iCloud plus onéreux et comportant davantage d’espace en ligne.
Un système qui cause encore des soucis à Apple
Le moins que l’on puisse dire est que le lancement d’iOS 8 ne se sera pas bien passé. Problèmes de performances, catastrophique première mise à jour 8.0.1 entrainant la coupure de la connexion sur les nouveaux iPhone 6, bugs divers et sérieux soucis à l’installation, en raison surtout d’un espace trop important requis par le système, ont émaillé les premières semaines. C’est ce dernier point qui fait désormais l’objet d’une class action aux États-Unis.
Entre 4 et 8 Go en moyenne : telle est la place réclamée par iOS 8 pour bien vouloir s’installer, en fonction de l’appareil que l’on possède. La faute à une mécanique qui n’est d’ailleurs pas propre à Apple, puisque le système doit être décompressé avant de pouvoir être réellement installé. iOS 8 pesant environ 2 Go en forme compressée, l’appareil doit disposer d’assez d’espace libre pour effectuer toutes les opérations, notamment les déplacements de données. Cependant, la difficulté peut être assez facilement contournée en passant par iTunes, l’ordinateur effectuant les opérations de décompression. Reste qu’iOS 8 réclame dans tous les cas plus d’espace que la version 7.
Jusqu'à un quart de l'espace consommé par le système
Pour les utilisateurs, le vrai problème mis en évidence par cette « gourmandise » est dans la manière dont les tailles de stockage sont affichées sur les iPhone, et donc la perception commerciale qu’en ont les clients. Dans la plainte, abordée par Forbes notamment, on trouve ainsi un tableau montrant la proportion d’espace dévoré par iOS 8 selon les appareils, dans leur mouture 16 Go. 18,1 % de la mémoire de l’iPhone 5s sont ainsi consommés, un chiffre qui s’élève à 23,1 % sur un iPod dont on suppose qu’il s’agit d’un Nano. Les autres appareils oscillent entre ces ceux valeurs et on peut estimer qu’iOS 8 consomme donc en moyenne un cinquième des 16 Go. L’iPhone 5c, devenu l’entrée de gamme, ne comporte plus maintenant que 8 Go et dispose en réalité de moins de la moitié de cet espace en pratique.
Le thème de la plainte n’est donc pas nouveau en tant que tel : les utilisateurs sont mécontents d’un appareil présenté comme possédant un certain espace de stockage, mais qui ne peut proposer en réalité qu’une place amputée d’une partie réservée par le système et les composants obligatoires. Une problématique similaire au cas de la Surface de Microsoft dont la version 32 Go était bien loin de proposer tout cet espace.
Pour les plaignants, les informations disponibles sont trompeuses
La plainte, déposée le 30 décembre dans un tribunal fédéral de Californie, indique qu’Apple commercialise ses produits avec des indications trompeuses. Outre des dommages et intérêts, les plaignants réclament un changement, en vertu de la loi californienne, dans les pratiques du constructeur afin que les informations disponibles soient beaucoup plus claires. On pourrait imaginer par exemple un double affichage, la taille totale étant suivie entre parenthèses de celle disponible en pratique.
Pour l’instant, il est en tout cas reproché à la firme de Cupertino de tromper les utilisateurs puisqu’elle sait pertinemment que ses produits ne proposent pas l’espace indiqué sur les publicités. Une information qui serait tenue secrète pour ne pas éveiller les soupçons des clients, qui s’apercevraient alors trop tard qu’il leur manque de l’espace. Le rôle du système n’étant pas forcément compris dans l’ensemble, il serait simple pour l’utilisateur de se dire qu’il est naturellement arrivé au bout de cette capacité à force de photos, de vidéos, de musique et ainsi de suite.
Les utilisateurs forcés de se tourner vers des abonnements payants
Sur la page 4 de la plainte, au point 11, on peut ainsi lire : « En réalité, la capacité vantée sur les appareils n’est en rien proche de celle disponible aux utilisateurs. En fait, la différence entre l’information publique et la capacité réelle est significative et au-delà de toute possibilité de la deviner ». Conséquence selon les plaignants, les utilisateurs sont parfois obligés de se tourner vers des abonnements iCloud, car la formule de base, gratuite, ne propose que 5 Go. Plus l’utilisateur possède de données, plus les sauvegardes prennent de place, et la manière dont fonctionne iOS encourage effectivement à disposer d’un espace en ligne supplémentaire pour garder par exemple toutes ses photos et vidéos au chaud, tout en supprimant tout ou partie du contenu local.
Il ne faut pas oublier cependant qu’un modèle comportant 16 Go de stockage ne représente pas la panacée pour enregistrer des données justement. Les capacités toujours plus grandes des appareils photos permettent par exemple, certes, une meilleure qualité, mais au prix d’un espace disque requis toujours plus grand, sans parler des vidéos 1080p. Le problème est en fait le même pour tous les appareils du même acabit et c’est d’ailleurs pour cela qu’il existe des modèles proposant 64 et 128 Go. Certains diraient d’ailleurs que le vrai souci d’Apple est d’avoir gardé les 16 Go pour les premiers modèles d’iPhone 6 et 6 Plus et de ne pas être passé directement à 32 Go. Quand bien même, cela ne règlerait pas les soucis de ceux ont des iPhone 4S, 5, 5c, 5s, iPad et autres.
Un jugement qui pourrait faire jurisprudence
Rappelons également qu’iCloud est loin d’être le seul service capable de stocker des données. Pour une utilisation axée sur le multimédia, Dropbox, OneDrive ou encore Google Drive peuvent tout à fait être utilisés. Avec le premier, l’offre à 10 euros par mois permet d’enregistrer 1 To de données, ce qui est largement suffisant pour la grande majorité des utilisateurs. Avec le deuxième, si ces derniers possèdent un abonnement Office 365, ils disposent déjà de 1 To d’espace sur OneDrive, avec le même résultat que pour Dropbox. En restant dans la même gamme de prix, Apple ne propose que 500 Go, la formule 1 To coûtant 20 euros par mois.
En outre, si la plainte se concentre sur Apple, elle met en exergue un souci valable pour tous les produits comportant un espace de stockage : la taille indiquée n’est jamais celle que l’on peut utiliser. Certains ordinateurs comportent d'ailleurs la mention de la place réellement disponible, autrement dit quand le disque a été formaté. D’où sans doute le véritable intérêt de cette class action, à savoir une éventuelle évolution législative sur ce point, dans l’espoir d’harmoniser les pratiques et de toujours donner au client une information directement exploitable. Car si Apple devait perdre contre cette plainte, le jugement établirait une importante jurisprudence pour les autres affaires similaires qui suivraient.
La firme n'a pour le moment pas réagi à cette plainte.