Bercy désormais mieux armé contre la fraude dans les marketplaces

Bercy désormais mieux armé contre la fraude dans les marketplaces

Via un droit de communication élargi

Avatar de l'auteur
Marc Rees

Publié dans

Droit

30/12/2014 4 minutes
10

Bercy désormais mieux armé contre la fraude dans les marketplaces

Validée hier dans sa quasi-totalité par le Conseil constitutionnel, la loi de finances rectificatives pour 2014 va mieux armer l’administration fiscale contre certaines fraudes dans le domaine des nouvelles technologies et spécialement via les marketplaces.

Très peu commentée, une mesure est passée comme une lettre à la Poste dans la dernière loi de finances rectificatives (voir le futur article 1734 du Code général des impôts). Cet article indique en effet que « pour l’établissement de l’assiette et le contrôle de l’impôt, le droit de communication peut porter sur des informations relatives à des personnes non identifiées, dans les conditions fixées par décret en Conseil d’État pris après avis de la Commission nationale de l’informatique et des libertés ». 

Un droit de communication très élargi

Que signifie cette disposition ? Elle introduit au ceinturon des agents de Bercy un droit de communication élargi qui ne ciblera plus une personne nommément désignée mais permettra d’aspirer un flux d’informations non directement nominatives auprès d’un grand nombre de personnes. Ce droit de communication « s’appliquerait ainsi aux opérateurs de communication électronique, aux fournisseurs d’accès et aux opérateurs des services établis en France, ainsi qu’aux sociétés d’acheminement des colis » a anticipé le Sénat lors de l’examen du texte.

Dans le même sens, la même loi de finances rectificatives ouvre la possibilité pour l’administration d’exercer son droit de communication non seulement sur place mais également à distance et notamment par voie électronique, comme l’avait déjà autorisée la jurisprudence.

Enfin, ce droit frappera non seulement les documents dont la tenue est obligatoire (livres, registres ou rapports comptables) mais également toutes les pièces relatives à l’activité de l’entreprise.

Muscler l'interconnexion des fichiers

Toutes ces mesures vont donc permettre à l’administration fiscale de cibler des informations relatives à des personnes non identifiées, « permettant ainsi la communication de fichiers et l’interconnexion de ceux-ci » ont précisé cette fois les députés. « Cet élargissement donnera aux agents de l’administration fiscale des moyens utiles pour repérer le type d’activités donnant lieu à des fraudes, et n’aboutira pas à une surveillance nominative des internautes. Les personnes concernées par ces investigations en ligne ne seront pas directement identifiées, et le fait que la CNIL soit consultée sur la fixation de modalités de ce contrôle devrait permettre qu’il se déroule dans des conditions respectueuses des droits des personnes. »

Les marketplaces pris pour cibles

Comme nous l’avait confié le ministère des Finances, l’enjeu est ici de s’attaquer notamment aux marketplaces. Ces cybermarchands hébergés par d’autres sites, tels Amazon, qui peuvent être tenté de frauder la TVA. Au-dessus du seuil de 100 000 euros, ils sont en effet tenus de déclarer la taxe sur la valeur ajoutée en France.

« Selon les informations transmises par le Gouvernement, le futur décret en Conseil d’État devrait définir des critères objectifs et précis, afin que le droit de communication demeure ciblé : pourraient ainsi être prises en compte la nature de l’activité, celle des transactions, le montant des opérations (avec des seuils ou des fourchettes), la qualité des personnes (particuliers, personnes morales), ou encore leur situation géographique » a relaté le rapport parlementaire sur la LFR2014 à l’Assemblée nationale.

Avec le droit de communication élargi, l’enjeu sera donc de récupérer une masse de données que l’administration pourra croiser avec d’autres informations plus précises afin de détecter d’éventuelles contrariétés fiscales.

Écrit par Marc Rees

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Un droit de communication très élargi

Muscler l'interconnexion des fichiers

Les marketplaces pris pour cibles

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Fermer

Commentaires (10)


Le tabou de SAFARI et du Big data sera finalement tombé progressivement.

On pourra bientôt dissoudre la CNIL


C’est vraiment pas très clair concernant les données potentiellement aspirables, et j’ai un peu de mal à faire le lien avec le droit de communication élargi <img data-src=" />


Il faut bien nourrir la bête, ses anges de la mort et tous les parasites qui tournent autour du gâteau : ils ne seront pas toujours là pour en profiter, ces cochons.



Avec leur politique tracée au scalpel quand il s’agit de recettes, les saboteurs de Bercy peuvent de fait s’atteler à traquer les profits dégagés par l’économie avancée maintenant qu’ils ont ruiné la traditionnelle, mais pendant que les droits de l’administration avancent, les nôtres reculent.








joma74fr a écrit :



Le tabou de SAFARI et du Big data sera finalement tombé progressivement.

On pourra bientôt dissoudre la CNIL





La technique du saucisson, mondialement reconnue, souvent utilisée, maîtrisée en France (et c’est bien normal <img data-src=" /> )



Vous en êtes réduit à verser dans la pathos ?

Faut-il rappeler “que sur les 410 000 € de recettes générées par les lotos, seule la trace de 27 000 € versés à des associations caritatives a été retrouvée” ?

Le jour où je prends du sursis pour plus de 400 infractions à la législation,&nbsp; je ne sombre pas dans la dépression,&nbsp; j’en sors :)

Reste la question essentielle : les héritiers ont-il renoncé ou accepté la succession ?




Un droit de&nbsp;communication très élargi



M Rees, je vous ai connu plus inspiré : avant de balancer un tel sous-titre à vos lecteurs suivi d’un paragraphe de 5 lignes, il serait bon d’expliciter ce qu’est le droit de communication en droit.


Oui enfin on peut protester contre big-brother toussa, mais ces entreprises qui ne paient pas de la TVA font de la concurrence déloyale.



Quand certains ne paient pas l’impôt, les autres le paient à leur place. En l’occurrence, je trouve que j’en paie beaucoup trop… et certains pas assez…








balou007 a écrit :



Vous en êtes réduit à verser dans la pathos ?

Faut-il rappeler “que sur les 410 000 € de recettes générées par les lotos, seule la trace de 27 000 € versés à des associations caritatives a été retrouvée” ?

Le jour où je prends du sursis pour plus de 400 infractions à la législation,  je ne sombre pas dans la dépression,  j’en sors :)

Reste la question essentielle : les héritiers ont-il renoncé ou accepté la succession ?







Ah, mais c’est faire la supposition infondée, erronée et inique que ladite “législation” est légitime. Personne ne devrait mourir parce qu’il a gagné sa croute honnêtement, càd sans contraindre quiconque à participer à ses affaires. Ce qu’on voit ici, ce sont des sociopathes élus par des intéressés et protégeant leur monopole pour continuer à (s’)arroser “légalement”.



Il y a un mode entre ce qui moralement acceptable (légitime) et ce qui ne l’est pas (même légal).



Tous ces vendeurs qui se font un max de pognon et en ont fait leur activité principale sans rien déclarer au FISC, il était temps qu’ils paient !


on a vu d’un côté une loi pour permettre au site de location saisonnière comme Airbnb, de collecter la taxe de séjour pour le compte de l’état et maintenant cette loi je me demande si l’administration pourrait récupérer les coordonnées des propriétaires les croisés avec les montants taxe de séjour et recalculé les revenus locatifs ?



&nbsp;