Le numérique parmi les priorités législatives du gouvernement pour 2015

Le numérique parmi les priorités législatives du gouvernement pour 2015

Le cadeau de Lemaire Noël ?

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

23/12/2014 7 minutes
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Le numérique parmi les priorités législatives du gouvernement pour 2015

Alors que les parlementaires sont en vacances depuis vendredi dernier, le gouvernement a tenu hier son dernier Conseil des ministres de l’année. Le secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, a pour l’occasion évoqué les textes qui seront discutés ou déposés devant le Parlement en 2015. Parmi eux, on retrouve notamment le projet de loi numérique d'Axelle Lemaire, qui devrait être présenté avant le mois de juillet.

Le numérique parmi les priorités, avec un projet de loi d’ici juillet 2015

Si l’emploi s’avère être la priorité, au travers du projet de loi Macron, le numérique figure quant à lui en seconde position, à égalité avec la transition énergétique. Le gouvernement veut effectivement engager « des réformes permettant à la France d’engager pleinement son économie dans les transitions énergétique et numérique, afin d’en faire un moteur de la croissance et de préparer l’avenir ».

Le gouvernement avait déjà eu l’occasion de promettre, notamment suite au vote de la contestée loi de programmation militaire, qu’un grand projet de loi numérique serait présenté au Parlement en 2015. Mais cette fois-ci, l’engagement se veut solennel : « Ce projet de loi sera déposé au Parlement au cours du deuxième trimestre » assure l’exécutif, qui a demandé pour mémoire au Conseil national du numérique de mener, depuis le mois d’octobre, une grande concertation visant à préparer ce texte.

Un débat « numérique » organisé dès janvier à l’Assemblée nationale

Comme l’avait annoncé Claude Bartolone il y a quelques mois, les parlementaires seront eux aussi invités à faciliter « l’atterrissage » de ce projet de loi au Palais Bourbon. « Dès janvier 2015, promet le gouvernement, un débat à l’Assemblée nationale sur la stratégie numérique de la France contribuera à la finalisation d’un projet de loi prenant appui sur les transformations numériques pour favoriser l’innovation et moderniser l’action publique. »

Même si aucune précision n’est donnée sur le contenu de ce texte, la secrétaire d’État au Numérique avait expliqué en novembre qu’il comporterait trois volets : « l'innovation et la croissance par le numérique, la protection des données et le rôle notamment de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), enfin, l'action publique, avec l'ouverture des données publiques [Open Data, ndlr] ». Plusieurs pistes concrètes ont depuis été évoquées, sans que l’on sache si elles seront assurément au programme : inscription dans la loi d’un principe de neutralité des réseaux, renforcement de la CNIL et de la CADA, etc. 

L’Open Data au programme de plusieurs textes : loi « Macron », loi Santé...

Quant au projet de loi Macron « relatif à la croissance et à l’activité », rappelons qu’il a d’ores et déjà été déposé devant l’Assemblée nationale. Sans être directement lié au numérique, ce texte porte en fait plusieurs dispositions concernant les nouvelles technologies : transposition de directives européennes en lien avec les télécommunications, mise en œuvre de la future « carte d’identité électronique pour les entreprises », mise en Open Data du registre InfoGreffe, etc.  Les débats sur ce texte devraient commencer le 26 janvier.

Autre texte figurant parmi les priorités hautes du gouvernement : le projet de loi sur la Santé. Comme nous avons déjà eu l’occasion de l’expliquer, ce texte se penche sur les données de santé, et sur leur éventuelle mise en Open Data. Plusieurs voix se sont d’ores et déjà élevées pour manifester leur mécontentement, dont celle de l’association Regards Citoyens. L’exécutif affirme désormais que ce projet de loi sera examiné (et non simplement présenté devant le Parlement) « à partir du deuxième trimestre » 2015.

Deux textes sur la Culture et la Justice dans le courant de l’année

Plusieurs autres textes touchant au numérique seront également présentés devant le Parlement l’année prochaine, à l’image du projet de loi « Création » de la ministre de la Culture, Fleur Pellerin. Mais alors qu’en novembre, le gouvernement promettait une présentation de ce texte en Conseil des ministres d’ici « au 1er trimestre 2015 », l’exécutif se montre désormais bien plus vague, expliquant qu’il « soumettra en 2015 au Parlement un projet de loi relatif à la liberté de création, à l’architecture et au patrimoine ».

L’objectif affiché ? « Repenser ces politiques, en mettant l’accent sur l’éducation artistique et culturelle et sur le numérique, accompagner les jeunes artistes et simplifier les procédures relatives à la protection du patrimoine. » Le transfert des compétences de la Hadopi vers le CSA ne devrait plus être au programme de ce texte, Fleur Pellerin ayant clairement écarté cette piste une fois arrivée Rue de Valois.

axelle lemaire

Christiane Taubira présentera de son côté « un projet de loi relatif à la justice du XXIème siècle », lequel « renforcera la cohérence de l’organisation judiciaire pour garantir un service public de la justice efficace et accessible à tous ». Dans la lignée des consultations menées sur ce terrain depuis plus d’un an, certaines mesures pourraient concerner l’amélioration des services en ligne par exemple.

Si l’on résume, cela nous donne :

  • Le projet de loi « Macron » relatif à la croissance et à l’activité, qui a déjà été déposé devant l’Assemblée nationale et qui sera examiné « dès le début de l’année » (normalement fin janvier).
  • Le projet de loi relatif à la santé, déposé en octobre devant l’Assemblée nationale, et qui sera examiné par les députés « à partir du deuxième trimestre » 2015.
  • Le projet de loi numérique, qui sera déposé devant le Parlement « au cours du deuxième trimestre ».
  • Le projet de loi sur la création, qui sera déposé au cours de l’année 2015.
  • Le projet de loi sur la justice du XXIème siècle, qui sera déposé au cours de l’année 2015.

Vers un meilleur suivi de l'application des lois

La communication du secrétaire d’État en charge des Relations avec le Parlement fut d’autre part l’occasion d’évoquer la question de l’application des lois récemment votées. Il n’est effectivement pas rare qu’un texte reste inopérant, faute de décret d’application (voir par exemple sur la liste d’opposition au démarchage téléphonique prévu par la loi Hamon sur la consommation). Le gouvernement brandit à cet égard un relevé « décevant » datant de ce mois-ci, et qui conclut à « un taux d’application des lois de 54 % ».

Face à cela, « le gouvernement se donne l’objectif de publier les décrets d’application de chaque loi dans un délai qui ne dépasse pas six mois à compter de sa promulgation ». Un « calendrier d’application de chaque loi » sera ainsi fixé avec les ministères concernés. De plus, une « réunion de suivi de l’application des lois » aura lieu chaque semestre, en présence « des correspondants de tous les cabinets ministériels et des responsables des services, le plus souvent les directeurs des affaires juridiques des ministères ».

Écrit par Xavier Berne

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Sommaire de l'article

Introduction

Le numérique parmi les priorités, avec un projet de loi d’ici juillet 2015

Un débat « numérique » organisé dès janvier à l’Assemblée nationale

L’Open Data au programme de plusieurs textes : loi « Macron », loi Santé...

Deux textes sur la Culture et la Justice dans le courant de l’année

Vers un meilleur suivi de l'application des lois

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Commentaires (16)


Joli sous titre <img data-src=" />





Maintenant, j’ai entendu sur une radio Lemaire défendre un tweetclash sur le fait que la silicon valley n’était pas exemplaire (je résume de mémoire) contre le type qui avait lancé les pigeons et qui a une start-up là bas.



&nbsp;Elle n’a rien renié mais a louvoyé dans ses explications avec une certaine dextérité. Ils s’en sont envoyés plein la figure tout en fleurets mouchetés et rires jaune.



&nbsp;Elle a une vision de ce que doit être le numérique mais je ne suis pas sûr d’être d’accord avec elle sur les limitations que la France doit mettre à son action parce que déjà submergée par les géants américains. Si un français a une bonne idée qui peut ringardiser un géant actuel (un peu comme face de bouc a fait plonger myspace) faudrait pas s’en priver.




Le numérique parmi les priorités législatives du gouvernement pour 2015



“Le numérique : comment le gouvernement veut nous la mettre profond en 2015”



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Cela fait maintenant combien d’années&nbsp; que le gouvernement nous joue la meme chanson pour les fetes de fin d’année…


Plus l’état en fait, plus c’est pire: ça va nous donner Hadopi renforcée, la fin de la neutralité, le blocage étendu au non “politiquement correct” et toutes autres conneries soutenues par le lobbying des rentiers qui les paient <img data-src=" />








Cartmaninpact a écrit :



Plus l’état en fait, plus c’est pire: ça va nous donner Hadopi renforcée, la fin de la neutralité, le blocage étendu au non “politiquement correct” et toutes autres conneries soutenues par le lobbying des rentiers qui les paient <img data-src=" />





C’est exactement ce que je pense. Plus ils disent impliquer la France dans le numérique, plus le pays s’enfonce dans son retard face aux autres pays.





Le numérique parmi les priorités législatives du gouvernement pour 2015





M’est d’avis que les priorités gouvernementales de 2015 c’est surtout les départements et les régions. <img data-src=" />


McKinsey & Compagny est un cabinet de conseil auprès des directions générales. Il est considéré comme étant sérieux. D’ailleurs, il est a la 5eme position dans le classement Vault, qui est le classement de référence des cabinets de conseil en stratégie et en management.



Revenons à l’actualité. McKinsey & Compagny a évalué le potentiel de création de valeur des technologies en France, d’ici à 2025. Ce potentiel donne le tournis, car il se monte à plus de 1 000 milliards d’euro !!! C’est à dire que, selon ce cabinet de conseil, le numérique et toutes les technologies qui gravitent autour peuvent apporter beaucoup à la France. Ce pays que les technophiles disent être archaïque en matière de numérique a paradoxalement tout à gagner en empruntant enfin ce chemin.



Ce que j’ai écris plus haut, c’est le bon côté. Le mauvais côté, c’est le retard que la France accumule en matière de numérique depuis des années. Mais les Français sont-ils prêt à prendre le chemin du numérique ? Ils ont leur part de responsabilité dans ce retard accumulé. En effet, en cette fin 2014, de mon avis, les Français, ne sont toujours pas prêt à accepter le numérique dans leur vie quotidienne. Pourquoi ? Parce que le numérique va forcément bouleverser leurs habitudes. Et le meilleur exemple pour démontrer cela est le monde du travail. Une entreprise qui se met au numérique réorganise forcément le travail. Le travail devient transversal et les Français y sont plutôt opposé.

En dehors du travail, vous me direz que le numérique les accompagne déjà. Mais le numérique n’a pas encore montré toutes ses possibilités en France. Sommes-nous prêt à aller plus loin ?

Le retard en matière de numérique se voit aussi dans l’Education nationale, encore très traditionaliste dans ses moyens d’éducation. Mais faire entrer le numérique dans les écoles à un coût que la France ne peut pas se permettre, au regard de sa dette publique.



Le numérique a toujours été une priorités des Gouvernements de droite ou de gauche… mais tout avance à la vitesse d’un escargot et notre retard dans ce domaine continue à s’accumuler, comparé à d’autres pays européens.


Ceci était un communiqué officiel McKinsey & Compagny, “Grand prix 2016 du brassage de vent de qualitay” selon le cabinet de conseil indépendant McKinsey & Compagny <img data-src=" />


Réflexion pertinente. Cependant tu cites l’exemple de l’éducation…. Et je pense automatiquement à l’histoire des tablettes, idée assez controversée (pour ne pas dire… plus)

Le tout ce n’est pas de faire n’importe quoi en numérique , comme à chaque foi depuis..pfiouu



Ensuite, qu’entend tu par “rendre le travail transversal”?<img data-src=" />








Cartmaninpact a écrit :



Ceci était un communiqué officiel McKinsey & Compagny, “Grand prix 2016 du brassage de vent de qualitay” selon le cabinet de conseil indépendant McKinsey & Compagny <img data-src=" />





Au moins, je donne mes sources, n’est-ce pas. Je ne balance pas des arguments dans le vent. Quand je cherche à écrire un commentaire argumenté, je vais chercher mes biscuits.<img data-src=" />









RaoulC a écrit :



Réflexion pertinente. Cependant tu cites l’exemple de l’éducation…. Et je pense automatiquement à l’histoire des tablettes, idée assez controversée (pour ne pas dire… plus)

Le tout ce n’est pas de faire n’importe quoi en numérique , comme à chaque foi depuis..pfiouu



Ensuite, qu’entend tu par “rendre le travail transversal”?<img data-src=" />





Dire que le numérique commence à rentrer dans l’Education national, parce que le Ministère de l’Education nationale commence à prêter des tablettes numériques à certains écoliers est une absurdité. J’en conviens. Mais un budget de 88 milliards d’euro est-il suffisant pour faire rentrer le numérique à l’école ? Ce budget est énorme, certes, mais investir dans le numérique l’est peut-être tout autant, voir plus…. Les technologiques numériques ne valent pas le prix d’un sachet de cacahuètes…



Le travail transversal n’est ni plus ni moins que le travail coopératif. Avec le travail transversal, un salarié n’est plus en compétition avec un autre salarié. Que l’on soit un simple employé, un agent de maîtrise ou un cadre, on coopère ensemble pour être le plus productif possible. Aujourd’hui, en France, dans le monde du travail, la méritocratie prédomine largement. Le travail transversal abolie, d’une certaine façon, la méritocratie.

Le travail transversal, c’est également la coopération entre les différents départements qui composent une entreprise. Alors que, en France, il y a une lutte entre ces départements pour savoir qui sera le meilleur dans l’entreprise.

Le travail transversal demande donc un changement de mentalité que les Français ne sont pas encore prêt à accepter. C’est une organisation du travail et une organisation hiérarchique différente.



On ne peut que craindre le pire, si c’est du même niveau de tout ce qui a été fait en 2.5 ans








RaoulC a écrit :



“Le numérique : comment le gouvernement veut nous la mettre profond en 2015”



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Sources ?



Moi aussi je source rapport de l’O.N.U.



“La France 4ème meilleure administration publique au monde et première européenne”



On est pas premier mais on reste dans la course….








Jarodd a écrit :



Sources ?





Mon pessimisme naturel, ma boule de crystal et..l’habitude<img data-src=" />

Que l’on se comprenne bien : ils ont des bons projets en NTIC et des réalisations tout à fait correctes.



&nbsp;Mais je craint toujours quand un gouvernement met son nez dans Internet, question de parano peut-être ;)



Ok. merci :)








fred131 a écrit :



Moi aussi je source rapport de l’O.N.U.



“La France 4ème meilleure administration publique au monde et première européenne”



On est pas premier mais on reste dans la course….





Quand je dis que la France est en retard en matière de numérique, je fais une généralité. Bien évidemment, tu trouveras des disparités. Les banques françaises ont elles aussi prises le tournant du numérique, comme notre administration, mais, de cas particuliers, tu ne peux pas faire de généralité. Il ne s’agit ici que de l’arbre qui cache la forêt, malheureusement.