Plusieurs documents récemment volés à Sony donnent davantage d’indications sur le plan de bataille des industries du cinéma contre le piratage de leurs films sur Internet. On apprend ainsi que Google pourrait faire l’objet de manœuvres très ciblées de la part des majors d’Hollywood.
Près de trois semaines après le piratage informatique dont a été victime Sony, les divulgations continuent. Plusieurs confrères se sont en effet procurés certaines données dérobées au célèbre studio, dont des emails échangés avec la Motion Picture Association of America (MPAA), le puissant lobby des ayants droit du cinéma américain.
TorrentFreak a ainsi dévoilé durant le week-end quelques documents, datés du début de l’année 2014, qui résument la stratégie de la MPAA en matière de lutte contre le piratage de films sur Internet. On y découvre les priorités « hautes » de l’organisation : les hébergeurs de fichiers (téléchargement direct), les sites de streaming vidéo et les applications « pirates ».

Face à cela, il était prévu de chercher à distinguer les services légitimes de ceux clairement orientés vers la contrefaçon d’œuvres protégées, mais aussi de lancer différentes actions en justice contre les hébergeurs de fichiers au Royaume-Uni, au Canada et en Allemagne. De nombreux autres leviers étaient évoqués : blocage de sites, saisie des noms de domaine, pression sur les intermédiaires de paiement, etc.
En priorité « moyenne », on retrouve les sites liés à l’écosystème BitTorrent. L’accent est une nouvelle fois mis sur les procédures judiciaires, des traditionnelles poursuites pénales à l’encontre des administrations aux demandes de blocage de sites. L’objectif affiché était également de mettre la pression sur les moteurs de recherche. Enfin, figurent en priorité « basse » les sites de liens ou bien encore les diffusions de flux vidéo issus de chaînes câblées ou satellites.
Davantage de poursuites contre Google ?
Mais ce n'est pas tout. The Verge se fait de son côté l’écho d’autres échanges entre la MPAA et six studios (Universal, Sony, Fox, Paramount, Warner Bros et Disney) à propos d’un « projet Goliath ». Même si le nom de Google n’est jamais évoqué, nos confrères pensent qu’il ne peut s’agir que de la firme de Mountain View.
Un email daté du mois de janvier évoquait plus généralement la mise en place d’une stratégie de lutte contre le piratage. Un plan qui emprunterait des chemins aussi bien juridiques que techniques. Il y était par exemple question du blocage de sites, pour lequel « la fin justifie les moyens » selon un représentant de la MPAA. Mais surtout, il s’avère que la puissante organisation a sollicité plusieurs experts afin de « développer des techniques pour bloquer ou identifier le transit de fichiers partagés illégalement » sur les réseaux, rapporte The Verge, le tout en coopération avec l’opérateur américain Comcast.
Sauf qu’un obstacle se placerait sur le chemin des studios : le fameux « Goliath ». Un ennemi contre lequel il conviendrait de se liguer, dans un intérêt commun. Comment ? Principalement en faisant pression sur les procureurs américains, afin qu’ils engagent plus facilement des poursuites contre le géant. Un budget de 500 000 dollars aurait d’ailleurs été envisagé afin de s’offrir les services de prestigieux avocats, outre 70 000 dollars consacrés à une structure chargée de trouver de son côté des preuves de la culpabilité de Google dans différentes affaires.