Il y a 20 ans, un nouvel entrant débarquait sur un malentendu dans le monde des consoles de jeu vidéo : Sony. Si certains ne donnaient pas cher de la marque lors de son arrivée sur le marché, elle est aujourd'hui encore bien présente, tandis que bon nombre de ses concurrents se sont éclipsés. Une seule console aura suffi à lui faire atteindre les sommets : la PlayStation.
Pour comprendre comment Sony en est arrivé à se lancer sur le marché des consoles de jeu, il faut remonter à la fin des années 80. Le géant japonais de l'électronique était le fournisseur de la puce sonore de la Super Nintendo, et suite à cette collaboration plutôt fructueuse, Nintendo et Sony ont planché ensemble sur une nouvelle console dont le support devait être un CD-ROM, afin de remplacer les coûteuses cartouches.
C'est l'histoire d'un malentendu...
Les cartouches présentaient toutefois un avantage de taille pour Nintendo qui pouvait ainsi avoir le contrôle sur la distribution des jeux, mais aussi sur leur fabrication, tout en récupérant les droits d'exploitation du support. Pour maintenir cette situation, Nintendo souhaitait utiliser un format propriétaire, alors que Sony militait pour un format plus ouvert, mais en intégrant une protection contre la copie. Suite à ce désaccord, Nintendo se tournera finalement vers Philips pour mettre au point sa console (qui ne verra finalement jamais le jour), ce qui vaudra à l'entreprise de nombreuses menaces de procès de la part de Sony.
Le géant nippon de l'électronique s'est ainsi retrouvé avec le fruit de plusieurs années de travail sur les bras, et il n'était pas vraiment question de laisser tomber tout cela. Sony choisira donc de lancer sa propre console de salon : la PlayStation. Celle-ci rencontrera le succès grâce à plusieurs points forts.
Cela ne nous rajeunit pas n'est-ce pas ?
Déjà, les éditeurs de jeux avaient une plus grande liberté concernant la production de leurs jeux, l'impression de disques était moins chère et plus simple à mettre en œuvre, même si Sony gérait directement leur fabrication. Mais là où il fallait parfois plusieurs semaines pour créer un lot de cartouches, une commande de disques ne prenait que 24 à 48 heures.
De plus le support offrait davantage d'espace qu'une cartouche, ce qui arrangera bien les développeurs par la suite, même si les premiers titres de la machine étaient loin d'en profiter. Un titre comme Ridge Racer par exemple, n'occupait que quelques mégaoctets. À partir du moment où les éditeurs étaient dans la poche de la marque, les titres allaient nécessairement pleuvoir et attirer les joueurs.
Les consommateurs, eux ont trouvé leur compte dans les graphismes proposés par la console, similaires à ceux alors en vigueur sur les bornes d'arcade. La communication de Sony, centrée sur le fait de pouvoir disposer des mêmes graphismes qu'en arcade, sans avoir à disposer d'une borne coûteuse et encombrante a fait mouche au Japon, tandis qu'en Europe et aux États-Unis, le côté plus « mature » des jeux proposés a séduit les jeunes adultes.
Une technique de pointe... pour l'époque
Le 3 décembre 1994, les joueurs japonais ont pu se procurer la bête, moyennant 39,800 yens. Lors de son arrivée en France, le prix de lancement était de 2099 francs, soit environ 319 euros, hors inflation. Pour ce tarif, les joueurs avaient le droit à ce qu'il se faisait de (presque) mieux à l'époque sur le plan technique.
Sous le capot, on retrouvait ainsi un processeur principal MIPS R3000A cadencé à 33,86 MHz épaulé par 2 Mo de RAM. À titre de comparaison, fin 1993, les meilleurs i486 d'Intel flirtaient alors avec la barre des 66 MHz, et Windows 3.1 réclamait 1 Mo de mémoire vive pour fonctionner. Le processeur graphique embarqué était capable de générer 180 000 polygones texturés et éclairés par seconde, et pouvait gérer des définitions allant de 256×224 à 640×480 pixels avec 16,7 millions de couleurs. Cette puce disposait de 1 Mo de mémoire vive dédiée.
Pour stocker les sauvegardes des jeux, il n'y avait pas de mémoire interne prévue à cet effet. Il fallait compter sur des cartes au format propriétaire contenant une EEPROM de 128 ko. Il faudrait 4 millions de ces cartes mémoires pour remplir le disque dur de 500 Go actuellement fourni avec la PlayStation 4.
Un énorme succès commercial
Avec plus de 100 millions d'exemplaires vendus, la PlayStation est l'une des consoles de jeu les plus vendues, derrière la PlayStation 2, la Nintendo DS et le Game Boy. La machine sera produite pendant plus de 11 ans, le dernier exemplaire étant sorti des usines de la marque le 23 mars 2006, quelques mois après le lancement de la PlayStation 3.
Pour redonner un coup de fouet aux ventes, Sony lancera en septembre 2000 la PSone, une version plus compacte de sa console fétiche, et surtout moins chère, puisqu'elle sera vendue au prix de 790 francs. Elle permet également à la marque d'occuper le terrain avant le lancement de la PlayStation 2, qui débarquera en Europe deux mois plus tard.
Crash Bandicoot et Resident Evil, sur PlayStation
La PlayStation sera aussi la plateforme sur laquelle naîtront des franchises mythiques du jeu vidéo. Parmi elles, Tomb Raider, Crash Bandicoot, Gran Turismo, Rayman, Medal of Honor, Silent Hill, Resident Evil, Colin Mc Rae Rally, pour ne citer que celles-ci. D'autres grands succès sont également à mettre à l'actif de cette console, comme la saga Tekken, issue de l'arcade, ou des jeux comme Final Fantasy VII et Metal Gear Solid.
Le succès de la marque PlayStation ne s'arrêtera d'ailleurs pas à la première console. On se souviendra ainsi des véritables émeutes provoquées par le lancement de la PlayStation 2, dans le magasin Virgin des Champs-Elysées par exemple, mais aussi des débuts moins réussis de la PlayStation 3, dont le tarif prohibitif a fait fuir nombre d'acheteurs les premiers mois, même si elle s'en sortira un peu mieux par la suite. En chiffres, cela se traduit surtout par la vente de plus de 150 millions de PS2, de plus de 80 millions de PSP et de PS3, et déjà de plus de 10 millions de PS4. Sony vendra également près d'un milliard de jeux sur PlayStation, et plus de 1,6 milliard sur PS2.
Sony rend hommage à sa première console
Vingtième anniversaire oblige, Sony a bien évidemment souhaité rendre hommage à la PlayStation. Pour ce faire, le constructeur va lancer une série spéciale 20e anniversaire de sa PlayStation 4, qui pour l'occasion arborera le gris mat de son ancètre. Celle-ci sera diffusée à seulement 12 300 exemplaires, en clin d'œil à la date de lancement de la première PlayStation (le 12/3 en numérotation anglo-saxonne).
Cette édition limitée comprendra la console, mais également une manette grise et un PlayStation Camera avec le même coloris. La nostalgie a bien évidemment un prix, et il faudra débourser 499 euros pour mettre le grappin sur un de ces exemplaires. La marque nous précise que 500 exemplaires seront disponibles en France chez Colette à Paris, le 19 décembre prochain à 11 heures.
Si vous n'avez pas la possibilité d'opter pour cette version hommage de la PlayStation 4, vous pourrez toujours célébrer l'évènement sans débourser le moindre centime, puisque Sony met gratuitement à disposition des thèmes pour les PS3, PS4 et PS Vita. Ceux-ci sont téléchargeables via le PlayStation Store et vous pouvez en avoir un aperçu par ici.