Nintendo vient de déposer d'un brevet plutôt surprenant auprès de l'USPTO, l'organisme américain de gestion des propriétés intellectuelles. Il concerne l'émulation de jeux conçus pour le Game Boy sur diverses plateformes, comme des terminaux mobiles, des ordinateurs ou des écrans intégrés aux sièges d'avion.
Satoru Iwata, l'emblématique PDG de Nintendo, le martelait il y a encore un an, le portage de jeux issus de l'immense catalogue de l'éditeur n'est pas une priorité pour son entreprise. « La croissance du nombre d'appareils connectés ne signifie pas pour autant que c'est la fin des consoles. La clé est de trouver un moyen d'utiliser les smartphones pour que les gens découvrent les jeux de Nintendo, et les encourager à essayer la version sur consoles de ces jeux. Mais cela ne veut pas dire que nous devons porter Mario sur les smartphones », expliquait-il alors en janvier dernier, en marge de la présentation de résultats financiers.
Un brevet qui tombe à pic
Les priorités pourraient bien avoir changé du côté de Nintendo, comme le montre la demande de brevet numéro 20140349751 à l'USPTO. Déposée le 23 juin 2014, elle a été rendue publique le 27 novembre dernier par le bureau américain des brevets.
Cette demande concerne « l'émulation d'une plateforme de jeu vidéo portable » et s'appuie sur trois autres brevets dont Nintendo dispose dans ce domaine : les numéros 6672963, 8157654 et 8795090. Tous trois précisent qu'il est question d'un « émulateur logiciel pouvant émuler une plateforme de jeu vidéo portable telle que le Game Boy, le Game Boy Color ou bien le Game Boy Advance, sur une plateforme cible de faible puissance ».
Parmi les exemples de plateformes d'arrivée données par le constructeur, on retrouve le PC, des écrans situés dans les dossiers de sièges en avion ou en train, des assistants personnels, et des téléphones cellulaires. Ces mêmes téléphones dont Satoru Iwata ne voulait pas entendre parler il y a encore quelques mois de cela.
Nintendo est-elle en train de changer son fusil d'épaule ?
L'apparition de ce brevet signifie-t-elle forcément que Nintendo est en train de changer d'avis au sujet du portage de ses jeux sur smartphones ? Pas nécessairement.
Nintendo disposant de divers brevets dans le domaine depuis 2003, rien ne l'empêche de lancer dès aujourd'hui, si elle le souhaite, un émulateur compatible avec la plupart des systèmes d'exploitation mobile. Mais jusqu'ici l'entreprise n'a fait aucun pas dans cette direction. Sauf surprise, cette demande de brevet ne devrait donc rien changer à la stratégie de la marque.
Par contre, celle-ci pourrait très bien servir à enrichir l'arsenal juridique du constructeur contre les développeurs d'applications proposant ce type de produit sur Android ou iOS. Il n'aurait plus alors qu'à brandir la menace du procès pour violation de propriété intellectuelle et ainsi garder tout le monde au pas.
Il sera tout de même intéressant de voir si dans les mois à venir, Nintendo assouplira sa position au sujet des portages de ses jeux sur mobiles. Pour l'heure, le seul titre édité par la marque ayant eu le droit à une version pour iPad est un jeu de cartes à collectionner basé sur la franchise Pokémon. Franchise que le constructeur ne possède qu'à hauteur de 33,3 % et sur laquelle il n'a pas totalement la main.