Triche par smartphone : l’Enseignement supérieur opposé aux cages de Faraday

La cage aux folles idées
Droit 4 min
Triche par smartphone : l’Enseignement supérieur opposé aux cages de Faraday
Crédits : Wavebreak Media/Thinkstock

Le ministère de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur vient de balayer d’un revers de la main la proposition d’un député, lequel souhaitait installer des « cages de Faraday » dans les universités afin d’empêcher les étudiants de tricher grâce à leurs téléphones portables. Ce type d’équipement sert généralement à effectuer des mesures à l’abri des ondes électromagnétiques.

Les brouilleurs d’ondes interdits par la loi

Que faire contre ces jeunes qui fraudent lors d’examens (bac, brevet...) à l’aide de leurs smartphones ? Il y a quatre ans, le député UMP Jean-Claude Guibal avait suggéré au ministre de l’Éducation nationale d’installer des brouilleurs d’ondes. L’idée était simple : sans réseau, plus de possibilité pour les tricheurs d’aller chercher des réponses sur Internet ou d’en demander à des tiers par SMS.

 

L’élu avait cependant essuyé un revers. Le ministre d’alors, Luc Chatel (UMP), lui avait en effet répondu que la mise en place d’un tel dispositif était bien trop contraignante : coûts d’installation et de maintenance, risques de réticences de la part des personnels... Surtout, l’intéressé brandissait l’interdiction de principe posée par l’article L33-3-1 du Code des postes et des communications électroniques, selon lequel « l’utilisation de tout dispositif destiné à rendre inopérants des appareils de communications électroniques de tous types, tant pour l'émission que pour la réception », est prohibée. 

Et si l'on essayait les « cages de Faraday » ?

Sauf que la triche aux examens continue de susciter des inquiétudes sur les bancs du Palais Bourbon... « Avec les montres, les téléphones, il devient de plus en plus difficile de repérer certaines formes de tricherie » faisait ainsi valoir le député Christophe Premat en septembre dernier, au travers d’une question écrite à destination de la secrétaire d’État en charge de l’Enseignement supérieur. L’élu socialiste, qui se disait conscient de l’interdiction d’utiliser des brouilleurs d’ondes, apportait toutefois une nouvelle suggestion : « l'équipement de salles de Faraday dans les universités ».

 

Des salles de Faraday ? « Telle qu'elle a été étudiée par Michael Faraday lors de ses travaux sur les conducteurs, la cage de Faraday est une enceinte en aluminium conductrice qui est reliée à la terre de façon à maintenir son potentiel fixe. Elle est étanche aux champs électriques créés par la simple présence d'une différence de potentiel, sans qu'un courant soit nécessaire. Cette structure peut également avoir un effet indirect de protection contre les perturbations d'origine électromagnétique (dues à un courant) » expliquait l’élu, qui est enseignant-chercheur de formation.

 

Selon Christophe Premat, « au-delà de l'aspect tricherie, ces salles permettent aux étudiants de ne pas être perturbés par les nouvelles technologies et ainsi de se concentrer dans de bonnes conditions ». Il était ainsi demandé au gouvernement de mener des expérimentations « dans certaines universités », et ce « afin d'en dresser un bilan susceptible de conduire à la généralisation de ces salles ».

Le ministère préfère les détecteurs de portables

Le ministère n’a cependant pas changé de fusil d’épaule. « L'importance des moyens techniques et financiers à mettre en oeuvre pour expérimenter, et a fortiori pour généraliser si les résultats sont concluants, la transformation d'une salle d'examen en cage de Faraday pour lutter contre tous types de tricherie aux examens par voie électronique, ne permet pas une telle opération » vient ainsi de répondre l’exécutif. En clair, comme pour les brouilleurs d’ondes, il s’agit encore et toujours d’un dispositif trop coûteux et contraignant à mettre en place.

 

Au lieu de ça, le secrétariat d’État en charge de l’Enseignement supérieur plaide pour la prévention, via le rappel de « quelques règles de bon sens » aux étudiants : « obligation pour les candidats de déposer leurs effets personnels à l'entrée de la salle d'examen et d'éteindre leurs téléphones portables ; interdiction de l'usage de tous appareils permettant des échanges d'informations par les ondes durant l'épreuve, toute contravention à ce principe étant susceptible de poursuite pour tentative de fraude, entraînant la nullité de l'épreuve ».

 

Il est enfin précisé que « si des brouilleurs de fréquences ne peuvent pas légalement être installés pendant la période des examens dans les salles et amphithéâtres, tel n'est pas le cas des détecteurs d'appareils permettant ce type d'échanges qui peuvent aisément être transportés de salle en salle ». De tels dispositifs sont d’ailleurs utilisés lors des épreuves du bac, sans que leur efficacité ne fasse cependant l’unanimité sur le terrain (voir cet article du Monde). 

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