John Mellencamp, interprète de la célèbre chanson « Pink House », a publié en fin de semaine dernière une tribune dans laquelle il critique sans concession les moteurs de recherche, qu'il qualifie de « gangsters ». L'artiste américain n'hésite pas à réclamer, en plein contexte de campagne présidentielle, un durcissement de la législation sur la propriété intellectuelle.
« J'aime la musique, écrit d'entrée John Mellencamp. J'aime tous les styles de musique... la vieille musique, la musique contemporaine, la country, le jazz et les musiques actuelles ». Toutefois, l’artiste américain explique dans une tribune au Huffington Post qu’il se soucie « de l'avenir de la musique et du bien-être de ceux qui la feront dans le futur ». Mellencamp est inquiet. En effet, s’il déclare qu’il est fier d’avoir la chance de pouvoir vivre de sa passion, il craint qu’il n’en aille pas de même pour les nouveaux artistes.
Les moteurs de recherche, ces « gangsters »
La bête noire du chanteur : le pillage d’œuvres sur Internet. Mais l’Américain n’en veut pas ici aux traditionnels pirates, mais plutôt aux intermédiaires techniques, et plus précisément aux moteurs de recherche. En effet, il décrit ces derniers comme « des magasins où n’importe qui pourrait voler n’importe quoi sans menace réelle de sanction significative ». Pour Mellencamp, les moteurs regorgent de liens permettant de rediriger les internautes vers des contenus piratés, et profitent d'une législation avantageuse pour faire le moins de ménage possible.
Cerise sur le gâteau : l’audience qu’engrangent Google, Yahoo, Bing et cie grâce à ces contenus leur permettent d’amasser d’importants revenus publicitaires. « Ce qui se passe lorsque votre moteur de recherche vous dirige vers un site de téléchargement illégal où vous pouvez télécharger l’intégralité du catalogue de - mettez ici le nom de l’artiste de votre choix -, c’est qu’au même moment, apparaissent des publicités pour des biens et services allant des boissons gazeuses à la pornographie », écrit le chanteur. Il poursuit : « et pour ajouter l’insulte à l’injure, ces produits apparaissent comme étant approuvés par les artistes auxquels ils sont attachés ».
Le chanteur ne mâche pas ses mots, et va jusqu’à qualifier les moteurs de recherche de véritables « gangsters » se faisant de l’argent sur le dos des artistes. Mellencamp persiste et signe : « J’insiste bien sur le terme gangster... Ce ne sont pas juste quelques gamins qui s’échangent des fichiers, ce sont des criminels ».
Pour un durcissement de la législation sur la propriété intellectuelle
Mais l’Américain n’écrit pas juste pour se plaindre. Il est tout à fait conscient que les moteurs de recherche bénéficient de certaines protections juridiques en vertu de la législation sur le Digital Millenium Copyright Act (DMCA). C’est justement l’objet de sa tribune : alors que les candidats à l’élection présidentielle américaine sillonnent le pays avant le scrutin du 6 novembre, le célèbre chanteur prétend porter un « espoir », celui « de proposer une solution ».
Celle-ci passe par un durcissement de la législation sur la propriété intellectuelle. « Ma solution (...), c’est que les moteurs de recherche actuels et ceux à venir (les voleurs effrontés de The Pirate Bay ayant suffisamment menacé de lancer leur propre moteur de recherche) voient leur responsabilité engagée au même titre que les autres sociétés de ce pays », lance John Mellencamp. Décidé à faire évoluer la législation, il précise sa pensée en demandant une nouvelle loi, selon laquelle : « si vous possédez et exploitez un moteur de recherche, vous ne pouvez pas permettre d’activités criminelles dans votre ville virtuelle ». Problème, Google est aujourd'hui responsable mais seulement si après notification l'intermédiaire reste inactif. Rendre responsable Google dès le premier octet référencé change quelque peu la situation pour l'intermédiaire...
Google pourtant de plus en plus à l'écoute des ayants droit
Les efforts faits par certains moteurs de recherche et notamment par Google ne semblent pas avoir convaincu l’artiste américain. Cet été, la firme de Mountain View a par exemple effectué une modification de son algorithme, ayant pour effet de rétrograder dans les résultats les contenus souvent dénoncés par les ayants droit.
Notons également que les demandes de déréférencement adressées au moteur numéro un au monde, au titre du DCMA, ont littéralement explosé ces dernières années. En mai dernier, Google levait le voile sur les requêtes dont il était saisi par les ayants droit. Le géant de l’internet indiquait ainsi qu’il recevait plus de demandes de retrait en une semaine qu’au long de toute l’année 2009.