Altice, maison mère de Numericable a décidément un grand appétit dans le petit monde des télécoms. En effet, Dexter Goei, directeur général d'Altice, a laissé entendre qu'il ne serait pas contre un rachat de Bouygues Telecom. Mais que se cache-t-il vraiment derrière cette déclaration ?
Après SFR et Virgin Mobile, et si Altice rachetait Bouygues Telecom ?
Dans tout juste une semaine, Numericable finalisera officiellement le rachat de SFR à Vivendi, sauf grosse surprise de dernière minute. En effet, tous les voyants sont au vert, aussi bien du côté des autorités concernées que de celui des fonds pour le financement. Il ne reste désormais plus qu'à attendre l'assemblée générale extraordinaire de Numericable du 27 novembre prochain pour définitivement entériner ce projet. Pour rappel, Altice, actionnaire majoritaire qui détient 74,59 % des droits de vote, s'est déjà engagé à voter pour.
SFR n'est pas le seul opérateur à tomber sous la coupe de Numericable qui vient aussi de mettre la main sur Omer Telecom qui détient, entre autres, Virgin Mobile. Mais tout cela n'empêche pas Altice de continuer à regarder dans d'autres directions, et notamment dans celle de Bouygues Telecom.
Lors d'une conférence à Barcelone en Espagne, Dexter Goei, directeur général d'Altice, aurait en effet indiqué que, « à l'heure actuelle, nous sommes en train d'intégrer SFR, mais si nous recevons un appel de Bouygues vendredi, alors pourquoi pas ? » avant d'ajouter qu'« il y a un grand potentiel de synergie ». C'est du moins ce qu'indiquent nos confrères de l'AFP qui citent à leur tour le Dow Jones Newswires.
Bouygues Telecom, SFR et Numericable : un groupe à plus de 40 millions de clients...
L'agence rappelle qu'Altice s'est fixé comme objectif de devenir le « numéro un du très haut débit convergent », c'est-à-dire à la fois sur le fixe et le mobile. Et si un tel rapprochement devait avoir lieu, les chiffres du nouvel entrant auraient de quoi faire tourner la tête : près de 32,5 millions de clients mobiles et un peu moins de 10 millions sur le fixe, soit un total d'environ 42,5 millions. Ce dernier serait donc largement supérieur à celui d'Orange en France qui revendique 37,41 millions d'abonnés au troisième trimestre 2014.
Mais au-delà de ce chiffre, il est aussi question du réseau mobile, Bouygues Telecom ayant une large avance sur SFR en ce qui concerne la 4G et la 4G+. Selon nos confrères de BFM Business, qui citent une source proche de Patrick Drahi, c'est d'ailleurs l'un des éléments clés de cette histoire car « faire remonter la qualité de service du réseau de SFR va être long et coûteux ». Bouygues Telecom aurait donc l'avantage de proposer une solution clé en main plus rapidement.
... mais les choses ne sont évidemment pas aussi simples
Mais les choses ne sont évidemment pas aussi simples et le rachat de Bouygues Telecom par Altice ne pourrait pas se faire sans contrepartie au niveau des fréquences par exemple ; comme cela aurait été le cas si Bouygues Telecom avait racheté SFR.
Mais à qui vendre ? Orange dispose déjà d'un grand réseau en 2G, 3G et 4G ; reste donc Free Mobile. Mais, selon les derniers relevés de l'ARCEP, racheter le réseau 4G de SFR ne devrait pas avoir grand intérêt pour Iliad, la couverture entre les deux étant relativement proche. De plus, et toujours selon BFM Business, Patrick Drahi aurait déjà envoyé plusieurs émissaires auprès de Xavier Niel afin de tâter le terrain, sans succès.
Quoi qu'il en soit du côté d'un éventuel partage des fréquences et de la base des clients, le dernier point à ne pas prendre à la légère est le financement. En effet, après avoir augmenté sa dette de plus de 16 milliards d'euros pour racheter SFR, Altice revendique désormais une dette de 19,27 milliards d'euros. C'est moins qu'Orange et ses 27,42 milliards, mais cela limite déjà fortement les mouvements possibles d'Altice.
Quoi qu'il en soit, Bouygues Telecom continue de camper sur ses positions : « Bouygues Telecom met en œuvre une stratégie "standalone" pour être profitable et compétitif dans un marché à quatre opérateurs » indique un porte-parole à l'AFP. Pour rappel, le groupe a récemment lancé une grande restructuration, que ce soit au niveau des effectifs ou de ses offres. Les dernières en date ont été dévoilées il y a quelques jours, avec l'intégration de la marque B&You.