Les rumeurs d’un partenariat entre Mozilla et Tor étaient fondées puisque les deux ont annoncé le projet Polaris, qui devrait permettre des retombées positives pour les deux. Mozilla, particulièrement en forme, a aussi révélé récemment certains travaux, notamment sur la réalité virtuelle et sur Firefox OS 2.0.
Mozilla et Tor ont donc fait une annonce commune autour de Polaris. Ce projet commun doit permettre aux développeurs d’échanger des ressources sur leurs travaux respectifs, ce qui aura un impact direct sur Firefox et le réseau Tor. Le Center of Democracy & Technology, une association américaine luttant pour les droits numériques, fait également partie de l’alliance.
Mozilla et Tor se rendront mutuellement service
L’initiative Polaris aura une influence double. D’une part, les développeurs du projet Tor vont aider les ingénieurs de Mozilla à ajouter des fonctionnalités dédiées à la sécurité et à la vie privée au sein de Firefox. Un positionnement qui ne devrait guère surprendre : Mozilla a clairement une carte à jouer sur ce terrain et la seule lutte des performances n’est pas un domaine suffisamment fort pour inciter les internautes à se pencher sur Firefox.
De l’autre côté, ce travail profitera à Tor sur deux points. D’une part, le Tor Browser reprend le code de Firefox, et les travaux menés avec Mozilla seront donc récupérés de cette manière. On peut imaginer, comme les rumeurs le laissaient entendre, qu’un simple bouton permettra d’activer ou couper l’utilisation du réseau Tor. D’autre part, Mozilla embarquera sur ses propres serveurs un certain nombre de relais Tor, ce qui devrait soulager le réseau. Aucun chiffre précis n’a cependant été donné à ce sujet.
Une alliance naturelle pour les deux parties
L’alliance avec Mozilla est logique pour Tor : « Au cœur des valeurs de Mozilla se trouve la conviction que la vie privée des individus ne peut pas être traitée comme une option. Nous partageons cette pensée. Nous partageons cette conviction. Des millions de personnes à travers le mode s’appuient sur la protection du client et du réseau Tor pour protéger leur anonymat. Nous apprécions de voir que des entreprises telles que Mozilla voient l’importance de cette protection. […] Le réseau Tor deviendra encore meilleur avec l’aide de Mozilla et nous espérons que leur participation encouragera d’autres organisations à nous rejoindre ».
Sous l’égide de Polaris, Mozilla indique de son côté qu’une fonctionnalité est actuellement en cours de test pour permettre aux internautes de se libérer du tracking publicitaire, mais sans léser pour autant les plateformes et les agences qui en vivent. Un travail qui reprend clairement là où la fonction DNT (Do Not Track) s’est arrêtée, après l’échec des négociations au sein du W3C.
Puisque l'on parle de vie privée, sachez également que l'éditeur a publié une mise à jour 33.1 pour Firefox prenant en charge le moteur de recherche DuckDuckGo. Notez que même si celui-ci n'exploite pas les traces de l'utilisateur pour son propre compte, le moteur par défaut de Firefox reste Google pour l'instant.
Mozilla sur de nombreux fronts
Et comme si cet important partenariat ne suffisait pas, Mozilla a également annoncé divers travaux et projets ces derniers jours. À commencer par la première préversion de Firefox OS 2.0 pour le Flame, le smartphone de référence que les développeurs peuvent acheter.
Selon Mozilla, ce sont plus de 400 développeurs, dont 157 nouveaux, qui ont participé au travail sur la branche menant de la version 1.3 à la 2.0. Un total de 5 300 patchs a ainsi été réalisé, et les nouveautés commencent d’ailleurs à être abordées. C’est le cas du support du NFC, via l’API WebNFC qui permet les communications P2P via ces puces de transmission à courte distance. il suffit simplement qu’elles soient compatibles avec la norme Data Type Exchange Format (NDEF). Les smartphones pourront donc s’échanger des données telles que des contacts, des photos, des vidéos et ainsi de suite.
Autre apport important, l’arrivée du support natif du codec H.264 pour les services et applications qui gèrent WebRTC, et donc les outils de vidéoconférences. Ce support se traduira par la compression/décompression matérielle des flux vidéo. Un mouvement qui n’est pas étonnant puisque Mozilla avait fini par avouer que le H.264 était trop présent pour être ignoré.
Un zeste de réalité virtuelle
En juin, Mozilla avait annoncé travailler sur le support des casques de réalité virtuelle. L’éditeur était persuadé que ces périphériques pouvaient être utilisés pour favoriser une meilleure expérience du web, même si tout restait à faire dans ce domaine. Il ne s’agissait pas en effet de simplement prendre des sites et de les envoyer dans un appareil tel que l’Oculus Rift, qui servait d’ailleurs de base pour les travaux.
Pour son dixième anniversaire, Mozilla a donc lancé un site dédié au sujet : MozVR. Les développeurs y publieront tout ce qui touche à l’exploitation de la réalité virtuelle pour les ressources du web. Le site se veut le lieu de rassemblement de tous ceux qui s’intéresseraient à la question, y compris les entreprises qui seraient tentées par des expériences dans ce domaine. Les démonstrations fournies s’appuient sur le survol de la Colombie-Britannique via WebGL et à la visualisation de données dans l’Oculus Rift, manipulables grâce au Leap Motion. Comme toujours avec Mozilla, le code source est évidemment disponible.