Selon une étude, la Hadopi n’a pas dissuadé le téléchargement de films en P2P

Larmes de dissuasion massive
Droit 3 min
Selon une étude, la Hadopi n’a pas dissuadé le téléchargement de films en P2P
Crédits : jmiks/iStock/Thinkstock

Le dispositif de riposte graduée a-t-il un effet sur le piratage de films et de musiques ? Tentant de répondre à cette question, trois économistes français viennent de publier une étude arrivant à la conclusion que oui, l’existence de l’institution a bel et bien eu un impact sur les pratiques des internautes. Mais si un effet « dissuasif » a été relevé s’agissant du téléchargement de musiques en peer-to-peer, il n’en va cependant pas de même pour les vidéos.

Éric Darmon, Sylvain Dejean et Thierry Pénard sont partis du principe que la riposte graduée, tel qu'assurée depuis octobre 2010 par la Hadopi, pouvait avoir trois principaux effets sur les internautes :

  • Un effet informationnel, puisque la Haute autorité mène différentes actions de sensibilisation des internautes sur ce qui est légal ou non. « Le fait de savoir qu’une pratique est illégale peut conduire les internautes à s’en détourner » expliquent en ce sens les chercheurs.
  • Un effet incitatif, la Rue du Texel cherchant à rediriger les consommateurs vers les offres légales, par exemple grâce au site dédié « offrelegale.fr » ou son label (anciennement PUR).
  • Un effet dissuasif, dans la mesure où les activités de la Hadopi peuvent augmenter « la probabilité (perçue) d’être poursuivi grâce à une surveillance à grande échelle des échanges sur les réseaux peer-to-peer ». On est ici dans le cas de figure de l’internaute qui arrête de télécharger par crainte d’être sanctionné.

L’objectif de leurs travaux était donc simple : « tester l’existence et l’ampleur de ces effets informationnels, dissuasifs et incitatifs de l’Hadopi ». Pour cela, les trois économistes se sont basés sur une enquête réalisée en mai 2012 auprès de 2 000 internautes français. 

Un effet qui n'est dissuasif que pour la musique

Résultat, Éric Darmon, Sylvain Dejean et Thierry Pénard ont décelé « l’existence d’un effet dissuasif de l’Hadopi sur la consommation d’œuvres musicales (échangées sur les réseaux peer-to-peer) ». Les chercheurs affirment qu’en matière de musique, « la probabilité subjective d’être détecté a un effet négatif et très significatif sur l’intensité d’usage des réseaux peer-to-peer ».

 

Selon eux, cette peur de se faire attraper a même eu un « impact positif » sur la consommation légale et payante de musique. Cet effet s’avère cependant « non significatif », dans la mesure où les internautes se sont avant tout tournés vers des offres légales, mais gratuites (YouTube, Deezer, etc.).

Pour les vidéos, seul un effet incitatif a été observé

S’intéressant ensuite au téléchargement de vidéos (films, séries...), Éric Darmon, Sylvain Dejean et Thierry Pénard ont observé que « contrairement à la musique », cette activité « ne dépend[ait] pas significativement de la probabilité perçue d’être détecté, ni de la croyance que les réseaux peer-to-peer sont surveillés. On ne trouve donc pas d’effets dissuasifs et informationnels de l’Hadopi sur les échanges de films en peer-to-peer. »

 

Par contre, et c’est une autre différence, « l’Hadopi a un effet incitatif plus marqué sur la consommation légale payante de films et de séries » concluent-ils. Plus concrètement, cela signifie que « lorsque les internautes estiment que le risque d'être poursuivi en cas de téléchargement illégal est élevé, leur consentement à payer pour des contenus audiovisuels légaux augmente ».

 

Les trois auteurs avancent plusieurs hypothèses permettant d’expliquer ces nuances entre musique et audiovisuel. Ils évoquent en particulier les « différences de profils et d’attitude des internautes qui consomment illégalement des films et de la musique ». Darmon, Dejean et Pénard font également valoir que leurs résultats « doivent être considérés dans le contexte du développement de l’offre légale », les services proposés en matière de musique et de vidéos n’en étant pas vraiment au même stade... D’autant que l’enquête ayant servi de base à cette étude a été réalisée il y a plus de deux ans, bien avant l’arrivée d’offres telle que celle de Netflix par exemple. 

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