ALMA est un groupe de radiotélescopes situés dans le désert de l’Atacama, au Chili. Cette « grille » a fait l’objet récemment d’un premier test pour sa nouvelle configuration. Le résultat dépasse les attentes des scientifiques avec une image très précise des prémices d’un système planétaire en formation.
Le désert de l’Atacama est connu dans le monde entier pour réunir deux facteurs qui le rendent à part : son altitude et son aridité extrême, critères majeurs pour éviter au maximum la pollution lumineuse. L’ALMA, pour « Atacama Large Millimeter/submillimiter Array », est une grille de radiotélescopes qui résulte de la fusion au début des années 2000 de plusieurs gros projets. Depuis, le système est piloté par les agences spatiales européenne, américaine et japonaise.
Les chercheurs ont déployé les radiotélescopes selon une configuration qui permet de démultiplier leur puissance en les faisant réagir comme un seul et immense appareil. Mise en place en septembre, cette configuration donne l’équivalent d’un miroir qui ferait 15 kilomètres de diamètres. La première expérience a consisté à pointer les radiotélescopes vers la jeune étoile HL Tauri, située à 450 années-lumière de la Terre.
Selon l’ESO, l’Observatoire européen austral, les résultats sont surprenants et dépassent de loin les espérances. Comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessus, ou plus bas dans les captures, les premières images montrent avec une précision jamais égalée un disque protoplanétaire en formation, représenté par des lignes concentriques de lumière vive dans lesquelles on peut observer des trous.
Un tel disque résulte en fait de la formation d’une jeune étoile. Elle attire à elle les poussières et les gaz qui tournent autour d’elle par l’effet de la gravitation. Au sein de ce disque, les poussières et autres particules finissent par s’entrechoquer et s’agglutiner. Ces corps grossissent jusqu’à attirer tout ce qui passe à leur portée dans la partie du disque où ils se trouvent. C’est ce que l’on observe dans la photo : les bandes noires correspondent à des planètes.
Crédits : ALMA (ESO/NAOJ/NRAO)
Et pour les scientifiques, il s’agit d’une importante découverte, car ils estimaient jusqu’à présent que la formation des planètes prenait bien plus de temps. Catherine Vlahakis, adjointe du programme scientifique d’ALMA, indique ainsi : « Quand nous avons regardé cette image pour la première fois nous avons été sidérés par le niveau spectaculaire de détails. Nous étions sans voix. HL Tauri n’a pas plus d’un million d’années, et son disque apparaît déjà plein de planètes en formation. Cette seule image va révolutionner les théories de la formation planétaire ».
Il y a fort à parier que l’ALMA produise dans les mois et années qui viennent d’autres résultats surprenants, car même Hubble ne peut actuellement pas produire des images aussi nettes d’objets lointains.