Xavier Niel, patron d'Iliad (Free), était ce matin l'invité de Stéphane Soumier sur BFM Business pour une interview qui aura duré un peu moins d'une heure. Le monde des télécoms n'a évidemment pas été oublié et le PDG en a profité pour commencer à lever le voile de son calendrier des prochaines annonces.
Parler de tout, en commençant par la Halle Freyssinet et 42
Dans le petit monde des télécoms, les choses sont en train de changer. En effet, l'autorité de la concurrence vient de donner son feu vert, sous conditions, à Numericable pour racheter SFR. De leur côté, Bouygues Telecom, Orange et SFR ont les yeux tournés vers la 4G+, une technologie que ne propose pas (encore ?) Free à ses clients. C'est dans cette ambiance que Xavier Niel est passé ce matin dans l'émission Good Morning Business de BFM Business afin de « parler de tout » selon notre confrère Stéphane Soumier.
La première partie était principalement axée sur les entrepreneurs en France, le lancement de la Halle Freyssinnet et 42. Pour rappel, cette école qui se veut atypique et ouverte à tous vient de donner le coup d'envoi de sa seconde rentrée. À cette occasion, Xavier Niel semble particulièrement content du bilan de la première fournée. Il a d'ailleurs cité l'exemple d'une jeune fille qui était au RSA il y a un an et qui est maintenant étudiante à Berkeley ses frais étant payés par l'université.
Même si Xavier Niel annonce que des exemples comme ça « il y en a des dizaines », il est encore beaucoup trop tôt pour établir un bilan. Il faudra voir ce qu'il en sera d'ici au moins deux ans.
Du rachat avorté de T-Mobile US à l'innovation
On est ensuite rentré dans le vif du sujet avec le rachat avorté de T-Mobile US. Selon Xavier Niel, si Deutsche Telekom n'a pas souhaité donner suite, c'est pour deux principales raisons. Tout d'abord, si l'opérateur allemand se débarrasse de T-Mobile US, il va certes récolter du cash, mais également devoir redistribuer des dividendes. De plus, cela l'affaiblirait (en nombre d'abonnés) face à Orange et si, un jour, l'Allemagne et la France engagent un processus de rapprochement entre Orange et Deutsche Telekom (une hypothèse parfois évoquée par certains), le premier pourrait alors prendre le dessus.
Stéphane Soumier a ensuite orienté le débat sur la guerre des prix en France dans le monde des télécoms. « Nous ce qu'on aime c'est l'innovation » indique Xavier Niel, avant de se lancer dans une comparaison avec Apple : le dirigeant d'Iliad aurait aimé être à l'origine des produits de la firme de Cupertino, avant d'ajouter qu'il ne les aurait surement pas vendus à ce prix. Mais peut-être est-ce aussi là ce qui fait l'aura de la marque à la pomme.
Une annonce dans moins de trois mois dans le fixe, puis dans le mobile avant août
Concernant l'accès à internet fixe (ADSL/fibre), « entre maintenant et fin février on a une surprise pour nos abonnés » annonce Xavier Niel, qui n'en dira pas plus, si ce n'est qu'il y aura « une keynote » pour l'occasion. Il ne s'agira pas de la Freebox V7 qui est toujours attendue pour la fin de l'année prochaine, un point qui a été une nouvelle fois confirmé par Xavier Niel.
Sur le mobile, il concède qu'on « s'est endormi », avant d'ajouter qu'il y aura sur ce segment également une annonce qui sera faite avec une seconde conférence, mais « entre février et août » de l'année prochaine. L'occasion d'avoir un forfait avec uniquement de la data comme cela avait été annoncé il y a plus de deux ans ? La question reste toujours en suspens.
Concernant la consolidation dans les télécoms, Xavier Niel pense que l'on va rester de manière durable avec quatre opérateurs, « tous rentables » ajoute-t-il. Comme Stéphane Richard, il précise une nouvelle fois ne pas être acheteur d'un autre opérateur Français.
3G : une couverture de 95 % d'ici deux ans ?
Du côté de la couverture mobile en 3G, « dans deux ans, on essaye de viser 95 % de couverture » annonce Xavier Niel. Pour rappel, l'opérateur doit couvrir 75 % de la population dès le début de l'année prochaine, c'est une obligation liée à sa licence et l'ARCEP vérifiera que c'est bien le cas. Concernant la 4G, il pense arriver bientôt aux alentours des 50 % de couverture.
Xavier Niel est ensuite passé sur la vente des fréquences dans la bande des 700 MHz, et il souhaite que l'appel d'offres soit lancé rapidement. Il faut rappeler que Free Mobile ne dispose d'aucun bloc sur les 800 MHz, ce qui n'est pas le cas de Bouygues Telecom, Orange et SFR. L'intérêt de l'opérateur est donc assez important sur cette question.
Neutralité du net contre gratuité des réseaux
Pour ce qui est de la neutralité du net, le patron de Free n'ira pas aussi loin que Stéphane Richard qui avait qualifié ce concept d'« attrape-couillon ». Pour le patron d'Orange, « qu'on pose le principe selon lequel les opérateurs sont priés d'investir et de faire des tuyaux, et surtout sont priés de ne pas s'occuper de ce qui se passe après, c'est juste dingue ! ». De son côté, Xavier Niel souhaite que ceux qui diffusent de grosses quantités de contenus en OTT (comme Netflix et Canal par exemple) payent pour l'utilisation intensive du réseau.
Une histoire qui renvoie directement au bloqueur de publicité qui avait été mis en place il y a plusieurs mois sur les Freebox afin d'attaquer Google là où ça fait mal. On ne saura pas si cette action a permis de faire bouger les choses, mais Xavier Niel reste fier de l'avoir mise en place. Il ajoute enfin qu'il est pour la neutralité du net, mais précise que l'on « confond la neutralité à la gratuité ».