Deux préversions techniques de Windows 10 ont beau avoir été publiées, on est encore loin de connaitre l’ensemble des nouveautés en préparation par Microsoft. L’une d’entre elles est passée pratiquement inaperçue dans la dernière build, et elle est pourtant importante : un gestionnaire de paquets, capable d’installer, supprimer et gérer des applications depuis des dépôts.
Gérer des paquets, une fonctionnalité présente depuis longtemps dans Linux
Il s’agit d’une fonctionnalité que les utilisateurs de Linux connaissent depuis de nombreuses années. Les gestionnaires de paquets y sont nombreux et l’un des plus connus est par exemple APT, que l’on retrouve notamment dans Ubuntu. Ces gestionnaires sont connectés à un ou plusieurs dépôts dans lesquels sont stockés des paquets. Chacun contient un logiciel, un composant ou autre, ainsi que des indications sur les dépendances qu’il pourrait avoir avec d’autres paquets.
Le gros avantage des gestionnaires est justement qu’ils s’occupent de toutes les étapes de récupération, installation, paramétrage, gestion, suppression et ainsi de suite. Auparavant, tout était utilisable en lignes de commande, mais les distributions ont depuis adopté des interfaces graphiques permettant de manipuler l’ensemble à la souris. C’est un concept depuis élargi et repris dans les boutiques d’applications qui fonctionnement dans les grandes lignes de cette manière.
OneGet, un gestionnaire intégré dans Windows 10
Sous Windows, aucun gestionnaire de paquets n’est pourtant intégré. Des projets tiers existent cependant, notamment Chocolatey (basé sur NuGet). Et justement, la build 9860 de Windows 10 contient bien un tel gestionnaire : OneGet. Son fonctionnement est inspiré de Chocolatey, avec lequel il se veut compatible d’ailleurs à terme. Il est pour l’instant disponible en tant qu’extension de PowerShell et s’occupe de tout ce qui touche au SDII (Software Discovery, Installation and Inventory).
La capture ci-dessus montre le potentiel d’un tel gestionnaire directement intégré à Windows. Les administrateurs connaissent les avantages qu’ils peuvent obtenir d’une telle architecture puisqu’une seule commande pourrait provoquer la récupération et l’installation d’un paquet sur tout un ensemble de machine. Une ligne de commande pouvant parfois se montrer bien plus rapide à mettre en place qu’un pilotage de souris dans une interface. Par ailleurs, rien n’empêcherait les entreprises de proposer leurs propres dépôts, agissant comme autant de réservoirs des logiciels professionnels dont ils ont besoin.
On retrouve dans OneGet les bases de tout gestionnaire de paquets. On peut par exemple gérer la liste des dépôts, c’est-à-dire en ajouter, en supprimer et vérifier ce qu’ils contiennent, y compris en ajoutant des filtres. On peut récupérer un paquet et l’installer, mais également le supprimer. Les mises à jour sont également de la partie, mais répondent à une commande, ce qui signifie qu’elles ne sont pas automatiques.
De nombreuses interrogations demeurent pour l'instant
Évidemment, un gestionnaire de paquet n’a pas vocation à remplacer une boutique, souvent appréciée parce qu’elle met justement à jour les applications de manière automatique. Il s’agit cependant d’une solution complémentaire, répondant à d’autres critères. Difficile cependant de savoir jusqu’où Microsoft compte aller avec OneGet, mais sa présence par défaut dans Windows 10 est de bon augure. Il se pourrait d’ailleurs que l’éditeur réfléchisse à une interface graphique qui pourrait aller se transformer en réserve à logiciels de type Win32. Notez d’ailleurs que Chocolatey a ouvert un projet sur KickStarter, en particulier pour l’aider à financer la création d’une telle interface graphique.
@chrisbhoffman @brians198 okay, sit down. Microsoft is working on #oneget, a pkg mgr aggregator, that will include a choco client in Win10
— Rob Reynolds (@ferventcoder) 27 Octobre 2014
Les questions restent donc particulièrement nombreuses autour d’une telle fonctionnalité. Le simple fait de créer un dépôt soulève en effet toutes les interrogations liées à la sécurité. Qui va contrôler en effet la présence de malware ou de toute autre menace ? Le système mis en place sera-t-il vraiment efficace ? OneGet devra prendre également en charge de nombreuses commandes avancées comme le choix du répertoire d’installation, la gestion de certaines questions. Et qu’en sera-t-il des installations contenant des barres et autres petits programmes pénibles ? Si l’installation du paquet se contente systématiquement des options par défaut, certains éditeurs n’hésiteront sans doute pas à en profiter.
Le projet est donc à surveiller de près car il pourrait permettre de vrais avantages chez les utilisateurs avertis et les professionnels. Il sera particulièrement intéressant de voir le type de dépôts qui sera proposé par défaut, et comment les solutions alternatives s’y intégreront. L’objectif final étant de fournir des API, Chocolatey et les autres pourraient profiter de la nouvelle infrastructure.