Pierre Louette, président de la Fédération Française des Telecoms et directeur général adjoint d'Orange, était invité de BFM Business ce mercredi. De nombreux sujets ont bien entendu été évoqués, mais, selon les cas, nous n'avions pas droit à la même casquette.
FFT : la fédération « tend les bras pour qu'il revienne »
La FFT, ou Fédération Française des Télécoms, est né fin 2007 et compte dans ses rangs plusieurs opérateurs dont Orange, SFR, Bouygues Telecom et OMER Telecom par exemple. Free en faisait partie pendant un temps, avant de se retirer fin 2008, sans y revenir depuis. Pierre Louette, qui occupe à la fois le poste de président de la fédération et celui de directeur général adjoint d'Orange, était l'invité du Grand Journal de BFM Business pour évoquer le secteur des télécoms.
Sans grande surprise, les premières questions concernaient justement le cas d'Iliad (Free) qui est sur le devant de la scène depuis l'abandon de sa tentative de rachat de T-Mobile US. « On souhaite qu'ils reviennent dans la vieille et grande maison de la fédération et donc on leur tend les bras pour qu'ils reviennent. Et il n'est pas impossible que cela se fasse [...] dans le futur » indique ainsi Pierre Louette. Mais du côté d'Iliad (Free), rien n'indique pour le moment qu'il souhaite revenir dans cette « grande maison ».
Quid de la restructuration ? Pierre Louette botte en touche
La suite du débat concerne la restructuration du marché des télécoms. L'homme aux deux casquettes rappelle que le rapprochement entre SFR et Numericable ne change pas le nombre d'opérateurs mobiles en place, et il ajoute que pour le moment personne ne lance d'offensive. En effet, Free s'intéressait aux États-Unis jusqu'à peu, tandis qu'Orange a déjà annoncé qu'il ne souhaite pas être « l'architecte » d'une restructuration, mais qu'il pourrait en être un partenaire le cas échéant. De son côté, après des plans de licenciements, Bouygues Telecom n'est pas en situation des plus favorables pour se permettre de racheter un autre acteur du marché.
Pierre Louette finira par enfiler sa casquette de président de la FFT pour couper court : « vous comprendrez qu'au titre qui est le mien dans les fonctions pour lesquelles je me présente devant vous en cet instant je ne souhaite pas que se réduise trop le nombre puisque finalement ce sont les adhérents de la fédération. Donc moi je n’ai pas le droit tellement de dire ça ».
Orange et Deutsche Telekom vendent deux fois moins de mobiles subventionnés
Il est ensuite question des grandes tendances du secteur du marché des télécoms qui, selon Pierre Louette, sont au nombre de trois. Premièrement, la « quasi-disparation » des cartes prépayées, ce que nous avons déjà largement eu l'occasion d'évoquer lors des bilans des opérateurs post-Free Mobile. Ensuite la question des mobiles subventionnés : Le président/dirigeant explique que, en quatre ou cinq ans, « Orange et Deutsche Telekom ensemble achetaient 50 millions de mobiles par an, et les vendaient, et on passera à 25 millions ».
Mais le troisième et dernier point est probablement le plus important pour le président de la FFT : la mutation « extrêmement profonde » des réseaux. En effet, les opérateurs doivent faire face à une consommation data/vidéo toujours plus importante. Un point que nous avons largement eu l'occasion d'évoquer lors de notre compte rendu du colloque de l'ARCEP.
Les box sous Android (TV) : un moyen de faire baisser les coûts
Ensuite, il a été question de l'évolution des box et Pierre Louette enfile cette fois-ci sa casquette de directeur général adjoint d'Orange. Il annonce ainsi que l'opérateur travaille sur une nouvelle box « très moderne », ce qui n'a rien de surprenant, mais sans en dire davantage, si ce n'est qu'elle ne sera pas sous Android (TV). Sur ce point, il rejoint donc Free et sa Freebox, même s'il ne va pas aussi loin que le trublion qui annonçait récemment que ce serait « laisser les clés » à Google.
Concernant les solutions Android justement, Pierre Louette indique que c'est « aussi un système d'exploitation pour eux [NDLR : les opérateurs] pas cher, ça fait une box pas chère. C'est aussi une conséquence [...] de la guerre des prix et de la difficulté à investir ». Pour rappel, Bouygues Telecom et SFR sont les deux seuls à proposer de tels produits pour le moment et ce sont justement les deux opérateurs du marché, même si le rachat du second par Numericable change un peu la donne.
Concernant la fibre, Pierre Louette vante le réseau de la France qui serait l'un des meilleurs disponible. Il faut rappeler qu'Orange est l'un des moteurs de ce déploiement puisqu'il est l'un des meilleurs recruteurs trimestre après trimestre. Rappelons que, selon les derniers chiffres de l'ARCEP, seuls deux opérateurs disposent de plus de 100 000 clients fibrés : Orange et SFR. Du côté du câble, on ne retrouve également que deux FAI avec plus de 100 000 clients : Bouygues Telecom et Numericable. Free est donc le seul à ne pas dépasser les 100 000 clients sur une des technologies du très haut débit.
Netflix ne devrait pas mesurer la qualité des réseaux
Le directeur général adjoint d'Orange a ensuite laissé sa casquette de président de la FFT pour revenir sur le cas de Netflix, qui fait décidément couler beaucoup d'encre en ce moment. Pour rappel, Stéphane Richard indiquait dans un premier temps qu'il ne proposerait pas le service de streaming à son lancement afin de se garder le temps de la réflexion, mais le changement de position aura été rapide. « C'est un contenu qui allait de toute façon arriver par les réseaux Over The Top » se justifie ainsi Pierre Louette.
Concernant le bilan des débits moyens des FAI mis en ligne par Netflix, il indique que « Netflix a récemment essayé de faire une sorte de classement de qualité de l'accès à Netflix par les différents opérateurs, ça c'est une chose qu'il ne devrait pas faire. Il devrait s'occuper de son contenu, nous on apporte une bonne qualité », avec la casquette du directeur général adjoint d'Orange cette fois-ci. La position du président de la FFT n'a par contre été dévoilée. Dommage.