Le bras de fer entre Google et les éditeurs de presse européens continue. Après les professionnels allemands et français, s'est au tour de leurs confrères italiens de se mobiliser pour obtenir la création d'un nouveau droit voisin en faveur de la presse.
Mercredi, se tenait à Rome une réunion entre les éditeurs de journaux et de quotidiens allemands, français et italiens. Il y fut notamment question de la taxe sur les moteurs de recherche et les agrégateurs d'actualités, mise sur les rails par l’Allemagne, puis reprise outre-Rhin par les éditeurs de presse français, désireux d'un dispositif similaire. Mais voilà que les professionnels italiens viennent eux-aussi de s’engouffrer dans cette brèche, visant à instaurer un nouveau droit voisin en faveur des organes de presse.
Dans un communiqué commun, signé par quatre organisations (FIEG pour l’Italie, APIPG pour la France, la BDZV et la VZD pour l’Allemagne), ces professionnels indiquent tout d’abord que « la presse remplit avec succès sa fonction d’intérêt général essentielle à la vitalité démocratique de nos sociétés ». Cependant, ces éditeurs de presse expliquent dans le même temps qu’ils subissent « de plein fouet la crise économique ». Surtout, ils affirment avoir constaté « une captation de la valeur de leurs contenus numériques par les seuls acteurs technologiques (moteurs de recherche en premier lieu) ». Problème selon eux : ceci « rend impossible l’équation du modèle économique pour leurs activités en ligne ».
Quatre organisations françaises, allemandes et italiennes unies pour mieux influencer
Et pour répondre à ces difficultés communes, les éditeurs italiens, français et allemands sont déterminés à aller dans le même sens. Celui pris justement par nos voisins d’outre-Rhin il y a peu, c’est-à-dire celui de la création d’un droit voisin relatif à l’indexation de leurs contenus réalisée par les moteurs de recherche. « Avec la décision du Gouvernement allemand de porter devant son Parlement le projet de droits voisins, et l’annonce du Gouvernement français d’étudier un dispositif législatif similaire, les éditeurs italiens décident d’ouvrir des démarches équivalentes avec leur propre gouvernement », annoncent les professionnels dans leur communiqué. Les éditeurs italiens et français ont d'ailleurs convenu de « continuer leurs actions de concert », mais aussi de « se coordonner avec leurs collègues allemands ». En somme, ils tentent d'appliquer l'adage selon lequel « l’union fait la force ».
Avec cette association motivée par des intérêts communs, ces organisations de presse montent d’un cran dans leurs efforts visant à influencer les décideurs publics. Rappelons que le Gouvernement français étudie depuis plusieurs semaines la proposition de loi transmise début septembre par l'association de la presse d'information politique et générale. Devant les parlementaires, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti a d’ailleurs indiqué la semaine dernière que cette idée était « extrêmement pertinente », et qu’elle allait « dans le sens de la modernité ».
Mais si les éditeurs de presse italiens, allemands et français unissent leurs efforts pour mieux se faire entendre, Google a lui aussi avancé ses pions. La semaine dernière, on apprenait en effet que la firme de Mountain View avait menacé les autorités françaises d’un déréférencement des sites de presse, au cas où une taxe serait adoptée en sa défaveur. Des menaces qui n’ont pas plu à Aurélie Filippetti, mais que le géant de l’internet a déjà eu l’occasion de mettre en pratique dans le passé, notamment en Belgique. Ceci a immédiatement eu pour conséquence de trouver un compromis avec la presse d'outre-Quiévrain, et son retour rapide sur le célèbre moteur de recherche.