Ce jeudi, M6 diffusait le troisième opus de son télécrochet phare de la rentrée : Rising Star. Malheureusement, celui-ci continue de cumuler les baisses d'audiences, malgré un dispositif social pourtant au cœur de l'émission. Une chute qui va nécessairement poser la question des résultats de la Social TV.
Rising Star : l'occasion d'un bilan sur les effets de la Social TV
Si la Social TV fait beaucoup parler d'elle ces dernières années, et se retrouve souvent à l'origine de communiqués de presse des chaînes vantant ses effets, il est rare que des chiffres détaillés soient diffusés. Cela permettrait pourtant de tirer de vraies conclusions sur ses résultats, afin de voir s'ils sont à la hauteur des investissements, mais aussi s'ils sont en progression ou non auprès des téléspectateurs français.
Du coup, lorsqu'une émission comme Rising Star est diffusée, elle est forcément scrutée avec attention par ceux qui vantent et qui dépendent de l'émergence d'une expérience télévisuelle « nouvelle génération ». Car c'est l'une des premières en France à exploiter réellement un dispositif social sur second écran, et sans doute la seule à le faire de manière aussi forte, à travers une diffusion en direct et un vote gratuit en ligne. L'évolution de ses scores était donc attendue, d'autant plus que dès les premiers instants, M6 a vanté l'implication des téléspectateurs : 3 millions de votes étaient ainsi enregistrés à l'occasion de la grande première, ce qui était alors considéré comme « des performances inégalées » :
Succès digital sans précédent : RISING STAR a connu hier des performances inégalées, avec plus de 3 M de votes enregistrés sur l’appli 6play
— M6 Publicité Digital (@m6pubdigital) 26 Septembre 2014
Une audience quasiment réduite de moitié, pour moins de 10 % de pda
Malgré un Guillaume Pley qui se félicitait jeudi encore de téléspectateurs « de plus en plus nombreux [...] à nous rejoindre chaque semaine », c'est la chute pour Rising Star qui a presque divisé son audience par deux entre la première et la troisième émission (-42 %). Avec un démarrage à 3,76 millions de téléspectateurs (16,9 % de part d'audience), le second opus accusait une perte de plus d'un million (2,68 millions, 11,8 % de pda), passant même derrière Des paroles et des actes à cette occasion (2,81 millions, 13,1 % de pda).
Hier soir, la baisse était moins importante : 500 0000 téléspectateurs de moins pour un total à 2,18 millions et seulement 9,8 % de pda. TF1 (Crossing Lines), France 2 (Envoyé spécial) et France 3 (Les rivières pourpres) étaient ainsi devant M6 avec respectivement 19,7 %, 13,8 % et 10,3 % de part d'audience.
Un dispositif rapidement adapté, la grosse artillerie sortie... mais cela n'a pas été suffisant
Pourtant, il y a bien une chose que l'on ne peut pas reprocher aux équipes de M6 : ne pas avoir été à l'écoute. Après un premier numéro critiqué sur de nombreux points (voir notre analyse), le second était bien plus rythmé, avec un peu plus de chanteurs (9, puis 11, puis 10), alors que Cathy Guetta se retenait visiblement de pleurer constamment. Même si les instants « Confessions intimes » restent un marqueur important (et déplaisant) jusque dans le troisième opus, les choses ont évolué dans le bon sens.
M6 avait d'ailleurs mis toutes les chances de son côté jeudi soir avec l'intervention en fin d'émission de la fille de Ray Charles, Sheila Raye Charles, rien de moins. Un passage survendu en amont et tout au long du show, qui a été judicieusement placé en avant dernière position, mais qui était aussi détonant qu'annoncé. Il en était de même avec le passage de Mr Huu, Youtubeur aux 12,7 millions de vues qui compte actuellement un peu plus de 50 000 abonnés, qui avait bien entendu relayé son passage dans l'émission. Mais voilà, la tendance amorcée la semaine précédente et l'animation des réseaux sociaux par la chaîne ou ses partenaires tels que RED de SFR n'auront pas été sufisants.
Rising Star en France : un premier bilan va devoir être tiré
C'est donc assez logiquement que des questions vont commencer à se poser sur les responsabilités, surtout si la baisse perdure. Avec une part d'audience sous les 10 %, la question du raccourcissement de l'émission (comme en Allemagne) ou de sa déprogrammation (comme en Russie) se pose déjà pour certains, même si la seconde solution ne devrait pas être celle retenue. Mais il reste encore un très grand nombre de numéros de prévus : plusieurs semaines avant les duels qui seront l'étape nécessaire avant d'atteindre la finale. Autant de sujets sur lesquels M6 semble ne pas vouloir s'exprimer pour le moment, attendant sans doute les audiences de la semaine prochaine pour faire un choix.
Les experts et les animateurs n'étaient-ils pas à la hauteur ou pas assez fédérateurs, ou est-ce tout simplement le dispositif qui n'a pas séduit ? Si l'émission a pu générer plus de 3 millions de votes pour la première, pour 9 chanteurs, le nombre de votants reste limité et sans commune mesure avec le nombre de téléspectateurs, qui sont sans doute une minorité à jouer le jeu. Un point difficile à vérifier, M6 ne livrant aucun chiffre. D'ailleurs, si le premier score a rapidement été communiqué, il n'en a pas été de même pour ceux des deux numéros suivants. Impossible donc de connaître la tendance.
Erwann Gaucher de France Télévisions, livrait de son côté quelques chiffres issus de Mesagraph (qui appartient à Twitter) à l'occasion de la seconde semaine. Il évoquait alors la proximité des scores en terme de tweets avec Des paroles et des actes qui était juste sous Rising Star (alors que les audiences TV étaient inversées) :
#Risingstar : 59 000 tweets #DPDA : 57 000 tweets Merci pour vos réactions, vos tweets, rendez-vous en novembre pic.twitter.com/KvrwQVVnwy
— Erwann Gaucher (@egaucher) 3 Octobre 2014
Dispositifs sociaux : le public est-il prêt ? Sont-ils si efficaces ?
SatMag, qui diffuse chaque jour l'audience des chaînes et son Tweetomètre, basé sur les relevés de Seevibes, indique néanmoins que l'on est passé de 176 665 tweets pour la première émission, contre seulement 61 487 et 43 403 tweets pour les deux épisodes suivants. De quoi être systématiquement en tête, souvent de loin, mais l'on est encore loin du nombre de personnes que la TV est capable de placer au fond de leur canapé. Notez que la moyenne par utilisateur était passée à l'occasion d'un peu plus de 3 fin septembre à 2,5 environ pour les deux numéros d'octobre.
On voit donc surtout ici que les dispositifs sociaux sont un bon moyen d'engager une audience et de fédérer une communauté, mais que leur intrication avec le programme ne constitue pas en soi un levier suffisant pour assurer de bonnes audiences. La Social TV ne serait ainsi pour le moment qu'un bon compagnon d'une émission, capable de lui ajouter du peps sans pour autant la révolutionner. Mais sans de réelles qualités intrinsèques et une colonne vertébrale solide, même une machine de guerre du niveau de Rising Star ne peut convaincre que sur sa seule possibilité de voter gratuitement depuis un smartphone ou une tablette.