« Dégooglisons Internet », la nouvelle campagne de Framasoft

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Internet 5 min
« Dégooglisons Internet », la nouvelle campagne de Framasoft

Framasoft vient de lancer un projet très ambitieux : « Dégooglisons Internet ». Il cherche à dresser une liste des outils les plus couramment utilisés afin d’en proposer des équivalents libres, gratuits, sécurisés et respectant la vie privée des utilisateurs.

Nettoyer Internet des géants américains

« Nous sommes en 2014 après Jésus-Christ. Toute la toile est occupée par des services centralisés... Toute ? Non ! Une communauté peuplée d'irréductibles libristes résiste encore et toujours à l'envahisseur. Et la vie n'est pas facile pour les garnisons des camps retranchés de Fermentum, Centralisum, Espionnum et Privatum... » C'est par cette introduction inspirée d'Asterix que l’association Framasoft, qui propose un ensemble d’outils et de services libres, se lance dans une grande offensive qui vise avant tout Google, mais pas seulement.

 

Qu’il s’agisse de l’empereur des moteurs de recherche et de ses services associés, de leurs équivalents chez Microsoft, de WhatsApp, de Skype, d’Amazon ou même d’Apple, l’association française vise avant tout ce qu’elle considère comme une dangereuse dérive de la centralisation des informations et des outils.

 

Pour Framasoft, le problème principal est que les « utilisateurs de ces services ne contrôlent plus leur vie numérique ». La structure reproche à ces entreprises de « disséquer » le comportement des utilisateurs afin de mieux en exploiter la substantifique moelle. La finalité ? Elle est double : alimenter les algorithmes de ciblage pour les publicités et fournir un flux constant aux agences de surveillance pour remplir leurs bases de données.

 

Voilà pourquoi Framasoft a passé les trois dernières années à mettre en place un nombre croissant de logiciels et de services qui sont désormais réunis en une longue liste comparative. L’objectif est simple : pour chaque service célèbre dans une catégorie, on retrouve un équivalent maison.

Des services à venir sur les trois prochaines années 

Voici quelques exemples :

Dans le courant de l’année prochaine, Framasoft proposera d’autres solutions. Par exemple, Framatalk pour Skype, Framadrive pour Dropbox. En 2016, ce sera au tour de Scribd d’être visé avec Framaxxx (PDFy) ou encore Twitter avec Framatweet (Twister).

 

Et puisque Framasoft a besoin de moyens pour embaucher des développeurs permanents et répondre ainsi aux exigences posées par un programme s’étalant sur trois ans, des objectifs chiffrés accompagnent chaque année. L’association doit ainsi trouver encore 35 000 euros pour les trois permanents actuels, mais le budget s’élèvera à 70 000 euros pour passer à cinq personnes l’année prochaine, 130 000 euros en 2016 pour huit permanents, et enfin 180 000 euros pour onze permanents en 2017. C’est d’ailleurs durant cette dernière année que l’association s’attaquera à de gros produits, notamment Gmail avec Framamail (Caliop) et Evernote avec Framanotes (Laverna).

De nombreuses difficultés à affronter... 

Ce que propose Framasoft, c’est en fait une vision unifiée des services sous l’égide d’une seule bannière. Car les produits libres existent depuis longtemps, mais comme nous l’avons répété à plusieurs reprises, les efforts ont tendance à s’éparpiller dans de nombreuses directions. Philippe Scoffoni, directeur associé d’Open-DSI, indiquait ainsi hier sur son blog que la plupart des outils existent depuis longtemps et regrette surtout la simple volonté de remplacer plutôt que de prendre un temps d'avance. D’ailleurs, certaines grandes entreprises ont utilisé de tels outils pour concevoir leurs propres services, notamment Google et Facebook. Pour lui, il faut néanmoins encourager cette initiative, mais pas uniquement du côté des particuliers.

 

Car ce sera là l’une des plus grosses difficultés de cet ambitieux plan de bataille : parvenir à toucher l’entreprise. Le monde professionnel se dirige en effet graduellement vers des solutions centralisées telles qu’Office 365 de Microsoft. Pour un tarif qu’il est souvent difficile de combattre, tant les moyens sont en conséquence, elles proposent aux sociétés de s’occuper de tout, y compris de l’infogérance. Des services qui sont en outre accompagnés d’une garantie de haute disponibilité (99,99 %) et qui permettent aux responsables informatiques de ne plus se préoccuper d'une bonne partie de la maintenance.

 

Mais pour Framasoft, la question n’est pas uniquement technique : il s’agit de confiance. L'association indique ainsi : « L'exploitation, la surveillance, la censure et l'appropriation des données sont des valeurs que nous refusons au profit de la transparence (la probité), de l'exposition claire des conditions d'utilisation des services, et du refus des discriminations. Framasoft s'engage à ne pas exploiter les données des utilisateurs de ses services, et à promouvoir un Web ouvert et équitable ». Il est donc urgent selon son équipe de réduire notre dépendance aux ténors du « Cloud », et ce ne sont pas les multiples révélations d’Edward Snowden qui ont modifié ce constat.

... dont l'inertie des utilisateurs 

Il faudra dans tous les cas que Framasoft s’arme de patience. La mission que l’association s’est lancée ne sera pas simple car elle va s’opposer à une force que les habitués de l’environnement informatique connaissent bien : l’inertie. L’écrasante majorité des utilisateurs se sert depuis des années d’un outil pour accomplir certaines tâches et l’ordinateur est dans la même catégorie qu’un lave-linge ou un aspirateur : il a été acheté dans un but précis. Il réclame une période d’apprentissage et les habitudes viennent vite. Or, casser ces habitudes ne se fait pas sans douleur, comme Microsoft l’a appris à ses dépens avec la sortie de Windows 8. Il faut donc proposer une contrepartie, et toute la question se résume d’ailleurs à ça : le respect de la vie privée, la liberté, l’éthique et la décentralisation seront-ils des arguments suffisants pour quitter le confort du quotidien ?

 

En attendant, Framasoft en appelle aux bonnes volontés. L’association est financée en partie par des dons et continue donc à en avoir besoin. Mais elle cherche également des développeurs, graphistes, ergonomes, administrateurs système et autres pour participer à l’amélioration de ses produits.

 

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