Le gouvernement envisage-t-il de créer une nouvelle série au baccalauréat général, centrée vers les nouvelles technologies et qui s’intitulerait « Humanités numériques » ? C’est la question très sérieuse que vient de poser un député, s’appuyant sur de récentes propositions du Conseil national du numérique.
Vendredi dernier, le Conseil national du numérique (CNNum) a dévoilé un rapport consacré à l’école au sens large - primaire, collège et lycée. Intitulé « Jules Ferry 3.0 - Bâtir une école créative et juste dans un monde numérique », ce volumineux document tente de poser des pistes « pour redonner du sens à l'École dans la transition numérique ». En clair, les membres de l’institution ont cherché pendant près d’un an à voir comment les nouvelles technologies pouvaient aider l’Éducation nationale à éviter le bonnet d’âne, notamment en matière de réussite scolaire.
Ce rapport, fort de 40 recommandations, a manifestement intéressé le député Jean-Louis Bricout. Hier, cet élu socialiste a demandé à la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, les suites qu’elle entendait donner à l’une des propositions phares du CNNum : l’instauration d’un baccalauréat général « Humanités numériques ».
Le CNNum propose un nouveau bac « Humanités numériques »
De quoi s’agit-il ? L’institution préconise la mise en place d’une nouvelle filière, HN, qui côtoierait donc les traditionnelles séries S, ES et L. « Son but est de revisiter les humanités dans toutes leur richesse et leur modernité, en s’appuyant sur les sciences et techniques du numérique » explique le CNNum. De fait, ce bac se voudrait très général et toutes les matières classiques y seraient étudiées : maths, français, physique-chimie, histoire-géo, philosophie, SVT, économie, langues vivantes... Des cours d’informatique seraient également de la partie, afin d’enseigner aux lycéens la programmation et d’autres aspects relatifs aux machines, à l’information, à la pensée algorithmique, etc.
La véritable innovation réside en fait dans les méthodes pédagogiques : « Plutôt que d’enfermer les enseignants dans des programmes ou des méthodes d’enseignement précis, préformatés, des objectifs généraux sont donnés et une grande liberté leur est laissée » recommandent ainsi les auteurs du rapport. L’objectif consisterait pour les enseignants à « apprendre à apprendre, apprendre à résoudre des problèmes, dans un environnement reconfiguré par les savoirs et les techniques numériques ». Le CNNum espère ainsi promouvoir l’esprit d’entreprise, le travail collaboratif, l’émancipation des élèves...
La question de la programmation à nouveau sur la table
Alors que l’institution plaide pour une mise en place rapide (mais progressive) d’une telle filière, notamment via des expérimentations, le député Bricout explique au travers d’une question écrite qu’il souhaite recueillir l’avis de la ministre de l’Éducation « et, dans le cas où elle accueillerait ses mesures positivement, il lui demande de bien vouloir lui indiquer quel pourrait être l'horizon de mise en oeuvre de cette réforme ».
L’élu socialiste demande également au travers d’une seconde question écrite à connaître la position de Najat Vallaud-Belkacem sur une autre proposition du CNNum : dispenser aux élèves de troisième, dans le cadre du cours de technologie, un enseignement annuel d’informatique « centré sur la programmation et de l’algorithmique ».
En attendant la réponse de la ministre, rappelons que celle-ci s’est placée le mois dernier dans les pas de son prédécesseur, Benoît Hamon. « Nous souhaitons introduire une initiation à la programmation informatique pour les enfants, pour les élèves » a ainsi affirmé la benjamine du gouvernement devant l’Assemblée nationale, même si les modalités de mise en œuvre d’un tel engagement semblent encore bien vagues (pour en savoir plus, voir notre article).