Sale temps pour Apple. Alors que la mise à jour 8.0.1 pour iOS a quelque peu échaudé les possesseurs d’iPhone 6 et 6 Plus, ces derniers sont pris dans la tourmente du « BendGate » : ils peuvent se plier s’ils se trouvent dans la poche d’un pantalon par exemple. Apple a voulu montrer que ses tests de résistance étaient rigoureux.
Des iPhone 6 Plus qui se plient dans la poche
Il ne s’agit que de la deuxième fois de son histoire qu’Apple ouvre les portes de ses laboratoires. Car en dehors de ce problème d'iPhone 6 Plus tordu, le seul problème ayant eu une portée similaire reste « l’antennagate ». Rappelons en effet que les iPhone 4 étaient victimes d’un souci particulier : en fonction de la manière dont il était tenu, l’antenne ne fonctionnait plus à cause d’un faux contact entre les parties métalliques.
Apple fait donc face à la même question que pour la mise à jour 8.0.1 d’iOS : comment un problème pareil a-t-il pu passer inaperçu ? Du coup, pas question pour Cupertino de laisser flotter l’idée qu’il n’y a pas de tests pour détecter ce genre de cas. Plusieurs journalistes, dont Lauren Goode du site Re/code, ont donc été conviés à visiter les laboratoires pour découvrir quel genre de traitements est réservé à un produit avant sa commercialisation.
Apple ouvre les portes de ses laboratoires de tests...
Apple applique par exemple plusieurs tests de type « sit » qui consistent à simuler un utilisateur qui s’assoit, soit directement sur son appareil, soit avec un appareil en poche sur une surface dure et selon un angle particulier. La plupart des machines disposent d’une presse qui, par l’intermédiaire d’une surface plate ou arrondie, va exercer une pression sur l’iPhone. Il existe même un test pour simuler un utilisateur ayant un appareil dans la poche arrière et s’asseyant sur une surface moelleuse, de type matelas.
Vient ensuite le test à trois points de pression, qui semble être celui qui concerne le plus ceux qui ont rencontré des soucis de « pliure ». L’iPhone est posé à cheval entre deux barres, tandis qu’une troisième vient appuyer l’autre côté au centre. Selon Apple, une pression de 25 kg est appliquée de cette manière dans un sens, puis dans l’autre, mais l’appareil est sensé pouvoir en supporter davantage. La journaliste, surprise de constater que certains iPhone se pliaient puis reprenaient leur forme originale, a demandé à la firme pourquoi des photos et des vidéos montraient des appareils qui restaient pliés. Apple a simplement répondu que dans ces cas, la force exercée avait dépassé un seuil critique.
Deux autres tests terminent la série. Le premier consiste à appliquer un poids de 10 kg en un point précis et central du téléphone. L’autre permet à un appareil d’être saisi par ses quatre angles et d’être tordu dans tous les sens. Lauren Good précise cependant qu’Apple n’a pas donné beaucoup d’informations sur ce dernier tests, notamment la force exercée et combien l’iPhone 6 Plus pouvait en absorber.
... et après ?
Évidemment, Apple espère prouver la rigueur de ses tests. La firme ajoute que la coque est faite d’un aluminium haut-de-gamme, que la vitre de protection est la « plus solide de l’industrie » et que les inserts sont faits d’acier inoxydable et de titane. Par ailleurs, Phil Schiller, vice-président du marketing mondial, a indiqué qu’Apple n’avait reçu en tout et pour tout que neuf rapports sur des iPhone 6 Plus pliés au point de ne pas pouvoir reprendre leur forme initiale.
Au final, si Apple montre bien que des tests poussés ont lieu sur ces appareils, il est difficile de savoir s’ils sont plus rigoureux que ceux pratiqués ailleurs. Comme l’indique Lauren Goode en effet, les autres constructeurs n’ouvrent pas non plus facilement leurs laboratoires de tests. Par ailleurs, ceux dont l’iPhone 6 Plus est tordu ne seront pas pour autant consolés, car un tel degré de pliure n’est pas considéré par le constructeur comme un défaut de conception.
Reste que le fait de convier des journalistes (CNBC, Re/code ou The Verge) dans ce contexte reste avant tout une opération de communication qui fait office de contre-feu : Apple veut montrer que tout a été fait en amont pour contrôler la solidité. Ce qui se dessine en filigrane est du coup évident : si les utilisateurs tordent leur iPhone 6 Plus, c'est qu'ils n'en ont vraiment pas pris soin. Et surtout, Apple ne répond pas à la question de savoir s'il y a eu un éventuel défaut de conception sur une série en particulier lors de la production.
Par ailleurs, la société a bien expliqué à The Verge que l'iPhone 6 avait été prêté à des centaines d'employés pour qu'ils le transportent notamment dans leur poche. Aucun problème particulier n'avait été détecté, mais une question mérite d'être posée : un fonctionnement intensif dégageant de la chaleur pourrait-il être vecteur de pliure facilitée ? Les cas détectés pourraient être alors la somme de plusieurs facteurs mis bout à bout, ce qui est difficile à détecter en laboratoire.
Pour l'instant, le problème n'est pas reconnu comme une faute de la firme et les clients devront passer par un examen au cas par cas dans un centre de réparation agréé ou dans un Apple Store. On peut se demander si, en cas d'augmentation du nombre de retours constatés, le géant à la pomme ne pourrait pas, à terme, changer d'optique. Comme ce fut le cas du temps des fameux capteurs d'humidité trop sensibles.