Une adolescente de quinze ans vient d’être mise en examen pour avoir violenté une jeune femme, légèrement handicapée mentale, dans un parc public. L’agression, commise en réunion, a été filmée par une complice puis diffusée sur Internet, ce qui pourrait être constitutif d'une infraction à part entière.
La vidéo dure un peu plus de deux minutes et demie. Manifestement réalisée à l’aide d’un téléphone portable, on y voit un groupe de jeunes, essentiellement composé de filles, s’approcher d’une jeune femme assise tranquillement sur un banc du parc de la Pépinière, à Nancy. La victime est alors prise à partie, humiliée et menacée par une des adolescentes, qui lui ordonne notamment de se lever. Au bout d’un moment, elle finit par céder. Celle qui apparaît ainsi comme la meneuse lui donne alors plusieurs gifles, allant même jusqu’à la repousser sur le banc, avant que la victime prenne la fuite.
La vidéo de cette agression, qui a en fait eu lieu le 10 septembre dernier selon L’Est Républicain, s’est ensuite retrouvée sur Facebook, avant de se répandre sur le Web – et notamment sur YouTube. Nos confrères expliquent que saisis d’une plainte, les policiers de Nancy ont réussi à identifier quatre suspectes, qui se sont retrouvées en garde à vue à partir de vendredi. Une est tout juste majeure, et les trois autres sont âgées de 15 à 17 ans.
L'enregistrement et la diffusion de vidéos d' « happy slapping »
Résultat, l’auteure présumée des gifles, qui aurait 15 ans, a été mise en examen dimanche soir par le juge des enfants de Nancy. Elle devra répondre de violences aggravées en réunion, et ce à l’encontre d’une personne vulnérable puisque la victime était atteinte d’un léger handicap mental. En attendant sa comparution devant un tribunal pour enfants, l’adolescente a été remise à ses parents et placée sous contrôle éducatif.
Quant à ses trois complices présumées, elles ont été libérées samedi soir mais « seront ultérieurement convoquées devant un juge » rapporte encore une fois L’Est Républicain. Si les accusations pesant à leur encontre ne sont pas précisément connues, il est possible qu’au moins l’une d’entre elles relève de l’enregistrement de la vidéo de cette agression. Depuis 2007, « le fait d'enregistrer sciemment, par quelque moyen que ce soit, sur tout support que ce soit, des images relatives à la commission [d’atteintes volontaires à l’intégrité de la personne, dont les violences en réunion, ndlr] », est constitutif selon le Code pénal d'un acte de complicité de telles infractions. Et en tant que complice, la personne qui filme devient mécaniquement éligible aux mêmes peines que l’auteur direct. Une couche de sanctions supplémentaires est même prévue pour toute diffusion d'un tel enregistrement : jusqu'à 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende.
Mais dans la pratique, les juges se montrent souvent plus indulgents envers ceux qui filment. L’année dernière, le tribunal correctionnel de Narbonne a par exemple condamné deux hommes à de la prison, tandis que la jeune femme ayant filmé la scène litigieuse a quant à elle écopé d’heures de travaux d’intérêt général (voir notre article).
L'appel au calme des autorités
En attendant d’en savoir plus sur le cheminement juridique de cette affaire, la police nationale a lancé dimanche soir un appel au calme sur les réseaux sociaux. Certains internautes s’en prenaient vigoureusement à l’auteure présumée de l’agression, allant jusqu'à diffuser son nom et d'autres données personnelles. « Par respect pour la victime, il est important de ne pas diffuser la vidéo et il est maintenant inutile de nous la signaler. Les enquêteurs ont remarqué la création de faux comptes au nom de l'agresseur sur Facebook et Twitter, celle-ci étant actuellement dans nos locaux, il lui est impossible d'interagir sur les réseaux sociaux. Afin de ne pas compliquer le travail d'enquête des policiers de Nancy, nous appelons à l'apaisement et nous vous remercions pour votre vigilance sur le web. »