Airbnb, la fameuse plateforme permettant aux particuliers de louer ou sous-louer leur logement, a de nombreux ennemis aux États-Unis. Le conflit est tel que depuis une dizaine de jours, une campagne web virulente pointe du doigt les fausses déclarations des utilisateurs, qu'ils soient loueurs et locataires.
« La prostitution n'est pas autorisée »
Lancé il y a désormais six ans, Airbnb bouleverse le marché des hôteliers et de toutes les entreprises proposant des chambres et des logements. Il faut dire qu'en permettant facilement aux particuliers de louer leur habitation, les prix peuvent être très agressifs. Mais si de plus en plus de pays dans le monde tentent d'encadrer ce type d'activité (dont la France), aux États-Unis, et en particulier dans l'État de New York, l'opposition à Airbnb n'a jamais été aussi vive.
Il y a quelques jours, des dizaines d'élus (sénateurs, membre du conseil, etc.), d'organisations et d'associations, formées en partie d'hôteliers, ont ainsi lancé ShareBetter.org. Ce site, au contenu explicite, liste notamment les pires expériences vécues par les utilisateurs de Airbnb. Sélectionnés dans la presse et des sites de partages d'informations (type Reddit), certains passages sur les déboires des membres du site sont délicieux. L'un d'entre eux, un propriétaire ayant eu une bien mauvaise surprise, expliquait par exemple il y a deux ans :
« J'ai toujours vu Airbnb comme une grande entreprise et une belle idée, et je n'ai jamais pensé que quelque chose comme cela se produise... Maintenant, je vais réfléchir à deux fois avant de louer mon logement... ou mettre en place un panneau... La prostitution n'est pas autorisée. »
« Ils aggravent la crise du logement dans nos quartiers »
Afin de frapper les esprits et résumer l'idée de ShareBetter, une vidéo a été financée. On y retrouve des expériences plus ou moins mauvaises de clients du site, que ce soit vis-à-vis de la qualité du logement, du voisinage, etc.
Sur le site ShareBetter, les créateurs new-yorkais à l'origine de cette campagne expliquent que les sites comme Airbnb « sont loin d'être des services sans danger où les habitants de New York peuvent partager leurs maisons avec des invités, Airbnb permet aux locataires de New York d'enfreindre la loi et potentiellement de violer leurs baux, ils aggravent la crise du logement dans nos quartiers, et ils posent des problèmes de sécurité publique graves pour les clients et les hôtes de Airbnb, ainsi qu'à leurs voisins ».
Cette campagne a été vivement relayée par la presse américaine, avec plusieurs articles sur le le Wall Street Journal, CNBC, Huffington Post, International Business Times, CBS News, etc. La presse étrangère a elle aussi repris massivement cette actualité. Les médias sont d'ailleurs très utilisés par les créateurs de ShareBetter.org. Outre y puiser les mauvaises expériences des utilisateurs, une partie du site référence un grand nombre d'articles critiquant Airbnb, peu importe le sujet. On retrouve ainsi de multiples papiers du New York Daily News, du Wall Street Journal, du Washington Post, du Queens Tribune ou encore du New York Times, ceci du 21 avril 2014 à ce jour.
Interrogé par CBC New York, Airbnb a indiqué que ses activités n'avaient rien d'illégal et que plus de 400 000 personnes ont été hébergées à New York via ses services l'an passé. Le maire de New York, Bill de Blasio, a pour sa part déclaré que tout sera fait pour appliquer la loi. Une loi qui interdit par exemple de sous-louer un logement plus de 30 jours en l'absence du locataire initial.