Alors que l'exécutif planche sur un nouveau plan pour le numérique à l'école, un député de l’opposition vient de déposer une proposition de loi visant à rendre obligatoire les espaces numériques de travail (ENT) au sein des écoles françaises. L’élu souhaite que tous les élèves, à partir du CE2, puissent profiter de ces outils qui permettent habituellement d’accéder à des ressources pédagogiques en ligne, à des agendas, etc.
À l’ère du numérique, expose d’entrée le député Morel-A-L'Huissier, il est aujourd’hui indispensable « de prendre les mesures nécessaires pour épargner le dos de nos enfants ». L’élu reprend ainsi une plainte bien connue des réunions de parents d’élèves : le poids des cartables, remplis des fournitures et manuels scolaires, est bien trop lourd pour nos têtes blondes.
Sa solution ? Obliger les écoles à offrir à tous les élèves de France, à partir du CE2, un espace numérique de travail. « Un ENT permet de consulter l’agenda de la classe en ligne, d’accéder à des livres et des manuels numériques, d’écouter des bandes-sons facilitant l’apprentissage des leçons mais aussi d’exposer des comptes rendus de leurs activités au sein de l’école » explique le parlementaire au travers d’une proposition de loi déposée la semaine dernière devant l’Assemblée nationale. Selon lui, « la mise en place de cet outil dans divers établissements français a jusqu’à présent fait ses preuves, aussi bien auprès des élèves que des enseignants et des parents, puisqu’il donne la possibilité de développer ses sources d’apprentissages, tout en allégeant le poids des cartables et en améliorant les compétences informatiques des enfants ».
Dans le même ordre d’idée, Pierre Morel-A-L'Huissier voudrait que chaque classe puisse « bénéficier d’une version numérique gratuite pour l’achat de manuels papiers ». Une proposition qui pourrait grandement faire tiquer les industriels de l’éducation.
Un forfait de deux heures par jour pour chaque élève
Pour accéder à leur ENT depuis leur domicile, le député UMP propose d’autre part qu’un « forfait limité à deux heures par jour » soit mis à la disposition de chaque élève, ce qui pourrait représenter une quarantaine d’heures par mois environ. Pierre Morel-A-L'Huissier ne précise cependant pas les modalités d’une telle proposition, tant quant à sa mise en œuvre que sur la prise en charge de son coût de fonctionnement.
S’agissant des enfants dont les parents ont des revenus modestes, le parlementaire avait également une autre idée dans son cartable : « À partir du CE2 et selon les revenus familiaux, un ordinateur portable doit pouvoir être prêté, aux familles qui n’en possèdent pas » prévoit ainsi l’article 3 de sa proposition de loi.
Mais au final, ce texte s’avère extrêmement imprécis et mal ficelé sur un plan juridique. L’élu n’a même pas pris la peine d’indiquer quel code il souhaitait modifier afin d’intégrer ces nouvelles dispositions... De toute évidence, il s’agit d’une proposition de loi visant simplement à afficher une position, d’autant qu’il est difficile pour les députés de l’opposition de trouver une niche permettant la discussion d’un texte.
Un déploiement progressif des ENT dans les établissements scolaires
Mais où en est-on s’agissant du déploiement des ENT dans les écoles françaises ? Un point d’étape effectué en octobre 2013 par le ministère de l’Éducation nationale indiquait que « toutes les académies sont engagées dans au moins un projet d'ENT, à des stades différents (généralisation, expérimentation ou encore étude préalable) ». Cependant, ce mouvement concerne avant tout les collèges et les lycées, et non pas les écoles primaires – comme le voudrait le député Morel-A-L'Huissier. Selon l’exécutif, seuls 4 000 collèges et lycées disposent ainsi d'un ENT aujourd’hui, lequel contient en principe différents outils pédagogiques, de vie scolaire (notes, absences, emplois du temps,...) et de communication avec les parents.
