News Corp écrit à Almunia et critique « la puissance écrasante de Google »

Quand le géant critique l'ogre
Internet 4 min
News Corp écrit à Almunia et critique « la puissance écrasante de Google »
Crédits : Carlos Luna (lice ce CC BY 2.0)

Depuis plusieurs années maintenant, le groupe de presse News Corp (Wall Street Journal, The Sun, etc.) s'en prend régulièrement à Google. Cette semaine, la firme va plus loin en publiant sur son site officiel une lettre envoyée au commissaire à la concurrence de l'Europe. Une lettre aux contenus très explicites envers Google.

Pire que la NSA

Le groupe de médias News Corp appartient au milliardaire australo-américain Rupert Murdoch. Il fait surtout parti des groupes les plus puissants au monde dans le secteur de la presse. Il détient ainsi des journaux majeurs comme le Sun, le Wall Street Journal, le New York Post, The Times, sans compter ses liens avec la 20th Century Fox et la chaîne de télévision Fox. Le poids de News Corp est donc non négligeable.

 

Quand son patron Rupert Murdoch parle ou publie son avis, cela crée généralement une onde de choc. Il y a déjà deux ans, en pleine guerre SOPA/PIPA outre-Atlantique, le milliardaire s'en était vertement pris à Google via son compte Twitter, accusant le géant de la recherche en ligne (anti SOPA/PIPA) d'être de mauvaise foi dans ce débat, comme le tweet ci-dessous l'illustre bien.

 

 

Outre l'accuser d'être le leader des « pirates » sur Internet, Murdoch, les jours suivants, a continué son offensive anti-Google (ici et ). Plus récemment, le 17 août dernier, le milliardaire, toujours aussi modéré, n'a pas hésité à faire un parallèle entre la NSA et Google.

 

 

Un mois plus tard, son groupe News Corp donc a rajouté une banderille en dévoilant publiquement une lettre envoyée le 8 septembre dernier à Joaquin Almunia, Commissaire à la concurrence à Bruxelles pour le compte de la Commission européenne. Ce dernier doit en effet décider s'il accepte ou non les concessions et propositions faites par Google vis-à-vis des accusations d'abus de position dominante qui pèsent sur ses épaules. Si aucun accord ne venait à être trouvé, une lourde amende pourrait toucher le moteur de recherche américain.

 

Aux dernières nouvelles, malgré un avis initialement positif sur les propositions de Google présentées en février dernier, le commissaire a finalement souhaité que l'Américain améliore ses concessions. Une nouvelle que nous avons apprise le 9 septembre dernier suite à une entrevue accordée à Bloomberg. Or le groupe News Corp indique avoir pour sa part envoyé une lettre la veille, soit le 8 septembre.

Google, une bureaucratie « méprisante de la propriété intellectuelle »

Le contenu de cette missive est des plus explicites. Rédigée par Robert Thomson, le président du groupe de médias, cette lettre note dès son introduction que revoir l'offre de Google « arrive à une période cruciale de l'histoire de la libre circulation de l'information et de la bonne santé des médias en Europe et au-delà ». Pour Thomson, ce conflit dépasse largement le cadre des médias européens et concerne « les peuples d'Europe », en particulier dans leur capacité à accéder à l'information « de façon indépendante ». Un accès « mis en danger par la puissance écrasante de Google » n'hésite-t-il pas à affirmer.

 

Pour News Corp, Google était auparavant une start-up courageuse et créative. Aujourd'hui, elle n'est devenue qu'une bureaucratie gigantesque, puissante et souvent incompréhensible, « méprisante de la propriété intellectuelle » et qui « configure ses résultats de recherche d'une manière qui est loin d'être objective ».

 

À ces propos particulièrement tranchants, News Corp rajoute qu'elle aussi n'est pas une petite entreprise, mais que ses contenus sont vulnérables face à Google. Le groupe indique ainsi à Joaquin Almunia que le créateur de Gmail doit respecter ses droits. Son moteur de recherche ne doit ainsi pas être utilisé dans le but d'éliminer la concurrence insiste-t-il.

La « gestion cynique » de Google

Les propos virulents à l'encontre de Google ne s'arrêtent cependant pas là. Thomson rajoute que « la vision brillante des fondateurs de Google a été remplacée par une gestion cynique », dont le seul objectif est de livrer les données personnelles de ses utilisateurs aux annonceurs, tout en devenant une plateforme rêvée pour le téléchargement illégal et les réseaux malveillants. Des propos qui nous rappellent que News Corp est en faveur d'une censure complète des sites et services où les contenus illégaux transitent parfois. Robert Thomson pointe d'ailleurs du doigt le manque de volonté du moteur de recherche de respecter les droits fondamentaux à la propriété, « même si elle en a clairement la capacité ».

 

News Corp accuse ainsi le site de modifier sciemment les résultats de son moteur de recherche, ceci afin de maximiser ses revenus et « punir les petites entreprises qui sont devenues dépendantes de Google pour leur subsistance ».

 

Enfin, le président du groupe de médias indique qu'un accord sur cinq ans entre la Commission européenne et Google serait une erreur. Il estime ainsi qu'une telle durée est une éternité sur Internet. « Pratiquement tous les journaux en Europe sont en proie à des bouleversements, et certains ne n'existeront sûrement pas dans cinq ans, en partie à cause de leur mauvaise stratégie et manque de leadership », mais aussi par la faute de Google qui tente de capter l'audience des médias tout en cassant les prix publicitaires, « sapant ainsi le modèle d'affaires du créateur de contenu ».

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