Tandis que son groupe Iliad tente coûte que coûte de trouver des partenaires pour croquer T-Mobile US, Xavier Niel, avec ses fonds personnels, pourrait poser un pied en Allemagne, a indiqué cette semaine Thomas Reynaud, le directeur financier du groupe.
Après Monaco, l'Allemagne ?
À ce jour, Iliad, la maison-mère de Free, est une entreprise évoluant à 100 % en France. Elle ne dispose pour le moment d'aucune filiale à l'étranger, même petite, si l'on met de côté Total Call, son centre d'appel basé au Maroc. De son côté, Xavier Niel, le fondateur de Free, n'hésite pas à investir à l'étranger, notamment dans le domaine des télécommunications. Sa dernière acquisition, en avril dernier, a ainsi été Monaco Télécom, société qui n'est d'ailleurs pas présente que sur le Rocher mais aussi dans d'autres territoires du monde (notamment l'Asie et l'Afrique).
Dans le passé, il a aussi investi en Israël dans Golan Telecom, opérateur fondé par son ancien directeur général Michaël Boukobza, aujourd'hui appelé Michaël Golan. Rappelons aussi qu'il y a trois ans, le milliardaire a tenté (en vain) de croquer la division suisse d'Orange, alors en vente.
Cette fois, l'homme d'affaires pourrait donc se tourner vers l'Allemagne. D'après Thomas Reynaud, le directeur financier d'Iliad, « Xavier Niel peut avoir un intérêt pour le marché allemand ». À l'instar des États-Unis, les forfaits en Allemagne sont onéreux et les marges de manœuvre pour baisser les prix sont importantes. Compte-t-il créer un opérateur ou en racheter un ? Si tel est le cas, il devrait se tourner vers un opérateur virtuel.
Conséquence de la fusion O2 / E-Plus
En effet, selon BFM Business, le directeur financier d'Iliad a précisé que l'objectif était de gérer un MVNO en Allemagne. Pourquoi maintenant ? Tout simplement parce que O2, la filiale allemande de l'Espagnol Telefonica, a récemment racheté E-Plus, filiale allemande du Néerlandais KPN, créant ainsi un géant à plus de 42 millions de clients pour 30 % de parts de marché.
Or la Commission européenne, qui s'est intéressée de près à cette acquisition, a autorisé ce rachat, mais uniquement si des concessions étaient faites aux opérateurs virtuels. 30 % du réseau combiné de la fusion devront notamment être reversés à trois MVNO maximum. L'opération débutera d'ici peu, l'objectif étant de relancer la concurrence dans un marché plus concentré. Si Xavier Niel souhaite investir en Allemagne, il ne devra donc pas tarder.
Les 30 % du réseau de la fusion qui seront reversés aux opérateurs virtuels seront négociés « contre des paiements fixes, précise la Commission européenne. La capacité est mesurée en bande passante et les ORMV (NDLR : opérateurs de réseau mobile virtuel) entrants obtiendront un « tuyau » spécial du réseau de l’entité issue de la concentration pour le trafic vocal et le trafic de données. » Bruxelles rajoute qu'il s'agit là d'un modèle « plus efficace que le modèle classique de paiement à l’utilisation que les ORMV et les prestataires de services utilisent actuellement en Allemagne, et plus généralement en Europe, selon lequel ils paient pour l’accès au réseau en fonction de l’usage qu’ils en font ».
Très dynamiques en Allemagne, les MVNO sont plus d'une centaine sur ce territoire et ils captent d'ailleurs une part très importante du marché. Le pays est surtout le plus conséquent en Europe en population et en valeur pour le secteur des télécoms. Il s'agit donc d'un marché de choix, qui, à l'instar des États-Unis, peut rapporter gros.