L'Ayatollah Naser Makarem Shirazi a jugé que l’Internet haut débit était anti-islamique et contre les standards de la moralité. Une analyse faite depuis le site internet de ce guide iranien.
Selon les propos retranscrits par IranHumanRights.org, et pointé par Slashdot, le Grand Ayatollah Nasser Makarem Shirazi, a publié l’équivalent d’une fatwa contre la 3G et l’internet à haut débit en général. Ces réseaux sont « contre la Sharia, la morale et les standards humains » a-t-il exposé sur son site, en réponse à une question posée par un prétendu groupe de cyberactivistes qui s’inquiétaient que de plus en plus de jeunes puissent accéder à des contenus « immoraux » (films, photos, etc.). Selon Shirazi, il faudrait au contraire que « les autorités judiciaires ne restent pas indifférentes face à cette question vitale. »
Conservateurs vs modérés
Cet avis émis par une personnalité religieuse intervient alors que le gouvernement veut muscler le chantier de la 3G en Iran, en accordant de nouvelles licences à des entreprises privées. 42 millions d’Iraniens, soit 55 % de la population totale utilisent internet, rapporte encore IranHumanRIghts.org qui pointe que « la vitesse du réseau est une arme critique dans cette bataille et les autorités ont fréquemment ralenti les débits afin de la rendre moins utile, en privant les citoyens d’un accès nécessaire pour les usages professionnels, éducatifs ou commerciaux ».
Le parti centriste soutient au contraire le déploiement d’un réseau plus rapide. Le président Hassan Rohani déclarait par exemple en mai 2014 « nous devons voir Internet comme une opportunité. Nous devons reconnaître le droit de nos citoyens à se connecter au World Wide Web », selon les propos rapportés alors par l’agence officielle IRNA, rappelés aujourd’hui par RadioFreeEurope/RadioLiberty.
Haut débit ou réseau national d'information ?
Pour leur part, les conservateurs et les religieux craignent avant tout une perte de contrôle, analyse encore Iran Human Rights. Des pressions sont ainsi exercées de toutes parts pour inciter Mahmoud Vaezi, ministre de la Communication et des Technologies de l’information, à abandonner ses plans de déploiement du haut débit. Ceux-ci préfèreraient au contraire que les efforts se concentrent dans la poursuite du projet de l’administration Ahmadinejad, président de la République islamique d'Iran jusqu’en 2013, à savoir un «réseau national d'information » rapidement résumé en une sorte d’intranet national sous plein contrôle des autorités.
Selon RSF, qui classe le pays parmi les ennemis d'Internet pour ses réussites en matière de filtrage (Facebook, Twitter, ou encore Instagram), « le ministère de la Communication a interdit sur décret [en 2011, NDLR] l’accès au haut-débit (limité à 520 kb/s) aux foyers et cybercafés. La vitesse des connexions individuelles en Iran ne dépasse pas 128 kb/s. Cet obstacle technique limite la capacité des internautes à télécharger photos et vidéos.»