SFR vient de porter plainte contre Free devant le tribunal de commerce de Paris. La filiale de Vivendi réclame de son concurrent des dizaines de millions d’euros de dommages et intérêts pour concurrence déloyale et plus spécialement pour dénigrement.
L’annonce de l’offre de Free Mobile par Xavier Niel, en janvier 2012, continue à susciter des vagues auprès de la concurrence, révèle BFMTV. On se souvient qu’à l’époque, le numéro un de Free n’avait pas été tendre avec les autres opérateurs. Il traitait leurs clients de « pigeons », évoquant une « arnaque », un « racket », une « escroquerie » de ces offres.
Pour ces faits, Free avait été condamné à 20 millions d’euros de dommages et intérêts en février 2013, au profit de Bouygues Télécom. Cet autre dossier s’est depuis soldé par un accord amiable afin d’enterrer la hache de guerre comme l’a révélé hier notre confrère Jamal Henni.
Il est surprenant que SFR agisse deux ans après ces faits. BFMTV table sur une possible stratégie de contre-attaque pour l'opérateur : Free avait certes échoué à faire condamner la pratique des téléphones mobiles subventionnés chez SFR, mais le nouvel entrant (qui s’y est lancé également) a fait appel du jugement du tribunal de commerce. Ces fronts multiples pourraient ainsi être l'occasion de trouver un terrain d'entente, en faisant peser des arguments de poids sur chacun des plateaux de la balance.
Le coucou, le pigeon, le poussin
Mais on peut émettre une autre piste d’explication dans ce combat de coqs. Voilà peu, Free a attaqué Nicolas Chatin, le directeur de l'information de SFR. Cette procédure a débouché par la mise en examen (automatique) de ce responsable de SFR.
Pour mémoire, en novembre 2013, Les Echos faisaient état d’une lettre adressée à l’Arcep, l’Autorité de la concurrence ainsi que SFR et Bouygues. Free y exprimait son souhait de ne pas être écarté d’un projet d’accord de mutualisation. « Quand le coucou se pose en calimero » avait alors tapoté Nicolas Chatin sur son compte Twitter, une petite goutte d'acide sur le bout des doigts.
Quand le coucou se pose en calimero @LesEchos: EXCLUSIF #Free s’invite dans le partage de réseaux #Bouygues-#SFR http://t.co/mpls081IN1”
— Nicolas Chatin (@nicolaschatin) 27 Novembre 2013
Free avait alors porté plainte pour injure publique envers un particulier, devinant là une « expression outrageante, termes de mépris ou invective qui ne renferme l'imputation d'aucun fait ». Susceptibilité manifeste ? De fait, la justice avait déjà condamné Bouygues Télécom pour avoir qualifié de « coucou » la société de Xavier Niel. L’actuelle plainte de SFR peut donc s’analyser comme un coup de bec en retour, dans la volière des télécoms.