Interpellé par un député de l'opposition qui s’inquiétait de la concurrence faite aux distributeurs locaux par les vendeurs de cartes de pêche sur Internet, le secrétariat d’État à la Pêche vient de rétorquer à l’auteur de cette demande un peu insolite que le Web permettait au contraire de renforcer le lien associatif.
Le 13 mai dernier, le député Thierry Lazaro a pris sa plume pour alerter le gouvernement d’un problème absolument capital ! L’élu UMP a en effet transmis une question écrite au secrétaire d’État chargé de la Mer et de la pêche, afin de lui faire part de « l'inquiétude ressentie par certaines associations de pêche quant à la dématérialisation et la possibilité d'acheter sa carte de pêche par Internet et par voie de conséquence, au risque de suppression du format papier vendu par les dépositaires qui en résulterait ».
En clair, le parlementaire craignait que les pêcheurs, avant d’utiliser leurs cannes, soient un peu trop portés sur leurs souris, et ce au détriment de la communauté - et surtout des vendeurs de cartes de pêches, bars-tabacs en tête. « La dématérialisation éloigne les pêcheurs de leurs associations, aggravant probablement les problèmes d'effectifs et par là-même, de survie de ces associations ainsi que des dépositaires des permis de pêche, très souvent commerçants » expliquait ainsi le député du Nord.
Exemple de carte à vendre via le site Cartedepeche.fr
Face à ces « inquiétudes légitimes », le secrétaire d’État de la Pêche était invité à présenter des mesures permettant « de garantir au monde associatif qu'il ne sera pas affaibli par la mise en place de ces nouveaux dispositifs ».
Pour le gouvernement, Internet renforce au contraire le milieu associatif
Mais la réponse de l’exécutif, publiée mardi au Journal Officiel, risque de décevoir Thierry Lazaro... Le gouvernement estime en effet qu’au lieu d’éloigner les pêcheurs, Internet permet de les rapprocher ! « Grâce à l'adhésion en ligne des pêcheurs, les associations et les fédérations peuvent plus facilement communiquer aux adhérents les actions, travaux et animations qu'elles réalisent au quotidien. L'adhésion en ligne facilite également la gestion des réunions des instances statutaires. Elle ne peut par conséquent que renforcer le monde associatif de la pêche de loisir en eau douce » rétorquent ainsi les services de Frédéric Cuvillier - qui fut le même jour remplacé par Alain Vidalies au sein du gouvernement.
Le secrétariat d’État à la Pêche en profite pour expliquer que la vente de cartes de pêche n’est pas de son ressort, puisqu’elle relève de la Fédération nationale de la pêche en France et de la protection du milieu aquatique (FNPF). L’achat en ligne n'est d’ailleurs « pas obligatoire », mais simplement « une possibilité offerte aux pêcheurs. La vente par les dépositaires a été maintenue » souligne-t-on du côté de l’exécutif. Avant d’insister : « L'utilisation d'internet n'entraîne pas une dématérialisation de la carte de pêche puisque le pêcheur a l'obligation de l'imprimer et de l'avoir sur lui en action de pêche. »
Néanmoins généralisée depuis 2011 avec le soutien du ministère de l’Écologie, la vente en ligne de cartes de pêche n'a en outre « pas eu un impact économique significatif » sur les vendeurs, « pour lesquels cette activité est tout à fait marginale » affirme l'exécutif, qui soutient que plus de 70 % des adhésions se font encore par l'intermédiaire des distributeurs locaux.