La Chine lancera cet automne son propre système d’exploitation. Baptisé très simplement COS, pour China Operating System, il représente une véritable volonté nationale de désormais réduire la dépendance du pays aux produits américains. Un mouvement logique, en préparation depuis un certain temps, et qui s’inscrit dans une dynamique de révélations autour de la sécurité et de la vie privée depuis un an.
Un calendrier particulièrement évident
La Chine ne masque plus son envie de se débarrasser autant que possible des produits américains, qui dominent très largement le paysage informatique mondial. Le pays veut ainsi débarrasser ses administrations de Windows et Office, sans parler des concepteurs étrangers de solutions de sécurité, de plus en plus laissés aux frontières pour tout ce qui touche aux administrations. Le pays a été passablement échaudé par le refus de Microsoft de prolonger le support technique de Windows XP, malgré les treize ans de vie du système et un manque flagrant de prévisions des décideurs chinois.
Selon plusieurs médias chinois, notamment l’agence de presse Xinhua, le lancement d’un système d’exploitation sino-chinois est désormais imminent. Fruit de la collaboration entre l’Académie des sciences du pays et la société Liantong Digital Technology (située à Shanghai), China Operating System pourrait être présenté dans le courant du mois d’octobre.
Il s’agit d’une étape marquante dans la politique informatique d’un pays où Windows représente 95 % du parc total, et où la version XP compte pour une machine sur deux. Ce qui n’est pas sans poser d’évidentes questions de sécurité puisque le support technique est terminé depuis le 8 avril et que les failles de sécurité ne sont plus corrigées. Le premier objectif de COS est d’ailleurs avant tout les ordinateurs classiques, mais une extension vers les smartphones et les tablettes est bien prévue.
Ni Guangnan, qui dirige le travail sur COS, a confié à Telecommunications News que le système serait disponible dans deux mois et qu’une boutique d’applications serait de la partie. Il indique clairement que la « création d’un environnement » qui « permettra de concurrencer Google, Apple et Microsoft » est « la clé du succès ». Le responsable estime d’ailleurs que dans ce sens, le blocage de Windows 8 par le gouvernement est une opportunité à saisir. Une opportunité qui n’est certainement pas le fruit du hasard.
Le succès de COS pourrait exercer une très forte pression sur d'autres produits
La Chine veut favoriser ses propres entreprises tout en réduisant sa dépendance aux firmes américaines. Car si l’arrivée de COS sur les ordinateurs permettra de se débarrasser en partie de Windows (le système reste évidemment en vente pour les particuliers et les entreprises), sa présence plus tard sur les smartphones et tablettes pourrait largement faire du tort à Android, et donc à Google. Le problème pour le trio américain est que le marché chinois est si vaste qu’un succès de COS pourrait exercer une imposante pression commerciale. Et si le produit était tout simplement bon et plébiscité par les utilisateurs ?
On imagine fort bien que les administrations chinoises y passeront obligatoirement. Pour le grand public et les entreprises, les problématiques sont différentes. Car vouloir se débarrasser de Microsoft par exemple est une chose, mais proposer des alternatives en est une autre. La présence d’une boutique d’applications devrait aider, si bien entendu lesdites applications sont de qualité. Mais qu’en sera-t-il de ceux qui souhaitent simplement pouvoir utiliser l’écosystème Windows ? La question sera exactement la même sur les appareils mobiles.
Les caractéristiques de COS sont de toute façon largement inconnues à l’heure actuelle. Tout juste sait-on qu’il sera basé sur Linux, ce qui semblait évident dans l’optique d’un développement rapide sur la base d’un socle très malléable. Malheureusement, les sources de tous les développements effectués seront fermées. Rendez-vous donc en octobre pour en apprendre davantage sur ce qui pourrait être un futur poids lourd de l’industrie informatique. Quant à la version mobile, rien n’est prévu avant 2015 ou même 2016.
