Manuel Valls vient de présenter la démission de son gouvernement, suite aux attaques portées par le ministre de l’Économie, Arnaud Montebourg, contre la politique de l’exécutif. Ce remaniement pourrait entraîner de lourdes conséquences sur le numérique.
Le locataire de Matignon a présenté ce matin la démission de son gouvernement. L’actuel Premier ministre a immédiatement été reconduit dans ses fonctions, témoignant de la confiance de l’Élysée. Le président de la République lui a en effet demandé de constituer une nouvelle équipe « en cohérence avec les orientations qu'il a lui-même définies ». Ce nouveau gouvernement sera présenté mardi.
« Un ministre, ça ferme sa gueule » ou ça démissionne
« Un ministre, ça ferme sa gueule. Et si ça veut l'ouvrir, ça démissionne » disait très justement Jean-Pierre Chevènement. Or, dans un entretien au Monde, Arnaud Montebourg avait fait connaître ce week-end son souhait de « donner la priorité à la sortie de crise et faire passer au second plan la réduction dogmatique des déficits, qui nous conduit à l'austérité et au chômage ».
Ces propos ont dépassé les limites du soutenable selon l’entourage du Premier ministre. « Une ligne jaune a été franchie dans la mesure où le ministre de l'Économie ne peut pas s'exprimer dans de telles conditions sur la ligne économique du gouvernement et sur un partenaire comme l'Allemagne. »
Des effets sur le numérique et au ministère de la Culture ?
L’actuel ministre de l'Économie, qui est aussi celui du Numérique, devrait donc laisser sa place à un nouvel entrant, sauf grande surprise. Il s’agira aussi de connaître les effets telluriques de cette démission contrainte sur le ministère de l’Éducation, qui s’est rallié à Montebourg, ou encore sur le secrétariat d’État au numérique, actuellement occupé par Axelle Lemaire. Celle-ci assure en tout cas sur Twitter que « le travail continue » malgré l'avis de tempête.
Autre question : est-ce que les pronostics du Canard Enchaîné se révèleront bons à l’égard d’Aurélie Filippetti ? Les rumeurs de départ n’ont cessé de pleuvoir à son égard dans le passé. Cette fois, selon le Palmipède, plusieurs couacs pèseraient dans la balance : la gestion du dossier des intermittents, le caprice supposé de la ministre contre Fleur Pellerin à Cannes, ou un tweet contre Ségolène Royal, accusée d’être un handicap pour Hollande. Sur ce point, la ministre de la Culture a évoqué le piratage de son compte Twitter.
Si la purge du ministère de la Culture est confirmée demain, il faudra aussi en mesurer les effets sur la grande loi sur la création, celle qui était censée armer le CSA de nouvelles compétences dans la régulation du Net. Une loi sans cesse promise, sans cesse reportée dont l’indécision agace au plus haut point les ayants droit. Le numérique est en tout cas une des priorités de l'actuel gouvernement à la rentrée, alors que plusieurs textes sont en gestation au Parlement. Dans un autre sens, si ces ministres sont confirmés dans leur fonction, le remaniement apparaîtra comme une consécration politique forte.